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DOSSIER - Rendements : cap sur la hausse !

Gérard Presle, EARL Les Joséphins, à Marcy-sur-Anse (Rhône) « J'apporte de l'azote pour redonner de la vigueur »

La vigne - n°284 - mars 2016 - page 23

Gérard Presle a repris la fertilisation azotée depuis 2013. Il constate que la qualité des bois s'améliore et que la production remonte.
 © J.-F. MARIN

© J.-F. MARIN

« Depuis 2005, je n'arrivais plus au rendement autorisé dans l'appellation Beaujolais, alors que dans les années 1990, je devais vendanger en vert pour ajuster la charge », souligne Gérard Presle, qui cultive 25 ha de vignes avec son associé, à Marcy-sur-Anse, dans le Rhône. Pour lutter contre l'érosion et réduire le risque de botrytis, il enherbe toutes ses vignes dès 1989. Dans le même temps, il arrête toute fertilisation, d'abord pour réduire la vigueur, puis pour diminuer les coûts de production alors que les cours des vins baissent.

À la suite de ces changements, ses rendements s'affaiblissent peu à peu. À tel point qu'en 2009, année de sécheresse, il ne récolte que 30 hl/ha. De plus, il constate un ralentissement des fermentations causé par un manque d'azote dans les moûts. Mais il ne réagit pas, pensant que le broyage de l'enherbement apportait de la matière organique en quantité suffisante pour maintenir la fertilité. Il commande d'abord une analyse de sol. Celle-ci ne révèle aucune carence flagrante, ce qui laisse planer un doute sur l'origine de la baisse de rendement.

Mais la situation ne s'arrange pas. En 2010 et 2011, il observe que les bois manquent de vigueur et que la végétation se développe peu. Il commence alors à s'interroger sur la nutrition des vignes. En 2012, sur les conseils de la chambre d'agriculture du Rhône, il revient à une fertilisation azotée régulière.

Depuis 2013, il apporte 35 U/ha d'azote au débourrement sous forme d'ammonitrate, pour compenser l'azote exporté. « Les vignes démarrent mieux », note le vigneron. Il veille aussi à appliquer un traitement au cuivre en août pour garder le feuillage en bon état le plus longtemps possible et permettre aux vignes de bien reconstituer leurs réserves après les vendanges. Depuis, « elles reprennent peu à peu de la vigueur. J'ai déjà regagné quelques hectolitres à l'hectare. Et dans les années à venir, j'espère obtenir des rendements plus réguliers ».

En 2014, il atteint une moyenne de 48 hl/ha alors que le rendement autorisé est de 52 hl/ha. En 2015, le climat ayant été très sec, il redescend à 36 hl/ha. « Je m'en suis plutôt bien sorti malgré tout. En 2009, j'étais descendu à 30 hl/ha alors que le déficit hydrique était moins marqué que l'an dernier. Bien nourries, les vignes développent leur système racinaire et résistent mieux à la sécheresse », estime-t-il.

À l'inverse, le manque de vigueur chronique les fragilise. « Elles souffrent plus des stress climatiques. Cela nuit à la qualité des raisins comme à la pérennité des plantations », constate Gérard Presle. L'objectif n'est pas pour autant de revenir à une forte vigueur. « Je redresse la barre en douceur. Je prends le temps de voir comment les vignes réagissent. »

Dans cette optique, il n'est pas question de supprimer l'enherbement. « C'est grâce à cela que j'ai pu arrêter les traitements antibotrytis. Je n'ai pas envie d'y revenir », explique-t-il. Pour ne pas favoriser la croissance de l'herbe, il localise l'apport d'azote sur le rang avec un épandeur qu'il a adapté. « Je ne veux pas avoir à multiplier les tontes. Actuellement, deux ou trois suffisent. » Si la vigueur devenait à nouveau excessive, il lèverait le pied un an ou deux sur l'apport d'azote. Mais il n'est plus question de faire une impasse durable sur la fertilisation.

« Quand mes rendements ont baissé, j'ai dû réduire les ventes en vrac au négoce. C'est autant de trésorerie et de marge en moins. Et aujourd'hui, j'ai besoin de volumes pour développer mes ventes en bouteilles, qui sont actuellement de 15 000 cols par an. Mes stocks sont au plus bas. J'espère que 2016 sera une bonne année ! »

Autre bénéfice : des gains de qualité

En redonnant de la vigueur à ses vignes, Gérard Presle a également amélioré la qualité. « Quand la vigueur faiblit, les bois raccourcissent. Quand elle remonte, ils retrouvent une longueur normale, ce qui permet un meilleur étalement des grappes et de la végétation », constate-t-il. Les grappes retrouvent leur longueur aussi. Les grains sont moins serrés, ce qui aide à préserver leur état sanitaire. « La maturation se fait mieux et j'arrive plus facilement à 12 degrés sans avoir à chaptaliser. Je n'observe plus de manque d'azote dans les moûts, ni de ralentissement des fermentations », note-t-il avec satisfaction.

L'essentiel de l'offre

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