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À LA VIGNE - MAI

Après le gel, la grêle

C. S, J. C. ET A. A. - La vigne - n°287 - juin 2016 - page 6

Le 27 mai, les orages de grêle ont ravagé de vastes étendues dans l'Yonne, le Beaujolais, le Cognaçais et la région du Sud-Ouest.

Le sort s'acharne. Après le gel, c'est la grêle qui a dévasté plusieurs vignobles. L'Yonne paie un lourd tribut aux frasques du climat. Au nord de Chablis, les communes de Maligny, Ligny-le-Châtel, Fontenay-près-Chablis et la Chapelle-Vaupelteigne ont subi un premier épisode le 13 mai. « La grêle s'est abattue sur le plus beau coin de l'appellation, celui que le gel avait épargné. Les parcelles étaient très belles. Maintenant, c'est fini. Toutes les jeunes pousses ont été arrachées », déplorait Philippe Morin, salarié viticole au Domaine d'Henri, quelques jours après la catastrophe. Ce dernier venait de perdre 4 ha sur la commune de Maligny, après avoir déjà souffert du gel dans la nuit du 26 au 27 avril.

Le 27 mai, rebelote. Un nouvel orage traverse la région. Arrivant de l'ouest, la grêle a d'abord meurtri les vignes de l'Auxerrois. Celles de Saint-Bris-le-Vineux et Chitry ont été dévastées. Les communes voisines de Coulanges-la-Vineuse et Irancy ont également été touchées, mais moins sévèrement. L'orage s'est ensuite dirigé vers le sud de Chablis. Préhy, à 8 km de la ville, a vu ses 192 ha de vignes détruits à 100 %. Toujours au sud de Chablis, les communes de Saint-Cyr-les-Colons, Chichée, Courgis, Chemilly-sur-Serein et Poilly-sur-Serein ont subi des dégâts moindres. La surface totale concernée dans l'Yonne avoisinerait les 2 000 ha.

Le même jour, la grêle a frappé les crus du Beaujolais, en premier lieu Chiroubles et, moins sévèrement, Morgon et Fleurie. « Les dégâts peuvent aller jusqu'à 100 % de pousses détruites. Tout est haché menu. Il n'y a plus de rameaux. Les ceps sont écorcés, luisants et brillants. Dans ces vignes, il n'y aura pas de récolte cette année, ni en 2017 », rapporte Nicolas Besset, de la chambre d'agriculture du Rhône. Les parcelles les moins touchées ont perdu 30 % de leurs pousses.

Le vignoble de Cognac a lui aussi été victime du fléau le 27 mai. Selon un bilan établi au 30 mai par les chambres d'agricultures et l'interprofession (Bnic), l'orage a touché près de 5 500 ha de vignes, soit 7 % du vignoble, dont environ 3 000 ha à plus de 80 %. La zone la plus affectée s'étend de Coulonges à Bignac, au nord d'Angoulême. D'autres orages sont survenus le lendemain à Saint-Preuil, Luchac et Les Touches-de-Périgny.

« Là où il y a le plus de dégâts, les rameaux ont été cassés en deux. Il ne reste quasiment plus de feuilles. Les bois sont marqués en profondeur et pourrissent », explique Magdalena Girard, de la chambre d'agriculture de Charente-Maritime. Et d'insister sur la nécessité de protéger ces vignes pour préserver les nouvelles pousses qui vont sortir.

Dans le Sud-Ouest, les appellations Madiran et Pacherenc-du-Vic-Bilh n'ont pas été épargnées. D'après les premières estimations, la grêle du 27 mai y a ravagé autour de 150 ha.

Face à ces dégâts, la FNSEA a demandé que l'état de catastrophe naturelle soit décrété dans les zones concernées. Le lendemain, le ministère de l'Agriculture indiquait mettre tout en oeuvre pour que les exploitants concernés aient accès au chômage partiel pour leurs salariés, afin qu'ils obtiennent des dégrèvements sur la taxe sur le foncier non bâti et des reports de cotisations sociales de la MSA. Le ministère a également précisé qu'il préparait avec les Douanes les bases juridiques pour sécuriser l'achat de vendanges.

Jean-François Bersan, vigneron à Saint-Bris-le-Vineux, dans l'Yonne, sur 20 ha « Aucune de mes parcelles n'a été épargnée »

 DOMAINE BERSAN

DOMAINE BERSAN

 DOMAINE BERSAN

DOMAINE BERSAN

 DOMAINE BERSAN

DOMAINE BERSAN

« L'orage du 27 mai a été particulièrement violent. Dans le village, il y avait jusqu'à 10 cm de grêlons sur le sol. Nous avons dû retirer 400 kg de grêle qui s'était accumulée entre deux pans de toit. Le rez-de-chaussée de mon habitation a été inondé. Heureusement, le chai a été épargné. Mais les vignes sont dévastées, alors que certaines d'entre elles avaient déjà été touchées par le gel dans la nuit du 26 au 27 avril. Sur les 20 ha que je cultive, 8,5 ha sont détruits à 100 % par la grêle, 5,8 ha accusent des dégâts de 70 à 90 % et le reste est atteint à 30 %. Toutes les conditions étaient réunies pour que cet orage fasse un maximum de dégâts : de la grêle et des vents violents alors que les vignes n'étaient pas relevées. Les anciens n'avaient jamais vu ça. Le dernier épisode d'une telle ampleur remonte à 1865. Nous ne savons pas comment vont se comporter les parcelles dans lesquelles il reste des inflorescences. Depuis le 27 mai, il ne cesse de pleuvoir [témoignage recueilli le 1er juin, NDLR]. Au mieux, nous ne pourrons traiter que le 5 ou le 6 juin. Nous craignons le développement des maladies. À côté de cela, nous devons aussi gérer le côté humain. Nous devons nous résoudre à mettre au chômage partiel nos employés. Ce qui nous perturbe aussi. »

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