La grêle a provoqué d'importants dégâts en Champagne et en Bordelais. Dans cette dernière région, elle était portée par une minitornade, qui a couché des rangs de vigne. Dans de moindres proportions, des chutes de grêlons ont localement affecté des parcelles en Alsace, Beaujolais, Bourgogne et Ardèche.
Un vrai désastre : l'orage qui s'est abattu, le 24 juin au soir, dans le vignoble bordelais restera gravé dans les annales. Plus de 6 000 ha de vignes ont été hachés par la grêle. Une partie d'entre elles a été couchée par des vents violents, les piquets de palissage ayant été sectionnés à la base. Certains qualifient le phénomène de ' mini- tornade ', l'estimant comparable à la tempête de 1999. En l'espace de 10 min, des trombes d'eau sont tombées. A Espiet, l'infiltration de l'eau sous la toiture de la cave coopérative a fait gonfler la laine de verre. Sous le poids, les plafonds se sont écroulés.
Le vignoble de l'Entre-deux-Mers a beaucoup souffert, les premières côtes de Bordeaux, les Graves et Saint-Emilion également. Les dégâts s'étendent sur un triangle allant de La Brède à Saint-Michel-de-Rieufret et jusqu'à la commune de Francs. Les communes de Créon, Targon, Saint-Léon, La Sauve, Grézillac, Branne, Cambes, Rions, Portets ont été atteintes. Dans les cas extrêmes, les bois ont été hachés, voire fendus par les grêlons. Les rameaux ont été dépouillés de leurs feuilles et de leurs grappes. A côté, on trouve différents dégâts.
Les travaux de remise en état se sont avérés gigantesques. Heureusement, dans ces moments-là, les vignerons se serrent les coudes. Le 28 juin, la chambre d'agriculture avait organisé une journée d'entraide. Près de 300 personnes s'y sont présentées. Vignerons, mais aussi techniciens et oenologues se sont répartis par groupe afin de parer au plus urgent : relever les rangs de vignes. Et, selon un technicien, cette mobilisation va perdurer.
Dans les vignes grêlées, les conseils techniques se font au cas par cas. ' Il y a autant de préconisations que de vignes grêlées ', explique Bruno Samie, de la chambre d'agriculture de Gironde, ingénieur de proximité chargé du secteur ouest de l'Entre-deux-Mers. ' Dans les situations les plus graves, nous conseillons d'effectuer un prétaillage, de laisser repartir les entre-coeurs et de tailler à deux yeux. Là où il reste des feuilles, nous recommandons une protection antimildiou de qualité. Enfin, s'il reste des grappes abîmées, nous préconisons des antibotrytis. Si le vigneron est concerné sur une toute petite surface, il peut enlever les baies atteintes , poursuit-il. Les vignerons, déjà dans une situation économique délicate, n'avaient pas besoin de cela. ' Une procédure de demande de passage en catastrophe naturelle est en cours.
En Champagne, la grêle a aussi fait des ravages le 10 juin. 800 ha ont été touchés, dont 80 % sont détruits. Les communes de Passy-Grigny, Brouillet, Lagery, Lhéry, Tramery ont souffert.
' Les dégâts sont d'une rare intensité. Les vignes sont scalpées. Il n'y a plus de feuilles, ni de grappes, et les rameaux sont déchiquetés dans le haut. Dans ces parcelles, les pertes sont totales. La récolte sera faible en 2004, et il y aura encore une incidence en 2005 ', explique François Langellier, du Comité interprofessionnel du vin de Champagne. Actuellement, les entre-coeurs redémarrent. ' La vigne est solide. Avec les fortes chaleurs et la pluie, la nature a repris ses droits. Nous préconisons de la laisser pousser pour avoir un maximum de feuillage, que les bois aoûtent correctement et fassent une bonne mise en réserve. Nous conseillons aussi la reprise rapide des traitements. Cet hiver, nous recommanderons une taille courte pour limiter la sortie de grappes ', poursuit-il.
L'Alsace a aussi subi plusieurs épisodes de grêle, notamment le 26 juin sur un secteur situé entre Ribeauvillé et Bennwihr (Haut-Rhin). Les dégâts vont de 30 à 80 %, sans compter les problèmes d'érosion. En Ardèche, le 27 juin, un orage a provoqué quelques dégâts de 30 à 100 % selon les parcelles. Entre 50 et 100 ha sont concernés, notamment à Les Assions, Joyeuse, Vinezac. A signaler aussi quelques épisodes en Bourgogne, au sud de la Côte de Beaune et de la côte de Nuit, et dans le Beaujolais, de manière très localisée. Les pertes n'excèdent pas 50 %.