Inadmissible, inqualifiable. stigmatisante... Les responsables professionnels ont fustigé sur tous les tons la campagne de prévention lancée par le ministère de la Santé et l'Inca (Institut national du cancer), début septembre. Et il y avait de quoi. Le visuel diffusé dans la presse affirmait que « réduire sa consommation d'alcool diminue le risque de cancer », tout en montrant un tire-bouchon. Impossible de ne pas comprendre que le vin était visé.
De plus, « dans son dossier expliquant la campagne, l'Inca conseille de ne pas du tout boire de boisson alcoolisée. L'Institut opère ainsi un glissement scandaleux en affirmant que toute consommation d'alcool est dangereuse », tempête Joël Forgeau, président de Vin et Société.
Fallait-il attaquer cette campagne au motif qu'elle est discriminatoire envers le vin comme certains l'ont suggéré ? Vin et Société ne l'a pas fait. « Nous n'avons pas voulu apparaître comme étant opposés à un programme de prévention du cancer », explique Joël Forgeau. Et le risque d'échec était bien trop grand.
Les appels au retrait de la campagne n'ayant rien donné, le 14 septembre, la Cnaoc a lancé une pétition en ligne baptisée « Le tire-bouchon de trop ». En la signant, chaque internaute envoyait un mail au cabinet d'Emmanuel Macron.
Une pétition qui fait du bruit
En quelques jours, la Cnaoc a collecté 10 000 signatures qu'elle a réunies dans trois gros volumes de 650 pages chacun. Le 28 septembre, elle les a emportés au ministère qui avait convié les représentants de la filière pour faire le point sur les sujets d'actualité. C'est Stéphane Héraud, président de l'AGPV, qui les a remis au ministre de l'Agriculture Stéphane Travert en lui demandant de les transmettre au président de la République lors du prochain conseil des ministres.
La campagne menée par l'Inca est désormais achevée. Et si elle a engendré de vives réactions du côté du monde viticole, elle aura suscité bien peu d'émotion du côté du ministère de la Santé et de l'Inca. « Il s'agit d'une campagne classique que nous menons chaque année durant trois semaines en septembre. Et, à chaque fois, nous choisissons un facteur de risque différent. Cette année, c'est tombé sur la nutrition, explique-t-on à l'Inca. L'objectif n'était pas du tout de cibler la filière viticole. Au lieu d'un tire-bouchon, nous aurions très bien pu mettre une chope de bière ou un verre à cocktail. »
L'heure du bilan de cette campagne va bientôt arriver. « Dorénavant, nous prendrons en compte cette polémique pour l'élaboration des prochaines campagnes », promet-on au service de presse de l'Inca.