Durant un mois, la chambre d'agriculture de Gironde a testé quatre nouveaux sécateurs : l'Electrocoup F3015 d'Infaco, le Vinion de Pellenc, le Felco 811 et le Zanon Tiger ZT 40. Dix tailleurs, venus de trois domaines bordelais, ont évalué les trois premiers. Quant au Zanon Tiger ZT 40, seul Loïc Pasdois, conseiller en agroéquipement à la chambre d'agriculture, a pu le tester. « C'est un prototype prêté par Zanon, explique l'organisateur de l'essai. Sa petite batterie Drive 300 va remplacer pour la prochaine campagne de taille la Drive 600, beaucoup plus volumineuse. » Les testeurs ont évalué la prise en main, l'efficacité de coupe et la facilité d'entretien des sécateurs sur trois cépages différents : merlot, cabernet-sauvignon et sauvignon blanc.
Au terme de l'essai, Infaco se distingue des autres modèles. « Nous avons été conquis par la puissance de coupe du sécateur et la légèreté de la batterie. Elle est si légère qu'on l'oublie presque lorsqu'on la porte dans le dos », explique Ludovic Maury, chef de culture au Château Rahoul, à Portets, dans les Graves. « Infaco a fait des efforts pour réduire la batterie et améliorer la puissance du sécateur tout en gardant exactement le même prix que le F3010 », remarque Loïc Pasdois.
Les dix tailleurs ont également été séduits par le Vinion. Ergonomique, il offre une prise en main agréable. Il s'agit du sécateur le plus léger du marché : 680 g seulement. « Alors que nous utilisons habituellement des Infaco, il nous a fallu peu de temps pour apprivoiser le Vinion », reconnaît Frédéric Chervaux, chef de culture au Château Sainte-Marie, à Targon, dans l'Entre-deux-Mers. Mais les tailleurs modèrent leur enthousiasme. « Bien que ce sécateur s'avère efficace, je doute de la qualité des matériaux utilisés », tempère Loïc Pasdois.
Autre atout du Vinion : son prix. Christophe Reberat, chef de culture à l'école viticole de la Tour Blanche, à Bommes, dans le Sauternais, le souligne. Pour lui, l'Infaco arrive en tête à l'issue du test. Mais le prix du Vinion le fait hésiter : « 790 € seulement ! Je peux acheter deux Vinion pour le prix d'un Electrocoup. »
Seul fabriquant à ne pas avoir opté pour une batterie miniature, Felco pâtit de ce choix. « Même si le gilet de portage est agréable, il reste lourd », regrette Christophe Reberat. « Felco a souhaité garder sa batterie classique. C'est dommage, d'autant que le prix, lui, reste aligné sur celui des autres modèles », déplore Loïc Pasdois. Et même légèrement au-dessus. Le Felco coûte 1 445 € alors que l'Electrocoup, avec sa batterie allégée, vaut 1 380 €.
Mais pour ceux qui hésitent, le service après-vente peut aider à faire son choix. « Même si le prix du Vinion reste attractif, je pense opter pour un sécateur Infaco. Le concessionnaire est à 5 minutes du domaine. En cas de panne, on nous en prête un autre le temps de la réparation », souligne Frédéric Chervaux.
Stihl ASA 65, rien d'apparemment nouveau
À l'occasion du banc d'essai réalisé par la chambre d'agriculture de Gironde en décembre dernier, dix tailleurs ont testé le dernier sécateur Stihl ASA 65. Le constructeur est nouveau sur le marché des sécateurs électriques. Mais son sécateur, lui, n'a rien de nouveau. Il s'agit du Felco 801 avec une batterie Stihl AP200 puissante destinée à équiper toute une gamme d'outils électroportatifs de la marque. « Pour les viticulteurs, une batterie aussi puissante est inutile », souligne Loïc Pasdois, conseiller en agroéquipement à la chambre d'agriculture de Gironde. Au cours de l'essai dans trois domaines bordelais, l'ASA 65 n'a pas fait l'unanimité. Comme son homologue Felco 801, il déçoit par sa faible capacité de coupe et son ouverture trop juste. L'ASA 65 est vendu 1 469 €.
Infaco Electrocoup F3015
Puissant et léger, le F3015 plaît pour son portage et sa capacité de coupe importante.
Le F3015 a fait l'unanimité chez les dix tailleurs. Il offre une prise en main agréable et bien équilibrée. Pour la coupe des bois, il se révèle efficace et rapide quel que soit le cépage. Sa batterie de 810 g se porte sur le dos ou à la ceinture. Mais « le portage au dos est plus commode. On ne sent plus la batterie et le gilet est confortable », souligne Frédéric Chervaux, du Château Sainte-Marie.
Un bémol relevé par les tailleurs habitués au dernier Infaco : la disparition des deux pochettes situées de part et d'autre du gilet qui permettaient de ranger la clé dynamométrique et la pierre d'affûtage. Par ailleurs, l'étui accroché à la ceinture pour ranger le sécateur a tendance à bouger le long de celle-ci. « Sur le F3010, la pochette était fixée par deux boutons-pression. Donc elle ne pouvait pas glisser », observe Éric Gobain, employé auChâteau Rahoul.
Le fil torsadé reliant le sécateur à la batterie est également apprécié par les tailleurs. Il apporte de la flexibilité et de l'aisance dans les mouvements. Mais, la longueur du fil a été réduite. « C'est un peu court. J'ai peur qu'avec le temps, le fil se débranche de la batterie dès que l'on accroche dans un cep. Un branchement avec vis serait plus solide », indique Éric Gobain.
Sur le F3015, le boîtier de commande a disparu. Le réglage de la demi-ouverture, particulièrement apprécié lors de l'essai, s'effectue directement via la commande située au-dessus du sécateur. « C'est facile de passer d'un mode à l'autre », note Christophe Reberat, du domaine de la Tour Blanche. Le gant anticoupe est également un atout fort. « Cette sécurité est absente des autres modèles. Elle permet d'éviter de se couper les doigts et les fils lorsque le gant touche le fil », souligne Christophe Reberat. Quant à l'entretien du sécateur, il est facilité par une clé unique pour démonter la tête de coupe. « Pas besoin d'avoir plusieurs outils encombrants », relève Loïc Pasdois.
Pellenc Vinion
Un sécateur compact et facile d'utilisation avec un prix défiant toute concurrence
Après deux campagnes de taille, le Vinion de Pellenc surprend toujours par sa légèreté : 680 g seulement. « On dirait un jouet », s'étonne Ludovic Maury, du Château Rahoul. Et pour la batterie, Pellenc a également fait de gros efforts. « Elle est vraiment petite et légère par rapport à celle du Lixion », remarque Éric Gobain, du Château Rahoul. Mais pour des journées de taille intenses sur du gros bois, elle est un peu juste. « En général, nous devions la mettre à charger à midi », explique Christophe Reberat, du domaine de la Tour Blanche. Pour le portage de la batterie, Pellenc propose soit un gilet, soit une ceinture. Lors de l'essai, les tailleurs ne disposaient que de la ceinture, une solution qui ne les a pas séduits. « Elle est un peu rigide et se desserre toute seule », regrette Éric Gobain. Les tailleurs conseillent donc le portage au dos comme pour les autres modèles. « Ça évite un déséquilibre sur le côté », ajoute Christophe Reberat. Pour les habitués des sécateurs Infaco, le fil de connexion du Vinion est un peu trop rigide.
En ce qui concerne la prise en main, les tailleurs sont satisfaits. On note cependant une gêne au niveau de la poignée placée sous la gâchette, notamment pour atteindre les branches situées au milieu ou derrière le cep. Côté réglage, la gestion de la demi-ouverture n'a pas posé de problème : il suffit de relâcher complètement la gâchette pour passer de la demi-ouverture à la grande. Mais la cellule optique qui gère la demi-ouverture s'est avérée capricieuse. « Lorsque je taillais avec des gants, le sécateur restait en demi-ouverture même en relâchant la gâchette », a remarqué Éric Gobain. Après une journée de taille vient le moment de l'entretien. Et sur ce point, les testeurs ont aimé la simplicité du démontage de la tête de coupe. « En plus, un graissage hebdomadaire suffit car les couteaux sont revêtus de Xylan qui protège les lames des frictions », souligne Loïc Pasdois, de la chambre d'agriculture de Gironde.
Zanon Tiger ZT 40
Pas de changement pour ce sécateur, mais une batterie miniature à venir.
C'est lors du dernierVinitech, à Bordeaux, que Zanon a présenté son nouveau sécateur qui ne sera commercialisé que pour la prochaine campagne de taille. Pour l'essai mené par la chambre d'agriculture de Gironde, seul Loïc Pasdois a pu tester ce proto-type. Et le fabricant n'avait pas fourni de chargeur pour la batterie. L'essai n'a donc pu s'effectuer que durant une journée de taille.
La nouveauté de ce Zanon Tiger ZT 40 porte principalement sur la batterie. Comme la plupart de ses concurrents, le constructeur a opté pour une batterie de petite taille,1 100 g seulement. Et le résultat est plutôt encourageant. « Cette nouvelle batterie Drive 300 a tenu la journée. Et son poids léger est appréciable », s'enthousiasme Loïc Pasdois. En revanche, quelques améliorations sont encore à apporter au niveau du portage. « Le gilet que l'on m'a fourni était très rigide. Je vais en faire part au constructeur qui devrait y apporter des améliorations d'ici la commercialisation. »
Pour le sécateur : rien de nouveau à l'exception du réglage de la demi-ouverture. « Pour passer de la demi-ouverture à la grande, il faut rester appuyé sur la gâchette jusqu'au signal sonore », précise Loïc Pasdois.
Le Zanon ne dispose pas d'un système de gestion du croisement des lames comme le propose Infaco par exemple. « Mais au bout du compte, ce n'est pas gênant. En regardant les résultats du test, on voit que peu de viticulteurs utilisent cette option », tempère Loïc Pasdois. Finalement, le Zanon se présente comme un sécateur rustique avec peu d'options. Reste la question du prix : « Comme le Zanon présente moins d'options, on s'attendrait à ce que le prix soit plus bas. Mais ce ne sera pas forcément le cas. L'ancien modèle coûtait déjà 1 350 €. »
Felco 811 avec batterie version +
Puissant, mais une batterie et un sécateur encore un peu lourds.
En vente depuis septembre 2016, le Felco 811 dispose d'une puissance de coupe importante avec un diamètre de coupe supérieur au précédent modèle, le Felco 801. « Le 811 semble même plus vif et plus puissant que l'Electrocoup F8015 », remarque Christophe Reberat, du domaine de la Tour Blanche.
Le constructeur propose désormais deux batteries lithium-ion : la batterie simple, identique à celle du 801, et une batterie plus puissante de 194 W/h. « La batterie simple manque d'autonomie pour tailler une journée entière surtout s'il y a des grosses coupes. Avec la version plus puissante, il y a encore 50 % de charge à la fin de la journée. C'est presque trop, puisque les viticulteurs le mettent en charge tous les soirs », souligne Loïc Pasdois, de la chambre d'agriculture de Gironde.
Reste un gros bémol. « En dehors de la puissance accrue, les batteries Felco ont peu évolué alors que les autres marques ont fait des efforts pour réduire leur taille », déplore Ludovic Maury, du Château Rahoul. Cependant, bien que le portage soit plus lourd, les tailleurs ont jugé le sac à dos ergonomique souple et confortable. Un moindre mal.
Concernant la prise en main, le poids du sécateur a tendance à être reporté vers l'arrière. Des tailleurs se sont plaints de douleurs au poignet en fin de journée. « Le sécateur est grand. Les femmes qui l'ont testé ont trouvé la prise en main compliquée », souligne Christophe Reberat.
La gestion de la demi-ouverture a posé quelques soucis. « Pour passer à la demi-ouverture, il faut appuyer deux fois rapidement sur la gâchette. Mais ça ne fonctionne pas à tous les coups », regrette Frédéric Chervaux,du Château Sainte-Marie.