Né en 316, Martin devint évêque de Tours en 371. Près du lieu où il fonda son monastère, il planta une vigne qu'il avait rapportée de sa Hongrie natale. C'est dans ce vignoble que, quelques années plus tard, l'âne de Martin fit découvrir aux vignerons l'intérêt de la taille de la vigne. En effet, un hiver, l'animal brouta les sarments. L'automne suivant, la vigne fut nettement plus généreuse...
Saint Martin eut un rôle essentiel dans le développement de la vigne en Touraine, et particulièrement autour de Vouvray. Le lieu où l'évêque aurait planté ses premiers ceps est toujours un vignoble, aujourd'hui appelé le Clos de Rougemont. Propriété de la ville de Tours, il est exploité en biodynamie par le domaine Vigneau-Chevreau. « C'est un privilège de cultiver le terroir historique de Vouvray, reconnaît Christophe Vigneau. Saint Martin a beaucoup d'importance pour les vignerons et pas seulement en Touraine. Il est étonnant qu'il ne soit pas notre saint patron. »
« Dans toute la France, des vignerons proposent des cuvées Saint-Martin », ajoute Antoine Selosse, directeur du Centre culturel européen Saint Martin de Tours. Mais ils sont particulièrement nombreux en Touraine et multiplient les initiatives pour célébrer en 2016 le 1 700e anniversaire de sa naissance.
Dans l'AOC Vouvray, une excursion sera organisée par le syndicat des vignerons. Elle passera par l'ancienne abbaye de saint Martin et le Clos de Rougemont. Dans ce clos, une reconstitution de la taille de la vigne avec un âne a déjà eu lieu en mars. Un étudiant tenait le rôle de saint Martin.
Le syndicat a également produit un muselet de collection aux couleurs de la cape que saint Martin partagea avec un pauvre. Une partie des bénéfices de sa vente sera reversée à la Fondation du Patrimoine pour la restauration de la basilique Saint-Martin-de-Tours. 300 000 muselets ont déjà été vendus et 300 000 vont à nouveau être fabriqués.
À Chinon, le vigneron Jean-Max Manceau s'engage lui aussi pour la restauration de la basilique, avec sa Cuvée du Partage, un chinon rouge fruité, à 9,50 €/col, dont il donnera 0,50 € à la Fondation du patrimoine. « C'est un vin de plaisir et de convivialité qui se vend bien auprès des particuliers », confie-t-il.
À Bourgueil, la cuvée collective Saint-Martin participera à la restauration de l'église. Le syndicat des vins va redistribuer une part du montant de ses ventes.
La commémoration de la mort du saint va donner lieu à de nouvelles célébrations, en novembre.
À Montlouis-sur-Loire, l'ODG mettra aux enchères sa cuvée Saint-Martin : 1 700 bouteilles numérotées de 316, année de naissance de l'évêque, à 2016. Lors des dernières vendanges, chaque domaine de l'AOC a offert 50 kg de raisins pour ce vin. Une part de l'argent récolté lors de la vente aux enchères ira à la reconstruction de l'église de Saint-Martin-le-Beau (une des communes de l'AOC), incendiée en 2015. Didier Avenet, ancien maire de Saint-Martin-le-Beau et vigneron, a lancé le projet : « Saint Martin ne nous a pas protégés lors du récent gel, mais nous avons besoin plus que jamais de nous rassembler autour de ses valeurs : la transmission, le partage et la solidarité. »
C'est à La Chapelle-sur-Loire, dans l'aire de l'AOC, qu'aurait débuté l'été de la Saint-Martin, un été tardif et miraculeux : après la mort de l'évêque, à Candes-Saint-Martin, en novembre 397, son corps a été amené à Tours par la voie fluviale. Les fleurs auraient de nouveau éclos sur son passage. Le vin nouveau, tiré le 11 novembre, s'est d'ailleurs longtemps appelé le vin de la Saint-Martin.