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LA SAINT-VINCENT EST UN JOUR FÉRIÉ dans la filière viticole en Champagne. Cette photographie illustre sa dimension solennelle et collective. P. VERZONE/AGENCE VU
LE BÂTON DE LA SAINT-VINCENT est transmis de viticulteur en viticulteur chaque 22 janvier, dans de nombreux villages. P. VERZONE/AGENCE VU
AURÉLIE MELIN ET PAOLO VERZONE partagent leurs visions d'ethnologue et de photographe de la Saint-Vincent. © VILLA BISSINGER
« La Saint-Vincent est une particularité champenoise qui ne se montre pas d'habitude. C'est de l'entre-soi au sein du métier. Il y a un fort sentiment d'unité professionnelle et aucune volonté touristique. » C'est en ces termes qu'Aurélie Melin, ethnographe du monde vigneron à la Villa Bissinger d'Aÿ (Marne), décrit cette fête si importante pour la viticulture champenoise.
Une fête et une tradition que le Comité Champagne a voulu immortaliser. Il a ainsi demandé au photographe italien Paolo Ver-zone, connu pour la qualité de ses portraits, de poser son regard sur cet événement, ce qu'il a fait le 22 janvier dernier. Le Comité Champagne a sélectionné vingt-trois de ses clichés qui composent l'exposition itinérante « Confraternités ». Tous illustrent la transmission d'un patrimoine vivant au moment où la région célèbre le premier anniversaire de l'inscription de ses coteaux et maisons au patrimoine mondial de l'Unesco. Avec l'exposition, l'interprofession souhaitait également montrer l'unicité de la Champagne lors de cette journée.
Après les paysages et les bâtiments en 2015, les hommes sont donc mis à l'honneur en 2016. Depuis le mois de juin et jusqu'au 19 février, l'exposition circule dans plusieurs lieux emblématiques de la région, de la Villa Bissinger, à Aÿ, jusqu'à la Maison de l'outil et de la pensée ouvrière, à Troyes.
« La Saint-Vincent n'est pas du folklore, confiait le photographe lors du vernissage de l'exposition. C'est un moment fédérateur et une tradition empreinte d'âme. » Les viticulteurs avaient quelques craintes à être photographiés en costume, mais elles se sont vite dissipées au contact de Paolo Verzone.
Le photographe s'est attaché à montrer les multiples facettes de cette journée : défiler, prier, transmettre, jouer de la musique, porter le bâton, revêtir un costume, faire la fête, se retrouver, etc. Chacune des photos est accompagnée d'un commentaire d'Aurélie Melin et de quelques phrases de viticulteurs.
Quel est le regard des vignerons, photographiés ou non, sur cette exposition ? « Ils sont touchés par ces images, précise Aurélie Melin. Ce qui prédomine, c'est le sentiment d'appartenir à un collectif, d'autant que, dans leur quotidien, ils sont assez isolés. Je ne suis pas issue de la région, ni du milieu viticole. J'ai participé à ma première Saint-Vincent dans un village en 2010 et cette fête m'a tout de suite intéressée. Elle pourrait paraître désuète et décalée, mais il y a une vraie sincérité à être là. »
La fête revêt aussi une dimension politique. Comme dans l'interprofession, l'Archiconfrérie Saint-Vincent est coprésidée par un représentant des vignerons et un représentant du négoce. Lors de la Grande Saint- Vincent, qui réunit toutes les confréries, un repas regroupe les deux familles. Les chiffres des ventes de l'année passée sont commentés, et l'on parle déjà de la prochaine campagne.
Du 8 octobre au 20 novembre : Maison de l'Amitié France/Amérique, à Château-Thierry. Du 7 décembre au 14 janvier : avenue de Champagne, à Épernay. Du 21 janvier au 19 février : Maison de l'outil et de la pensée ouvrière, à Troyes.
