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ACTUS - RÉGIONS

Cognac Téléportation d'hectares

B. C. ET M. I. - La vigne - n°286 - mai 2016 - page 8

Des vignerons de Cognac achètent des vignes dans le Muscadet pour replanter une surface équivalente chez eux. Le syndicat des producteurs s'insurge contre cette pratique.
Stéphane Roy, le président de l'UGVC. © S. CHARBEAU / UGVC

Stéphane Roy, le président de l'UGVC. © S. CHARBEAU / UGVC

Les responsables du Cognac s'alarment : des producteurs locaux sont en train d'acheter ou de louer des vignes dans le Muscadet pour les arracher et replanter la même surface chez eux. L'opération est tout à fait légale avec le nouveau système des autorisations de plantation et depuis que la règle interdisant à une exploitation d'avoir des parcelles à plus de 70 km de son siège a disparu. Il suffit d'inscrire sa nouvelle parcelle au CVI et de produire au moins une récolte. Mais, à ce train-là, le vignoble de Cognac va croître de manière incontrôlée.

Sentant que de juteuses affaires sont possibles, des marchands de bien font le lien entre les deux régions. 170 hectares auraient fait l'objet d'un transfert. Mais ce chiffre serait sous-estimé selon Alexandre Imbert, le directeur de l'Union générale des viticulteurs pour l'AOC Cognac (UGVC, l'ODG du Cognac).

Une pratique légale mais déloyale

« À Cognac, les vignes coûtent entre 45 000 et 55 000 euros par hectare. Dans le Muscadet, c'est 10 000 euros par hectare. Pour les producteurs, c'est donc moins cher d'acheter des vignes à arracher là-bas qu'une parcelle ici. C'est une affaire, bien sûr. Mais c'est déloyal vis-à-vis de l'ensemble de la viticulture », déplore Stéphane Roy, le président de UGVC.

C'est pourquoi, l'UGVC montre les crocs : mise en place d'un réseau d'informations avec les ODG des autres régions viticoles, démission conseillée pour tous les administrateurs qui s'adonneraient à cette pratique et appel à la responsabilité du négoce.

Au-delà des menaces proférées, l'UGVC a décidé de rencontrer les Douanes pour étudier la légalité du procédé. Car, si l'Europe oriente sa politique vers un certain libéralisme, elle rejette toute pratique spéculative. « Or, ces transferts ne représentent-ils pas un mouvement spéculatif ? », interroge Alexandre Imbert. Affaire à suivre...

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