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À LA VIGNE - FÉVRIER

BILAN AU 3 MARS La peur du gel gonfle avec les bourgeons

A. A., M. B. ET M. T. - La vigne - n°284 - mars 2016 - page 6

L'hiver 2015-2016 a été le plus chaud depuis 1900. Sans surprise, la vigne est en avance. Prête à débourrer, elle fait craindre les gelées.
En Languedoc, le 20 février, la moitié des bourgeons des chardonnays de Mathieu Azema étaient gonflés.

En Languedoc, le 20 février, la moitié des bourgeons des chardonnays de Mathieu Azema étaient gonflés.

Dans l'Hérault, des parcelles de chardonnay du domaine de l'Arjolle ont débourré autour du 1er mars.

Dans l'Hérault, des parcelles de chardonnay du domaine de l'Arjolle ont débourré autour du 1er mars.

De décembre à février, la température moyenne a atteint 8 °C dans l'Hexagone, soit 2,6 °C au-dessus de la normale. Faute de froid, la nature s'emballe. En Aquitaine, « les premiers merlots pourraient débourrer mi-mars sur les terroirs médocains », estime Benjamin Vimal, le directeur technique du Château Lagrange, à Saint-Julien-Beychevelle. Déjà sur les plantiers, « on voit quelques bourgeons gonfler et certains sont dans le coton. »

La situation est encore plus avancée dans le Languedoc. « Au 20 février, sur mes parcelles de chardonnay, 50 % de mes bourgeons étaient gonflés. Il y a même des baguettes où les feuilles sont sorties et déjà au stade trois feuilles étalées. » Installé depuis quinze ans à Ginestas (Aude), Mathieu Azema n'a jamais observé pareille précocité. Conseiller à la chambre d'agriculture de l'Aude, François Boyer confirme. « Dans la partie sud du Minervois, sur les cépages les plus précoces, on en est au stade pointes vertes. J'ai même observé une parcelle de syrah au stade bourgeons dans le coton. »

L'Association climatique de l'Hérault (ACH) constate une avance de quinze jours par rapport à 2015 dans sa note du 29 février. Du coup, plusieurs parcelles de chardonnay du domaine de l'Arjolle, à Pouzolles, ont débourré autour du 1er mars (voir photo). « Et ce phénomène commence à se développer sur certaines parcelles de muscat petits grains », témoigne Julie Moia-Duby. « Il est encore possible de protéger les bourgeons en évitant le travail du sol, plus froid, et en tondant les parcelles », explique-t-elle.

Dans le Tarn, « les vignerons sont très inquiets et taillent le plus tard possible pour gagner quelques jours », constate Olivier Yobrégat, de l'IFV Sud-Ouest. « Dans la région, nous avons une semaine d'avance sur 2014, qui était pourtant déjà précoce. » Pour Thierry Massol, conseiller à la chambre d'agriculture, « il n'y a malheureusement plus grand-chose à faire ». Il voit cependant certains vignerons broyer les couverts végétaux pour faire chuter l'humidité au niveau des bourgeons. Mais comme l'IFV n'a jamais fait d'essais, il se montre réservé sur l'intérêt de cette pratique.

Il y a quelques jours, l'arrivée du froid a redonné une bouffée d'air aux vignerons. « Mais comme il a beaucoup plu en janvier et février et que les sols sont bien humides, au premier redoux toutes les conditions seront réunies pour que la vigne progresse », prévient Olivier Yobrégat.

Carine Magot, la responsable du service vigne des Vignerons de Buzet (Lot-et-Garonne), se montre plus sereine. « Les bourgeons commençaient à gonfler sur les terroirs précoces, mais la baisse des températures fin février a tout stoppé. Si ça se trouve, le débourrement n'aura lieu que début avril... »

Au Château Closiot, à Barsac (Gironde), on observe les grues remonter du sud vers le nord : avec un peu de chance la fin de l'hiver viendra vite et les vignes échapperont aux gelées. Mais il faudra encore croiser les doigts jusque début mai.

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