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VIGNE

Phytos L'innovation continue

CHRISTELLE STEF - La vigne - n°289 - septembre 2016 - page 28

En juillet, Syngenta, Phyteurop et Dow Agrosciences ont présenté leurs nouveautés, les unes teintées de vert, les autres remettant au goût du jour d'anciennes molécules. La Vigne y était.
JEAN LITOUX, DE SYNGENTA, a vanté les mérites d'un stimulateur des défenses de la vigne. © C. STEF

JEAN LITOUX, DE SYNGENTA, a vanté les mérites d'un stimulateur des défenses de la vigne. © C. STEF

LAURENT NAUDET, chef produit herbicides chez Phyteurop, a présenté la technologie Greenline, une gamme d'adjuvants issus de la chimie du végétal.  © C. STEF

LAURENT NAUDET, chef produit herbicides chez Phyteurop, a présenté la technologie Greenline, une gamme d'adjuvants issus de la chimie du végétal. © C. STEF

Syngenta

Le biocontrôle à l'honneur

Le COS-OGA est un cocktail d'oligosaccharides (fragments de sucre) issus de la carapace de crustacés et de pectines de fruits. Ce stimulant des défenses naturelles (SDN) des plantes entre dans la composition d'un produit du semancier Jouffray-Drillaud, qui sera vendu sous les noms de Messager par Jouffray-Drillaud, et de Blason et Bastid par Syngenta. Une formule retenue par Jouffray-Drillaud pour accélérer les ventes.

Le 12 juillet, Syngenta a convié plus de 150 distributeurs et prescripteurs dans le Gard pour constater l'efficacité de ce biostimulant contre le mildiou et l'oïdium. Lieu du rendez-vous : la plateforme d'essai de l'IFV pôle Rhône-Méditerranée. La société y a présenté plusieurs essais dont un très révélateur sur un cabernet-sauvignon attaqué par un mildiou très agressif. L'IFV a contaminé cette vigne le 9 mai puis l'a brumisée lors de la sortie des premières taches d'huile pour permettre leur repiquage. Les trois premiers traitements ont eu lieu les 6, 15 et 24 mai selon les six modalités suivantes :

- Bastid/Blason à pleine dose ;

- Redeli (autre SDN de Syngenta) à base de disodium phosphonate à pleine dose ;

- bouillie bordelaise à pleine dose ;

- bouillie bordelaise à demi-dose ;

- Bastid/Blason + bouillie bordelaise à demi-dose ;

- Redeli + bouillie bordelaise à demi-dose.

Ensuite, toute la parcelle a été protégée avec quatre antimildious, différents à chaque application. « Notre objectif était de voir comment on pouvait intégrer Bastid/Blason dans le cadre de programmes », a expliqué Éric Chantelot, le directeur du pôle. Les résultats sont prometteurs. Alors que le témoin non traité était ravagé par la maladie (84 % des baies touchées au 5 juillet), les trois applications de Bastid/Blason associées à des demi-doses de cuivre ont bien protégé le feuillage et les grappes (5 % de la récolte touchée). Une modalité bien meilleure que le Bastid/Blason seul (40 % de dégâts sur grappes) et que le cuivre seul à demi-dose (13 % de dégâts). Son efficacité était similaire au Redeli associé à une bouillie bordelaise à demi-dose.

Déjà autorisé en cultures légumières sous serre contre l'oïdium, Bastid/Blason devrait être homologué contre l'oïdium et le mildiou de la vigne prochainement, y compris en bio. Il s'utilisera en préventif à la dose de 2 l/ha. Syngenta le recommandera uniquement en association avec un autre fongicide à dose réduite, en préfloraison ou postfloraison.

Son prix ? L'entreprise est restée vague sur le sujet. « Il sera plus onéreux que les produits conventionnels. En cause, la technologie et les contraintes de production » de ce produit mis au point par FytoFend, cellule de transfert de l'Université de Namur (Belgique).

Phyteurop

Des adjuvants « verts »

C'est sur sa plateforme d'essai de Villevieille (Gard) que Phyteurop a reçu 150 de ses clients trois jours durant. La Vigne s'y est rendue le 11 juillet. Outre de nouvelles associations de fongicides (voir encadré), l'entreprise a présenté ses adjuvants Greenline, issus de la chimie du végétal.

Le premier produit à en bénéficier sera Buggy Greenline. Cet herbicide comprendra 240 g/l de glyphosate formulé avec 45 % d'APP (Alkyl Poly Pentoses ou Appyclean), un adjuvant de la gamme Greenline. « Il est peu concentré en glyphosate mais beaucoup en adjuvant. Il ne mousse pas. Inutile de corriger le pH de l'eau pour l'employer. Il est doté d'un excellent pouvoir mouillant, pénètre rapidement dans la plante et passe au travers des cuticules cireuses », a assuré Laurent Naudet, chef de produit herbicides non sélectifs.

Ce produit semble particulièrement intéressant sur la prêle, plante réputée peu sensible au glyphosate. Pour convaincre ses visiteurs, Laurent Naudet les a emmenés dans une parcelle de cabernet-sauvignon envahie par cette adventice. Trois semaines avant la visite, Phyteurop avait appliqué du Buggy Greenline, à raison de 9 l/ha, le long de quelques ceps. Là, la prêle était grillée alors qu'ailleurs elle était verte. Mais Phyteurop n'a pas comparé son herbicide à d'autres. Côté prix, le positionnement sera haut de gamme.

Dow Agrosciences

La relève du Surflan

Toujours début juillet, dans le Gard, Dow Agrosciences a ouvert sa plateforme d'essai située dans les environs de Nîmes. Du 11 au 22, la société y a accueilli 300 techniciens. Sur une parcelle de viognier, elle a éprouvé divers herbicides antigerminatifs en application sous le rang. « Dans cette vigne pousse une flore typique des Costières : chénopode, érigéron, bidens, géranium, ray-grass... Fin février, nous avons appliqué du glyphosate (480 g/l) à la dose de 2,5 l/ha, puis le 19 avril nous avons mis en place les différentes modalités », a expliqué Frédéric Marque, le responsable technique herbicides vigne.

Parmi les herbicides testés : deux associations. La première, Elan/Foen se compose de 1,4 g/l de pénoxsulam et de 479 g/l d'oryzalin. Ce produit qui vient d'être homologué est l'équivalent prêt à l'emploi du duo Boa + Surflan, qu'il remplace. Il s'applique sur les vignes installées (plus de 3 ans) à la dose de 5 l/ha, uniquement sous le rang. La deuxième association se compose de 107 g/l d'isoxaben et de 429 g/l d'oryzalin. Elle s'appliquera à la dose de 5 l/ha, uniquement sous le rang. Elle devrait être bientôt autorisée sur les vignes installées, les jeunes plantations et en pépinière car elle est très sélective.

D'après l'essai sur viognier, ces successeurs du Surflan (oryzalin seul, qui disparaît) semblent intéressants. Toutefois, en cas de forte pression d'adventices, il faut les associer avec une autre matière active pour renforcer leur spectre et leur persistance d'action. Côté prix, avec Elan/Foen, il faudra compter autour de 55 €/ha pour une application sous le rang. L'autre association coûtera de 90 à 100 €/ha, également pour un désherbage sous le rang. « L'oryzalin est très difficile à produire », justifie Dow.

D'autres nouveautés fongicides présentées

Phyteurop a dans les tuyaux un cuivre combinant l'hydroxyde de cuivre (136 g/l) et l'oxychlorure (136 g/l) : « Le but, c'est d'obtenir une formulation qui résiste mieux au lessivage, avec une meilleure persistance d'action tout en minimisant les doses de cuivre. » Syngenta prépare un produit similaire.

Phyteurop attend en outre l'homologation d'un produit contre l'oïdium et le black-rot à base de 50 g/l de tétraconazole et de 50 g/l de fenbuconazole (0,4 l/ha). Toujours contre ces deux maladies, elle prépare une association de tétraconazole et de soufre et, contre l'oïdium, une association de 50 g/l de tétraconazole et de 312 g/l de meptyldinocap. Enfin, contre le mildiou, elle lancera un mélange de fosétyl, folpel et cymoxanil, sous forme WG, un produit équivalent au Valiant Flash de Bayer. « Cela complète notre gamme antimildiou », explique Phyteurop.

Dow Agrosciences a récemment obtenu l'homologation de Karamat pro/Ecrin à base de 25 g/l de fenbuconazole pour lutter contre l'oïdium, le black-rot et le brenner. Il s'appliquera à la dose de 1,5 l. La société attend aussi l'autorisation de l'antioïdium GF 2922, à base de 25 g/l de myclobutanil. « Il ne sera pas classé CMR, contrairement au Systhane New qui va disparaître », a indiqué Sylvaine Gate, responsable technique nationale fongicides.

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