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DOSSIER - PARÉS CONTRE LE GEL

Chinon 38 nouvelles tours montent la garde

La vigne - n°305 - février 2018 - page 20

À la suite du gel de 2017, la Cuma Gel de Cravant a acquis des tours antigel installées en janvier. Un investissement de 1,6 million d'euros pour protéger 160 hectares de vigne.
LES TOURS ANTIGEL, en fait de grands ventilateurs, mélangent l'air froid et l'air chaud. Au niveau des plantes, la température augmente suffisamment pour limiter d'éventuels dégâts dus au gel. © C. WATIER

LES TOURS ANTIGEL, en fait de grands ventilateurs, mélangent l'air froid et l'air chaud. Au niveau des plantes, la température augmente suffisamment pour limiter d'éventuels dégâts dus au gel. © C. WATIER

ÀChinon, dès le lendemain du gel de 2017, les vignerons se sont engagés dans un projet d'équipement en tours antigel. Et non des moindres : trente-huit éoliennes réparties sur sept îlots couvrant 160 ha de l'appellation.

« Jusqu'ici, le gel nous causait des soucis une année sur dix, mais, depuis deux ans, le rythme s'accélère. En 2016, l'appellation a perdu de 50 à 60 % de ses volumes. Rebelote en 2017, avec toutefois des pertes moindres (de 30 à 35 %). On ne pouvait pas rester sans rien faire », raconte Fabrice Gasnier, président de la Cuma Gel de Cravant, à Cravant-les-Coteaux (Indre-et-Loire) qui investit dans les trente-huit tours antigel.

Ce vigneron s'est fortement impliqué dans ce projet bien que ses vignes soient déjà protégées : « Dès le mois de mai, on a commencé à mobiliser les vignerons avec une réunion tous les deux jours. Un projet collectif de cette ampleur, ce n'est pas simple. Les exploitants ne sont pas toujours propriétaires et certains ne veulent pas suivre. Nos débats ont duré des heures. » Le projet initial qui portait sur près de soixante tours a été ramené à trente-huit. « Une bonne moitié des producteurs de Chinon sont concernés », assure Fabrice Gasnier.

Les vignerons ont aussi dû faire face aux riverains qui se sont élevés contre le projet craignant le bruit et la défiguration du paysage. « Nous avons organisé des réunions d'information pour expliquer le fonctionnement des tours. Nous avons fait des concessions et nous nous sommes engagés à démonter certaines tours après le risque de gel », confie-t-il.

La Cuma a opté pour des tours fixes dont les hélices sont mues par des moteurs à gaz. Chacune est pourvue d'une sonde de température permettant un démarrage et un arrêt automatiques. Cette coopérative n'apporte aucune garantie de récolte ou de protection à ses membres qui se sont engagés pour vingt ans.

« L'efficacité de la protection dépend des utilisateurs et de la nature du gel, souligne Fabrice Gasnier. Si la masse d'air froid tombe à - 7 °C au sol et en altitude, la tour ne pourra rien faire. Il faut une inversion des températures entre le sol froid et l'air au-dessus, sinon le brassage d'air ne fera pas remonter la température au sol. Lors d'une gelée blanche, quand l'air est humide, on peut gagner jusqu'à 3 °C en une heure. Mais en cas de gelée noire avec peu d'humidité, on ne gagne que 1 °C. Dans ce cas, il est recommandé de chauffer en complément. »

Pour suivre de près les températures, la Cuma va acheter douze thermomètres Climakiwi cette année, soit doubler son parc. Ces thermomètres-alarmes mesurent la température humide au pied des ceps. Ils envoient des alertes par téléphone lorsqu'elle tombe en dessous d'un seuil fixé et donnent aussi la température instantanée. Ainsi, les vignerons savent si l'air se réchauffe ou non au niveau des vignes, après la mise en route des tours. Faute de quoi, il leur faut allumer des brûleurs.

« C'est une aide précieuse. Rien que pour aller à la vigne, il me faut une heure. Je gagne du temps de sommeil », apprécie Fabrice Gasnier. Reste que, chaque année en avril, il passe plus de nuits éveillées qu'au fond de son lit.

Cet article fait partie du dossier PARÉS CONTRE LE GEL

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