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FIXÉ SUR LE TRACTEUR GRÂCE À SON AIMANT, Keyfield trace le parcours de traitements à l'aide de son GPS intégré avec une précision de 1 m. © L. MARNÉ
MATHIAS PORGEON (ci-dessus), viticulteur en Champagne, flashe les produits qu'il utilise afin que les données soient transmises au site Keyfield.
À GAUCHE, ENTRE DEUX TRAITEMENTS, le boîtier Keyfield est placé sur son support de charge via un aimant puissant.
Dans le hangar de Mathias Porgeon, viticulteur à Cormicy, dans la Marne, trône un drôle de boîtier. Sur un mur, aimantée à son support, la balise Keyfield Flash attend d'être rechargée pour accompagner le viticulteur dans ses traitements. Ce petit boîtier vert, commercialisé depuis septembre par Axe Environnement, enregistre toutes les données qui doivent figurer dans un cahier de traitement : date des traitements, produits employés, doses, parcelles traitées... « Son utilisation est très simple : il suffit de flasher le code-barres inscrit sur le bidon d'un produit puis d'embarquer le Keyfield sur le tracteur et de partir traiter », explique Mathias Porgeon, qui effectue sa première campagne de traitements avec cet outil sur ses 7 ha de vignes.
Après chaque flash, le viticulteur est averti par un signal sonore de l'enregistrement des données liées au produit concerné (matières actives, dose homologuée, date de fabrication, numéro du lot...). Ces informations sont alors envoyées automatiquement vers le logiciel de gestion en ligne d'Axe Environnement.
Par défaut, le logiciel suppose que chaque bidon de produit est utilisé complètement et à sa dose homologuée. Si un produit n'est plus utilisable (produit PPNU), le viticulteur en est informé par SMS. Dans les années à venir, Axe Environnement envisage également de programmer des alertes lorsque le délai entre deux traitements n'est pas respecté ou si un viticulteur s'apprête à utiliser un produit non homologué pour la vigne.
« Une fois que j'ai flashé mon produit et préparé ma bouillie, je fixe la borne Keyfield à l'avant de mon enjambeur et je vais traiter », poursuit Mathias Porgeon.
Car, en plus de reconnaître les étiquettes, Keyfield est doté d'un GPS d'une précision d'un mètre pour se repérer. Dès que le tracteur entre dans une parcelle, Keyfield trace le parcours qu'il effectue et l'envoie vers la plateforme Web par GPRS. « Pour cela, il faut avoir tracé son parcellaire. Moi, je l'avais déjà sur mon logiciel de gestion MesParcelles », précise Mathias Porgeon. Le viticulteur doit également renseigner la largeur de son pulvérisateur sur la plateforme Web.
De retour sur son exploitation, le viticulteur replace la borne sur son support pour la recharger. « En principe, l'autonomie est de deux jours. Mais je préfère toujours la replacer sur la borne », indique Mathias Porgeon.
Le viticulteur se connecte ensuite sur le site Web pour visualiser son parcours de traitement et vérifier les données envoyées par Keyfield. « Je les vérifie surtout lorsque j'ai traité à demi-dose ou que j'ai coupé un tronçon à l'extrémité d'un rang. Dans ces cas, je modifie les doses indiquées par défaut, car ce sont les doses pleines », précise Mathias Porgeon.
Une fois les données validées, le viticulteur les envoie à son conseiller de la chambre d'agriculture qui les transfère sur MesParcelles. « Actuellement, le viticulteur ne peut pas transférer directement les données du Keyfield vers son logiciel de gestion. Il doit envoyer des fichiers AgroEDI. L'échange automatique de données fonctionne uniquement avec le logiciel de gestion en ligne Ekylibre. Mais nous aimerions rendre ce transfert possible avec Mes-Parcelles, Isagri et Smag », précise Paul Subtil, chef de produit chez Axe Environnement.
Pour cette année test d'utilisation du Keyfield Flash, Mathias Porgeon pense avoir gagné 15 minutes de saisie par traitement, à raison d'environ neuf traitements par campagne. « Cette année, je n'ai traité que six fois. Mais je note un gain de temps. Je n'ai plus besoin de saisir les intrants utilisés et de contrôler les parcelles traitées. En revanche, je prends le temps de bien vérifier les doses appliquées pour les corriger si c'est nécessaire. »
Il voit un autre avantage à ce système : « Cet outil peut faciliter la tâche des prestataires. Ceux-ci peuvent utiliser le même produit toute la journée. Keyfield trace leur parcours, et le soir ils envoient à chaque viticulteur les données qui le concernent. »
Le Keyfield Flash est en vente depuis ce mois de septembre. Pour l'achat d'une borne, il faut compter 1 500 €. À cela s'ajoute un abonnement de 132 € par an qui comprend l'utilisation de la plateforme Web, le service après-vente, l'achat de la carte Sim et la transmission des données de la borne vers le site.
Bientôt disponible sur les smartphones
Axe Environnement imagine déjà une évolution de son Keyfield. « Nous pensons pouvoir nous passer de la borne en utilisant directement les smartphones », explique Paul Subtil, chef de produit chez Axe Environnement. Les codes-barres des produits seraient alors flashés par l'appareil photo du téléphone, puis reconnus grâce à une application dédiée. Le smartphone devra également disposer d'un GPS performant pour suivre les déplacements du pulvérisateur.
Cependant, la faible précision des GPS de smartphone - entre 3 et 5 m - ne pourra sans doute pas permettre une utilisation dans des petites parcelles.
Autre inconvénient : « Un smartphone est beaucoup moins robuste que notre borne, et compliqué à manier lorsque l'on manipule des phytos », reconnaît Paul Subtil. Axe Environnement envisage une offre smartphone, moins chère que la borne Keyfield. Ce système est attendu en 2018 pour des tests en plein champ et dans les vignes.
Keyfield One évolue en Keyfield Flash
Le Keyfield Flash est une évolution du Keyfield One. L'ancienne version, toujours commercialisée, ne peut pas flasher directement les codes-barres des produits de traitement. Il faut coller sur chaque bidon des étiquettes spécifiques qui sont ensuite flashées. Par ailleurs, le GPS du Keyfield One ne dispose d'une précision que de 3 m. « Cette version convient mieux aux agriculteurs. Ils ont de grandes parcelles et des stocks de phytos à l'avance. Ils ont donc davantage le temps de coller les étiquettes sur les bidons avant de partir traiter. Désormais, nous ne proposons que la version Flash aux viticulteurs », précise Paul Subtil, chef de produit chez Axe Environnement.
