Bordeaux Vinexpo : François Hollande à l'écoute des viticulteurs

En foulant les allées du salon bordelais, dimanche 14 juin, François Hollande a montré son soutien à la filière. Si la loi Évin était sur toutes les lèvres au parc des expositions, des questions de terrain ont été évoquées à l'occasion d'un déjeuner au coeur des vignes avec des viticulteurs.

Alors que le débat sur l'amendement de la loi Macron clarifiant la loi Évin battait son plein à l'Assemblée, c'est à Bordeaux que François Hollande a fait la une le dimanche 14 juin. Pour la première fois dans l'histoire du salon bordelais, un président de la République a donné le coup d'envoi de cet « événement mondial », selon ses propres termes.

La loi Évin en question

« Il n'y a pas beaucoup de domaines où nous sommes leaders mondiaux. Là où nous sommes les premiers, faisons en sorte de le rester ! C'est le sens de ma visite », s'est-il enflammé. Ce passage par Bordeaux, largement relayé dans les médias nationaux, a été interprété comme un signe fort de soutien à la filière. Attendu par l'ensemble des caciques du vignoble français, François Hollande avait anticipé les interrogations sur la modification en cours de la loi Évin. « Clarification, oui. Mais préservation des équilibres de la loi Évin, oui aussi, oui d'abord », a-t-il lancé de sa tribune dans son discours inaugural. Une prise de position ambiguë qui a, depuis, trouvé sa réponse avec la rédaction d'un amendement par le gouvernement (voir page 14).

Le président s'est ensuite rendu au parc des expositions, suivi d'une foule aussi compacte que chaotique. De passage sur le stand de la Champagne, il a dégusté une coupe de champagne Bollinger en compagnie du maire de Bordeaux, Alain Juppé, et du président du salon, Xavier de Eizaguirre. Il a ensuite visité le salon au pas de charge avec le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll et le secrétaire d'État chargé du Commerce extérieur Matthias Fekl, s'arrêtant au passage pour goûter quelques vins.

Dans une ambiance plus calme, le président, accompagné du ministre de l'Agriculture, a participé dans la foulée à un déjeuner chez les Vignerons de Tutiac. Bernard Farges, président du CIVB, Hervé Grandeau, président du syndicat des Bordeaux et Bordeaux supérieurs, Patrick Vasseur, vice-président de la chambre d'agriculture de la Gironde, ainsi que six viticulteurs adhérents étaient de la partie.

Entre le maigre (un poisson), l'entrecôte cuite au sarment de vignes et la coupe de fraises, les plats de résistance n'ont pas manqué. Au menu : l'installation des jeunes, l'engagement des viticulteurs en matière de développement durable et la nécessité de protéger les vignes contre les parasites.

Écophyto II, un objectif difficile

Sur ce dernier sujet, Patrick Vasseur a rappelé que le plan Écophyto II, prônant une diminution de 50 % de l'utilisation de produits phyto à l'horizon 2025, était démesuré. « Nous n'avons pas les moyens d'atteindre cet objectif. En ce moment, nous subissons une forte attaque de mildiou (lire page 6). Dans ces conditions, les viticulteurs ne peuvent pas se passer de produits phytosanitaires », a-t-il prévenu.

Le ministre de l'Agriculture a botté en touche. Sans doute avait-il en tête les mots de Ségolène Royal un peu plus tôt dans la matinée. Celle-ci a en effet déclaré sur France 3 : « Le grand avenir du vin, c'est qu'un jour tous les vins soient bio. » Des propos loin d'être partagés autour de la table. « Il est illusoire de faire croire au consommateur que l'on peut aller vers le bio à 100 % », a soutenu Hervé Grandeau, devant le président de la République.

À l'issue de ce déjeuner, qui a duré presque deux heures, les convives se sont déclarés satisfaits. « Nous avons apprécié que le président de la République descende à Bordeaux, non pas dans un grand château, mais dans une cave coopérative. C'est tout un symbole », s'est réjoui Stéphane Héraud. François Hollande est reparti avec des bouteilles offertes par la cave. Stéphane Le Foll, lui, a promis de passer une commande de vins de Tutiac pour son ministère.