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Eraflage Sortie de route des hérissons

MARION BAZIREAU - La vigne - n°284 - mars 2016 - page 52

En sept ans, la nouvelle génération des égreneurs-trieurs a presque chassé les égrappoirs horizontaux du marché. Les derniers sont vendus aux caves qui ont de gros débits et en Bourgogne pour égrapper le fragile pinot noir.
LES ÉGRAPPOIRS À CAGE AJOURÉE n'ont pas résisté à l'arrivée des égreneurs-trieurs.  © P. ROY

LES ÉGRAPPOIRS À CAGE AJOURÉE n'ont pas résisté à l'arrivée des égreneurs-trieurs. © P. ROY

LES QUATRE ÉGRENEURS-TRIEURS DU MARCHÉ

LES QUATRE ÉGRENEURS-TRIEURS DU MARCHÉ

La nouvelle génération d'égreneurs-trieurs a percuté de plein fouet le hérisson. Il y a sept ans, le Selectiv' Process de Pellenc a été le premier à venir concurrencer les égrappoirs horizontaux. En 2010 puis en 2011, il a été rejoint par le Cube de Socma et le Delta Oscillys de Bucher Vaslin. Comme ces appareils à mouvements oscillatoires trient mieux et respectent davantage les baies, ils se sont imposés sur le marché malgré leur coût plus élevé. L'année dernière, le Dream de CMA a enfoncé le clou, en convainquant de nouveaux distributeurs et vignerons.

Jean-Michel Chevrier travaille pour Souslikoff dans le Médoc et distribue le Cube de Socma. Il affirme ne pas avoir vendu un seul égrappoir horizontal neuf en huit ans. « Certes, les petits viticulteurs passent le cap moins vite, mais je suis sûr qu'aujourd'hui moins d'un égrappoir sur quinze vendus par Bucher Vaslin ou Pellenc est horizontal. »

Dans les petites ou moyennes caves, on ne vend plus d'égrappoirs horizontaux. Philippe Loubière, directeur de la communication et du marketing chez Pellenc-Pera, ne le cache pas. « En revanche, Pera en vend encore aux caves coopératives qui ont besoin de gros débits et qui sont un peu moins exigeantes quant au résultat. »

Même son de cloche chez CMA. Guillaume Dunesme, commercial pour la France, constate que lorsqu'un vigneron doit renouveler son système d'égrappage, l'égreneur-trieur prend « sept fois sur dix » le pas sur l'égrappoir rotatif horizontal. Ce dernier trouve encore une place dans les très petites exploitations, qui ne dépassent pas deux hectares, et il est souvent acheté d'occasion. « On en trouve facilement autour de 500 €. » Et comme les premiers égreneurs-trieurs arrivent sur le marché de l'occasion, « c'est vraiment la fin de l'égrappoir avec cage ajourée et hérisson », annonce Guillaume Dunesme.

Il est préférable pour le pinot noir de passer dans un égrappoir horizontal. C'est ce qu'explique Bernard Legrix de La Salle, responsable de communication chez Bucher Vaslin, « la force oscillante du Delta Oscillys pouvant faire éclater les baies de ce cépage fragile ». Guillaume Dunesme, quant à lui, remarque que les baies de pinot noir éclatent avec les deux systèmes. S'il vend également beaucoup d'égrappoirs horizontaux en Bourgogne, c'est pour une autre raison : avec eux, les baies millerandées du pinot noir restent dans la vendange, ce que souhaitent les vignerons.

Chez Vinego, entreprise qui a racheté Fabbri et Demoisy en mai dernier, Laurent Blömeling est optimiste. Sans communiquer de chiffres, il affirme qu'il se vendra toujours des égrappoirs horizontaux « à la condition que l'on puisse régler finement la vitesse de rotation du hérisson, la cage ajourée, le diamètre des trous ou la hauteur ». Il voit aussi qu'il reste de la place pour ces matériels, au fait que la table de tri à rouleaux de Vinego « répond à une vraie demande du marché ».

À Béziers, Thierry Bru, gérant de Deveze Biotech-OEnologie, revendeur de CMA, doit nager entre deux eaux. Depuis l'année dernière, il distribue le Dream, l'égreneur qui, selon lui, propose le meilleur rapport qualité-prix. Il est convaincu par son efficacité. Mais il remarque aussi que « dans les régions les moins riches, comme le Languedoc-Roussillon, les vignerons attendent que les prix baissent avant de se lancer ». Il continuera donc à vendre régulièrement des égrappoirs horizontaux neufs, pour 10 000 à 15 000 €, quand le Dream coûte trois fois plus cher.

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