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DOSSIER - 10 lieurs à l'essai

10 lieurs à l'essai

MARTIN CAILLON - La vigne - n°273 - mars 2015 - page 20

Dix ouvriers expérimentés ont testé pour La Vigne trois attacheurs électriques et sept manuels. Le lieur électrique Mage a fait l'unanimité pour sa simplicité d'utilisation et sa rapidité. La pince manuelle de Beli, pratique et fiable, et la pince Ligapal, increvable, ont fait bonne impression.
L'ÉQUIPE GIRONDINE (de g. à d.) : Cindy Vazquez, Monique Hautier, Jérôme Santin, cogérant d'Aquitaines-Viti-Services (AVS), et Audrey Flouret, au travail le 10 février dans une parcelle du Château Vieux Larmande, à Saint-Christophe-des-Bardes, en AOC Saint-Émilion, propriété de la SCEA Vignobles Magnaudeix. © P. ROY

L'ÉQUIPE GIRONDINE (de g. à d.) : Cindy Vazquez, Monique Hautier, Jérôme Santin, cogérant d'Aquitaines-Viti-Services (AVS), et Audrey Flouret, au travail le 10 février dans une parcelle du Château Vieux Larmande, à Saint-Christophe-des-Bardes, en AOC Saint-Émilion, propriété de la SCEA Vignobles Magnaudeix. © P. ROY

L'ÉQUIPE CHAMPENOISE (de g. à d.) : Stéphanie Bochet, Bruno Léon, Florent Lantenois, Gilmara Da Silva Rosa, Ludovic Chastang, Jessy et Francky Pruvost, employés de l'entreprise Prestations manuelles viticoles de l'Omois (PMVO), dans une parcelle des champagnes Joël Michel, à Brasles (Aisne). © C. FAIMALI

L'ÉQUIPE CHAMPENOISE (de g. à d.) : Stéphanie Bochet, Bruno Léon, Florent Lantenois, Gilmara Da Silva Rosa, Ludovic Chastang, Jessy et Francky Pruvost, employés de l'entreprise Prestations manuelles viticoles de l'Omois (PMVO), dans une parcelle des champagnes Joël Michel, à Brasles (Aisne). © C. FAIMALI

« La Ligatex marche impeccablement dans les guyots. Dans les gros bois, c'est une autre affaire. » Gilmara Da Silva Rosa, 52 ans, 8e saison de liage, droitière. © C. FAIMALI

« La Ligatex marche impeccablement dans les guyots. Dans les gros bois, c'est une autre affaire. » Gilmara Da Silva Rosa, 52 ans, 8e saison de liage, droitière. © C. FAIMALI

« La Ligapal reste incontournable. Et surtout, elle ne tombe jamais en panne. » Ludovic Chastang, 33 ans, quatrième saison de liage, droitier. © C. FAIMALI

« La Ligapal reste incontournable. Et surtout, elle ne tombe jamais en panne. » Ludovic Chastang, 33 ans, quatrième saison de liage, droitier. © C. FAIMALI

 « Le Fixion est beau et maniable mais il s'encrasse et bourre facilement. » Monique Hautier, 38 ans, sixième saison de liage, droitière. © P. ROY

« Le Fixion est beau et maniable mais il s'encrasse et bourre facilement. » Monique Hautier, 38 ans, sixième saison de liage, droitière. © P. ROY

« Légère, régulière, rapide... La pince Beli peut rivaliser avec un attacheur électrique. » Stéphanie Bochet, 41 ans, 20e saison de liage, droitière. © C. FAIMALI

« Légère, régulière, rapide... La pince Beli peut rivaliser avec un attacheur électrique. » Stéphanie Bochet, 41 ans, 20e saison de liage, droitière. © C. FAIMALI

« On lie très vite avec les pinces BJA et Simes. Mais l'agrafage est un peu fragile à mon goût. » Florent Lantenois, 29 ans, 5e saison de liage, gaucher. © C. FAIMALI

« On lie très vite avec les pinces BJA et Simes. Mais l'agrafage est un peu fragile à mon goût. » Florent Lantenois, 29 ans, 5e saison de liage, gaucher. © C. FAIMALI

« Lier avec l'A3M d'Infaco est un peu compliqué. Trop de manipulations pour lier et trop de changement de bobines ! » Cindy Vazquez, 27 ans, quatrième saison de liage, droitière. © P. ROY

« Lier avec l'A3M d'Infaco est un peu compliqué. Trop de manipulations pour lier et trop de changement de bobines ! » Cindy Vazquez, 27 ans, quatrième saison de liage, droitière. © P. ROY

« Le Mage est fiable, apparemment. Il n'a jamais buggé. » Audrey Flouret, 26 ans, sixième saison de liage, gauchère. © M. CAILLON

« Le Mage est fiable, apparemment. Il n'a jamais buggé. » Audrey Flouret, 26 ans, sixième saison de liage, gauchère. © M. CAILLON

Le nouveau lieur électrique Mage supplantera-t-il sous peu celui de Pellenc, qui règne en maître sur le marché ? Liera-t-on encore en 2020 avec la pince Ligapal, en service depuis quarante ans ? Dans quelles vignes peut-on attacher avec des pinces à ruban ?

Pour le savoir, La Vigne a testé, cet hiver, dix outils de liage. But de l'essai : étudier, dans un premier temps, la rapidité et le confort d'utilisation, ainsi que la qualité de liage des outils du marché, en les mettant à l'épreuve dans les différents vignobles et modes de conduite. Dans un second temps, prévu en début d'hiver prochain, observer la tenue et la dégradation des différents liens testés.

Pour réaliser ce test, nous avons sollicité tous les fabricants du marché pour qu'ils nous prêtent leur matériel et nous fournissent les liens nécessaires pour lier pendant deux semaines.

Les trois fabricants d'attacheurs électriques ont accepté de prendre part à notre projet : Mage, Pellenc et Infaco. Le premier nous a livré la dernière version de son attacheur LEA 30s, sortie l'an passé. Pellenc nous a fourni son modèle Fixion, lancé en 2012, et Infaco, son lieur A3M 2.0, sorti un an plus tôt. L'entreprise italienne Zanon, qui vend le lieur Mage sous ses propres couleurs, a logiquement décliné notre proposition.

Nous avons, par ailleurs, reçu sept outils de liage manuel :

- la pince allemande Beli et la Ligatex des Ets Lebec, qui posent un lien en fil de fer nu ;

- deux pinces à ruban : le modèle 145 de l'Espagnol Simes, commercialisé en France par Grupodesa, et la pince sud-coréenne BJA TB-R Plus Rubangel, distribuée par Faynot ;

- la pince Attalink 3A, qui pose des liens élastiques, et qui a été mise au point par Vigouroux dans le Tarn-et-Garonne ;

- la petite pince Ligapal, en fonction depuis quatre décennies, et une pince chinoise à crémaillère, commercialisée par la société haut-garonnaise HT Diffusion, deux outils qui, à la différence des précédents modèles, obligent l'opérateur à poser manuellement le lien puis à le nouer.

La société Exbanor, fabricante de la pince Prothec, a décliné notre offre. La pince à ruban japonaise Max Tapener, distribuée par HT Diffusion, ne nous est pas parvenue à temps.

Les essais se sont tenus entre le 19 janvier et le 12 février. Ils se sont déroulés dans deux régions. Nous avons testé les attacheurs électriques avec Aquitaine-Viti-Services (AVS), prestataire de services installé aux Salles-de-Castillon, en Gironde, avec qui nous avions organisé un essai de sécateurs l'an passé. Trois jeunes femmes employées dans cette entreprise - Audrey, Monique et Cindy -, ayant entre quatre et six saisons de liage à leur actif avec l'attacheur Pellenc, ont travaillé pendant près de 40 heures chacune en essayant successivement les trois outils électriques. Elles ont, pour l'essentiel, oeuvré dans des vignes conduites en guyot simple ou double en utilisant le lien recommandé par le constructeur. Elles ont également testé - quelques bobines seulement -, les autres types de liens proposés par les marques.

L'essai des lieurs manuels s'est tenu dans le même temps, mais en Champagne, avec le concours de la société de services Prestations manuelles viticoles de l'Omois (PMVO), établie à la Chapelle-sur-Chézy, dans l'Aisne. Dans cette entreprise, sept ouvriers - deux femmes, Gilmara et Stéphanie, et cinq hommes, Ludovic, Florent, Bruno, Francky et Jessy -, tous ayant l'habitude de travailler avec le lieur Ligapal, se sont relayés pour tester les sept outils manuels. Ils ont tous les sept expérimenté l'ensemble des matériels et types de liens fournis dans tous les modes de conduite champenois : guyot simple ou double, cordon, chablis et vallée de la Marne. Tous n'ont pas pu essayer chaque outil pendant une journée minimum, comme nous l'avions prévu initialement. Les conditions météorologiques assez rudes (gelées matinales, épisode neigeux) ont perturbé l'avancement des travaux de taille et de tirage des bois préalable au passage des lieurs. Pour chaque outil, trois testeurs ont fait une simple prise en main pendant deux heures, deux l'ont expérimenté une demi-journée et les deux derniers pendant une journée complète. Au final, chaque lieur manuel a été testé pendant 25 heures en moyenne. Une exception, cependant, la pince HT Diffusion, arrivée avec trois semaines de retard, n'a pu être testée qu'un jour et demi seulement.

En fin de journée, chaque testeur a consigné ses observations sur une fiche. Un journaliste de La Vigne s'est assuré du bon déroulement des opérations et a participé aux essais pendant deux jours sur chacun des sites.

Que ressort-il de ces tests ? Des trois attacheurs électriques, le Mage semble avoir une longueur d'avance. L'outil, simple d'utilisation et rapide, n'a connu aucun pépin pendant 40 heures. De l'avis de nos testeurs, le Fixion n'offre pas le même confort à l'emploi que son concurrent, même s'il permet de travailler avec une cadence soutenue. De plus, les lieurs ont rencontré des difficultés avec cet outil lorsqu'ils ont voulu poser du fil papier/acier en conditions humides. Concernant l'attacheur d'Infaco, outil léger et le moins cher des lieurs électriques, les testeurs soulignent que sa manipulation n'est pas aisée. Ils ajoutent qu'il lie efficacement mais plus lentement que ses deux concurrents.

Précisons qu'aucune batterie n'a été mise en défaut au cours de notre test. Les batteries Mage, Pellenc et Infaco disposent toutes les trois d'une journée d'autonomie de travail au moins.

Le bilan pour les lieurs manuels est beaucoup plus difficile à établir. L'appréciation pour chaque outil varie d'un testeur à l'autre et dépend aussi largement des conditions dans lesquelles ils ont été utilisé. Aucune des sept pinces n'est à la fois rapide et universelle. La rustique Ligapal, assez contraignante, peut être employée pour tous les types de taille. Les pinces Beli et Ligatex, sophistiquées, fonctionnent idéalement dans les parcelles en guyot. Les pinces à ruban Simes et BJA permettent de lier très rapidement mais ont une faible autonomie.

Vitesse des lieurs électriques : de gros écarts

Audrey Flouret, employée d'AVS, a comparé les temps de travaux avec les lieurs électriques Mage, Pellenc et Infaco. Dans une parcelle conduite en guyot double avec un espace entre ceps de 1 m, elle a lié avec chaque outil quatre rangs de 180 pieds (720 pieds) en posant quatre liens par pied. Résultat : le LEA 30s de Mage se révèle l'outil le plus rapide. Il a permis de travailler à une cadence de 2 268 liens (567 ceps) à l'heure. Le Fixion de Pellenc arrive deuxième en liant 2 020 attaches (505 ceps) par heure, soit 11 % moins vite que le Mage. L'A3M V2.0 d'Infaco arrive dernier en ne liant que 1 488 liens (372 ceps) en une heure, soit 34 % moins vite que le LEA 30s. Raison de ce décrochage par rapport à ses concurrents : le mouvement de liage en trois temps et la petite autonomie de la bobine qu'il a fallu changer une fois par rang.

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :