Retour

imprimer l'article Imprimer

VIN

Récolte Champagne. Des vendanges pied par pied

MARION BAZIREAU - La vigne - n°301 - octobre 2017 - page 58

La Maison Jeeper a récolté 3 hectares pied par pied pour comprendre l'incidence de la charge des ceps sur la qualité du champagne. Une étude inédite !
10 000 CAGETTES ont été nécéssaires pour chaque hectare vendangé. © CHAMPAGNE JEEPER

10 000 CAGETTES ont été nécéssaires pour chaque hectare vendangé. © CHAMPAGNE JEEPER

Le 10 septembre, Nicolas Dubois, directeur de la maison de champagne Jeeper, est venu à bout d'une semaine de vendanges inédites. Pour comprendre l'incidence de la charge des ceps sur la qualité de son champagne, il s'est embarqué dans un gros chantier : récolter séparément pied par pied 3 ha de chardonnay, pinot meunier et pinot noir.

Comme un hectare compte 8 400 pieds, il a loué pour l'occasion 10 000 petites cagettes en plastique. « Dix personnes ont coupé les raisins - une par rang - et huit autres ont géré l'intendance : déposer une caisse à chaque pied, les ramasser pour les déposer dans un camion, les peser à leur arrivée en cave et les dispatcher selon leur poids », détaille-t-il.

La récolte de chaque parcelle a été séparée en quatre lots par palier de 600 grammes pour le pinot noir (moins de 600 g par cep ; entre 600 et 1 200 g/cep, entre 1 200 et 1 800 g/cep et plus de 1 800 g/cep), de 700 g pour le pinot meunier et de 800 g pour le chardonnay. En moyenne, les pinots noirs ont donné 1,6 kg/cep, les meuniers 1,2 kg/cep et les chardonnays 1,4 kg/cep.

Ces vendanges, très gourmandes en main-d'oeuvre, « ont eu le mérite d'éviter que les raisins soient triturés, au vu du peu de récolte par cagette. D'ailleurs, nous avons obtenu des jus plus clairs que d'habitude ».

Nicolas Dubois les a fait analyser. « Pour le pinot noir, le rapport sucres-acidité a varié du simple au triple selon la charge des ceps. Ainsi, les baies issues des pieds les moins chargés étaient plus sucrées et moins acides. » À la dégustation, certains moûts ont été jugés déséquilibrés. « Nous avons rencontré des notes herbacées dans des moûts issus des plus petits raisins provenant des ceps les plus chargés, leur maturation n'étant pas allée assez loin. »

Les analyses et la dégustation ont fait apparaître moins de différences sur le pinot meunier et, surtout, sur le chardonnay. Nicolas Dubois attend désormais de goûter les vins finis. L'année prochaine, il renouvellera l'expérience. « Je vais par ailleurs investir dans un pressoir à maie inclinée pour avoir des jus encore moins troubles. » Afin de rentabiliser ces investissements, il compte également lancer de nouvelles cuvées.

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :