Bagarre d'experts

Les cépages résistants d'Alain Bouquet offrent-ils une résistance durable à l'oïdium ? Alain Carbonneau, professeur retraité de l'Ensa de Montpellier, affirme qu'une récente étude américaine en apporte la preuve. Selon lui, cette publication démontre que l'efficacité du fameux Run1, gène majeur de résistance à l'oïdium des variétés Bouquet, est renforcée par la présence de deux gènes mineurs. Et d'ajouter : « Dix ans de suivi de ces variétés à Pech Rouge, en zone de forte pression d'oïdium, ça suffit pour s'en rendre compte ! » Il plaide donc pour leur diffusion immédiate. Directeur scientifique de l'Inra, Christian Huyghe n'a pas la même lecture de l'étude américaine : « Ce ne sont pour le moment que des hypothèses. Si on arrive à prouver que la construction des variétés Bouquet est solide, nous les diffuserons. Nous ne sommes pas autistes. Nous appliquons le principe de responsabilité. Le Run 1 est une source de résistance très précieuse. S'il est contourné, il est perdu pour tout le monde. S'il faut attendre un à deux ans de plus pour être sûr de la durabilité de la résistance, nous le ferons pour préserver ce joyau. » Le discours de l'Inra, jusqu'ici opposé à toute idée de diffuser les obtentions d'Alain Bouquet, semble s'infléchir.