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Crowdfunding Ça marche !

AUDE LUTUN - La vigne - n°300 - septembre 2017 - page 69

Le financement participatif - ou crowdfunding - permet de financer des petits projets, bien ciblés. Le vin, produit du terroir convivial, a tout pour séduire le grand public.
SOPHIE EYMIN ET KEVIN TICHOUX vont pouvoir replanter 3 ha dans leur domaine grâce au crowdfunding.

SOPHIE EYMIN ET KEVIN TICHOUX vont pouvoir replanter 3 ha dans leur domaine grâce au crowdfunding.

« J'aime bien l'idée que tout le monde aide tout le monde », résume Alexandra de Vazeilles, qui vient de clôturer une opération de crowdfunding réussie pour financer une plantation (voir encadré). Basé sur le don, le financement participatif en est encore à ses balbutiements dans l'agriculture.

Le principe est simple : les agriculteurs ou viticulteurs passent par une plateforme de collecte de fonds auprès du grand public sur laquelle ils présentent leur projet, la somme qu'ils souhaitent réunir et les contreparties qu'ils proposent à leurs donateurs.

« L'agriculture représente 1 % des projets participatifs en France, précise Florian Breton, fondateur de la plateforme Miimosa, spécialisée dans le financement participatif en agriculture. La moyenne nationale de collecte est de 4 100 € par projet. Sur notre site, la moyenne est de 6 500 € et de 12 000 € pour la viticulture qui a des atouts. Les projets viticoles ont en effet toujours atteint leurs objectifs de collecte sur notre site. »

Concernant les contreparties aux donateurs, toutes les idées sont envisageables : depuis l'envoi de bouteilles, jusqu'à dormir dans un tonneau, en passant par l'initiation au travail viticole (taille, vendanges, etc.).

Frère et soeur, Amandine et Xavier Fresneau sont associés dans le domaine de Cézin, à Marçon, dans la Sarthe. Ils ont opté pour le crowdfunding pour financer l'achat de deux fûts de la forêt de Bercé afin d'élever du pineau d'Aunis, un cépage local. « Nous sortons d'une année 2016 difficile, mais la récolte 2017 est prometteuse, explique Amandine. L'idée du crowdfunding nous est venue en échangeant avec des membres de notre association de développement de la vallée du Loir. »

Cette jeune viticultrice a opté pour la plateforme GoFundMe. Elle a collecté 3 052 € en 22 jours, alors qu'elle visait 2 052 €. Les dons moyens étaient de 70 à 80 €. GoFundMe a prélevé 8 % de commission, comme cela se pratique dans le secteur.

Amandine et Xavier Fresneau ont défini six niveaux de don entre 5 et 100 €. Pour 5 €, les donateurs pourront proposer un nom pour le futur pineau d'Aunis. Pour 40 €, ils recevront en plus une bouteille de la cuvée avec leur prénom sur l'étiquette et bénéficieront d'une visite du domaine avec initiation à la dégustation.

« La démarche est simple. Il ne faut pas en avoir peur, conclut Amandine Fresneau. Je craignais que cela soit mal perçu par nos clients, mais quand le projet est bien ciblé et pas uniquement commercial, des personnes ont plaisir à vous aider et à en parler autour d'elles. »

Sophie Eymin est également très satisfaite du crowdfunding. « C'est Miimosa qui nous a contactés, informé de notre projet de replanter 3 ha de vigne sur les coteaux de Seyssuel pour fonder notre domaine », témoigne cette viticultrice installée dans le Rhône avec son conjoint, Kevin Tichoux. À partir de juin 2016, en 45 jours, elle a recueilli 9 755 €, dépassant son objectif initial de 7 000 €.

« Cela prend peu de temps de lancer l'appel. Il faut avoir une histoire à raconter. Nous avons eu de bons retours de nos contributeurs avec des mails vraiment encourageants auxquels nous avons répondu. Nous avons aussi relayé l'information sur les réseaux sociaux et auprès de notre entourage amical et professionnel. Au-delà du financement, c'est aussi un très bon moyen de se faire connaître », observe Sophie Eymin.

ALEXANDRA DE VAZEILLES, VITICULTRICE À FLEURIE, DANS LE RHÔNE « En trois mois, j'ai collecté 31 551 euros »

« J'ai fait appel au crowdfunding à la suite de la grêle de 2016 et parce que j'avais envie de créer un "écosystème" entre mes clients et mon domaine. J'avais besoin de 30 000 € pour financer la plantation d'un hectare. Déjà cliente de Bluebees, j'ai monté mon dossier « Adoptez un pied de vigne en biodynamie » avec cette plateforme. En trois mois, d'avril à juin 2017, j'ai obtenu 31 551 € de 269 contributeurs. J'ai été surprise de recevoir de nombreux dons, de 200 à 300 €, d'inconnus. J'ai proposé des contreparties par palier allant de 5 € à 940 € et plus. Par exemple, je donne deux bouteilles de fleurie pour 40 € de participation. 80 % de mes donateurs sont des femmes, plutôt citadines, qui ont de la famille dans l'agriculture et qui savent que c'est

un métier difficile. Le fait que je sois en biodynamie a été décisif pour de nombreux donateurs. C'est également plus facile de mener cette démarche quand vous avez déjà un fichier clients car vous pouvez faire connaître votre projet plus rapidement. Je me suis engagée à expédier 1 200 bouteilles à mes contributeurs. »

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