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BRUNO LE BRETON conduisait déjà son exploitation en agriculture raisonnée. Il n'y a donc pas eu de grand bouleversement lors du passage à la HVE.
Le 11 avril dernier, Bruno Le Breton a reçu le Mérite agricole pour son engagement en faveur de l'agroécologie, au ministère de l'Agriculture, à Paris. Lui qui comptait sur le label HVE pour gagner en notoriété a réussi son pari. « Cette distinction constitue une belle mise en lumière des efforts que nous avons faits au cours de ces dernières années », relève le vigneron.
Basé à Combaillaux, dans l'Hérault, Bruno Le Breton est le premier certifié HVE dans son département, fin 2013. Son exploitation, le domaine de la Jasse, couvre 55 ha et produit essentiellement du cabernet-sauvignon et du merlot en IGP Pays d'Oc, un choix du précédent propriétaire du domaine, un marchand de vins néerlandais désireux de vendre à l'export. « L'export reste majoritaire, expose Bruno Le Breton. Nous y vendons un million de cols, soit 95 % de notre production. Nous sommes donc peu connus localement. »
En 2012, il décide d'y remédier en misant sur la certification HVE. « Cela a été un travail d'équipe, souligne-t-il. Le chef de culture et les dix salariés permanents ont réfléchi aux moyens à mettre en oeuvre pour répondre au cahier des charges, avec l'appui de la chambre d'agriculture de l'Hérault. »
Les principaux changements ont concerné l'emploi et les conditions de stockage des produits phytosanitaires. « Nous avons créé un local étanche et nous avons amélioré le traitement des eaux de lavage des pulvérisateurs, détaille Bruno Le Breton. Nous avons également affiché les mesures réglementaires pour la sécurité des utilisateurs des produits phytosanitaires et la procédure d'urgence en cas d'accident. »
Pour le reste, l'exploitation étant déjà conduite en agriculture raisonnée, il n'y a pas eu de grands bouleversements. « Cependant, nous avons pris conscience d'atouts que nous n'avions pas identifiés jusque-là, précise Bruno Le Breton. Notre vignoble se trouve ainsi au coeur d'une biodiversité incroyable. Comme la HVE impose d'en faire l'inventaire, c'est ainsi que nous nous en sommes aperçus. » L'essentiel du travail ayant été fait en interne, le déploiement de la démarche a été « peu onéreux », assure le responsable.
Un acteur économique important
Dans les mois qui ont suivi la certification, il a organisé une réception à l'attention des journalistes, des élus et des chefs d'entreprise locaux. « Nous avons eu des retombées dans la presse et nous sommes devenus un acteur économique reconnu de notre territoire, commente le vigneron. Cela nous a donné envie d'aller plus loin. »
En 2015, il a passé le niveau « confirmé » de la norme Iso 26000 de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) qui est axée sur le développement durable. Cette fois, son domaine a été la première exploitation viticole familiale à décrocher cette norme. « La RSE fixe des objectifs qui ne figurent pas dans la HVE, souligne le responsable. Par exemple, nous avons allégé le poids de nos bouteilles, diminué notre consommation d'eau et d'électricité... et nous prenons en compte les préoccupations de nos riverains. »
Selon lui le duo HVE-RSE se complète bien. « Les acheteurs internationaux sont de plus en plus sensibles à ces certifications et ces normes combinant le respect de l'environnement et le développement durable », argumente-t-il.
Un site internet pour communiquer
À Vinisud, en janvier dernier, il a suscité l'intérêt d'importateurs basés au Canada, aux USA et au Japon, trois pays où il ne vend pas encore ses vins. Mais cela ne saurait tarder : il est sur le point d'y conclure des marchés. « Nous leur avons inspiré confiance, se félicite Bruno Le Breton. Au point que ces prospects sont principalement intéressés par nos qualités haut de gamme. »
Ni le logo HVE ni le logo RSE ne figurent sur les bouteilles du domaine de la Jasse. « Ils ne parlent pas aux consommateurs », estime le vigneron qui a choisi de détailler ses engagements et initiatives sur un site dédié (blb-vignobles.com) et sous le slogan « Vinifions un monde meilleur ». Il y est surtout question de l'engagement sociétal de l'entreprise qui se veut respectueuse de ses collaborateurs comme de ses clients et soucieuse de réduire son empreinte environnementale. Les internautes peuvent y télécharger son rapport de développement durable et découvrir sa « Charte de la dégustation responsable » rédigée avec un médecin addictologue et qui rappelle qu'un vin ne doit pas simplement être avalé, mais dégusté attentivement pour en découvrir toutes les subtilités.
