Retour

imprimer l'article Imprimer

GÉRER

Le succès d'AEF Emploi

AUDE LUTUN - La vigne - n°296 - avril 2017 - page 75

Avec AEF Emploi, le Fafsea aide les exploitants à concevoir un plan de formation spécifique pour chaque nouvel embauché qui n'est pas immédiatement opérationnel. Cet accompagnement sur mesure fait mouche.
LA CONDUITE D'UNE MACHINE À VENDANGER  peut faire l'objet d'une formation dispensée dans le cadre de l'AEF Emploi. © C. THIRIET

LA CONDUITE D'UNE MACHINE À VENDANGER peut faire l'objet d'une formation dispensée dans le cadre de l'AEF Emploi. © C. THIRIET

« Le dispositif AEF Emploi (Accompagnement de l'effort de formation) résulte du constat qu'un grand nombre de postes ne sont pas pourvus en agriculture, explique Yves Honoré, directeur général du Fafsea (Fonds assurance formation des salariés des exploitations agricoles). Actuellement, 12 000 emplois sont à pourvoir. »

Lancé à titre expérimental fin 2015, l'AEF Emploi a rapidement rencontré le succès. En 2016, 332 salariés en ont bénéficié, dont 39 en viticulture. Pour 2017, l'objectif est d'atteindre 700 à 1 000 bénéficiaires tous secteurs agricoles confondus.

L'AEF Emploi vise à encourager les agriculteurs à embaucher des salariés peu ou pas qualifiés pour le poste à pourvoir. Dans ce but, Dans ce but, les 200 heures que le salarié passe à être formé sont indemnisées. Ce dispositif concerne les embauches en CDD de six mois minimum ou en CDI.

Les exploitants intéressés doivent prendre contact avec un prestataire référencé par le Fafsea. Si leur demande est éligible, ce prestataire élabore le projet de formation du salarié (PIF) avec l'employeur. Ce PIF comprend toujours 200 heures délivrées soit en interne, soit à l'extérieur. Pour les formations en interne, qui sont majoritaires, le PIF détaille le nombre d'heures dédiées à chaque apprentissage. Durant la formation, le prestataire veille à la bonne intégration du salarié dans l'exploitation, évalue ses acquis et valide que les formations ont bien eu lieu.

De son côté, l'employeur est aidé en plusieurs étapes, avec un aller-retour. Dès l'embauche, le Fafsea lui verse une avance de trésorerie de 2 010 € nets. Puis, à la fin de la formation, il lui attribue 2 300 € en dédommagement du salaire versé au nouveau salarié pendant ses 200 heures de formation (en interne ou à l'extérieur) et 1 000 € pour la « transmission de savoir-faire ». « Ce dédommagement structure le transfert de compétences entre l'employeur et l'employé, estime Yves Honoré. Ce transfert est très important pour la réussite de l'embauche. » Le Fafsea règle aussi 1 400 € au prestataire qui a élaboré et contrôlé le plan de formation.

Au total, le coût du dispositif s'élève donc à 6 710 €. Mais le Fafsea demande à l'employeur de payer 56 % de cette somme. Ce dernier doit donc lui reverser 3 757 € à l'issue du parcours. Au total, il aura perçu 2 952 € nets.

Les formations à l'extérieur sont parfois prises en charge par le Fafsea. C'est le cas pour le Certiphyto. Les plus coûteuses (Caces, etc.) le sont totalement ou partiellement par le Fafsea dans le cadre d'autres plans de formation.

« Quand un viticulteur recrute un salarié, celui-ci n'est pas forcément opérationnel. Avec l'AEF Emploi, l'employeur disposera d'un salarié formé aux contraintes de son entreprise et à ses besoins spécifiques. C'est la force de cet outil », poursuit Yves Honoré. Ce dispositif s'adresse à toutes les entreprises agricoles de moins de onze salariés. Il n'est pas compatible avec les contrats aidés, à l'exception de la prime à l'embauche en PME de 500 € par trimestre.

ANTOINE JAMET, DOMAINE LES VALLETTES, À SAINT-NICOLAS-DE-BOURGUEIL, EN INDRE-ET-LOIRE (50 HA, 4 PERMANENTS, 2 MI-TEMPS) « Nos recrutés sont plus vite opérationnels »

« Nous avons connu le dispositif AEF Emploi par l'organisme qui nous accompagne pour les contrats de travail, les fiches de paie, etc. En décembre 2015, nous avons embauché une secrétaire comptable en CDI. Elle venait d'un bureau d'experts comptables et avait besoin d'être formée aux spécificités viticoles. Le plan de formation a porté sur les documents douaniers (75 heures), l'accueil des clients et l'initiation à la dégustation (100 h) puis sur le logiciel Isagri (25 h).

En août 2016, nous avons recruté un titulaire d'un BTS Viti-oeno, qui manquait de pratique. À nouveau, nous avons bénéficié de l'AEF Emploi. Ce jeune a suivi 120 heures de formation à la conduite de la machine à vendanger, au travail du sol et à la mécanique agricole. Puis 80 heures d'utilisation et d'entretien des pressoirs et du matériel de cuverie. Il a également passé le Certiphyto. L'AEF Emploi permet à des salariés motivés d'être opérationnels rapidement. Cela lève aussi les appréhensions des personnes qui viennent d'autres secteurs d'activité.

Nous espérons que ce dispositif va perdurer... »

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :