Retour

imprimer l'article Imprimer

VIGNE

Taille semi-minimale Moins de botrytis

PATRICK TOUCHAIS - La vigne - n°305 - février 2018 - page 30

Une société d'expérimentation a comparé six modes de taille durant six campagnes. Elle a récolté des raisins beaucoup plus sains avec une taille mécanique.
LA TAILLE SEMI-MINIMALE a apporté une bonne résistance face aux maladies du bois.  © DR

LA TAILLE SEMI-MINIMALE a apporté une bonne résistance face aux maladies du bois. © DR

Trouver un mode de taille pour traiter moins. Voilà le défi relevé par Vita Consult, un cabinet indépendant mandaté par l'IFV dans le cadre du plan Ecophyto. Pendant six ans, Guillaume Gilet, le gérant de cette société nantaise, a travaillé sur un demi-hectare de melon de Bourgogne exploité en AOC Muscadet, à Tillières (Maine-et-Loire), par le vigneron Jean-Yves Bretaudeau.

Cette parcelle a été plantée en 1990 et taillée dès sa formation en Guyot nantais. « C'est un Guyot à trois bras avec une baguette et deux coursons », précise le technicien. En 2012, Vita Consult y a introduit cinq autres modes de taille pour les comparer : Guyot simple attaché à plat, Guyot simple en arcure, cordon de Royat, gobelet et semi-minimale. « Nous avons taillé cinq rangs de 110 pieds par modalité, parce que c'est ce que couvre le pulvé du vigneron. Ensuite, nous avons effectué toutes nos mesures sur les trois rangs intérieurs. »

Principal résultat : l'intensité des attaques de botrytis à la vendange est deux fois moindre avec la taille semi-minimale qu'avec les autres tailles. Ainsi, en 2013, alors que la pression était forte, seules 58 % des grappes étaient touchées en taille semi-minimale, contre des taux supérieurs à 80 % pour toutes les autres modalités. Quant à l'intensité des attaques (surface touchée par grappe), elle était de 6 % contre plus de 25 % ailleurs. « Cela tient au fait qu'avec la taille semi-minimale, nous obtenons des petites grappes, plus aérées et dont certaines sont assez hautes dans le cep », indique le technicien.

Mais aucune différence vis-à-vis des maladies du feuillage n'a été observée. Peu sujette à l'oïdium, la parcelle d'essai a été traitée en fonction des risques de mildiou, suivant Optidose et sans produit classé CMR. Au final, l'IFT est inférieur à la moyenne régionale. Mais la protection est identique partout. On ne peut donc pas imaginer baisser les doses d'antimildiou en adoptant un mode de taille plutôt qu'un autre.

Face aux maladies du bois, Guillaume Gilet a aussi constaté que la taille semi-minimale arrivait à nouveau en tête avec 20 % de ceps non productifs sur six ans, contre 22 % avec le cordon et 25 à 30 % dans les autres modes de conduite. « Pourtant, on a taillé toutes les modalités en respectant les flux de sève, souligne le technicien. Les bons résultats de la taille semi-minimale tiennent au fait qu'on ne taille pas dans le cep. On limite les plaies de taille qui peuvent attaquer le pied de la vigne. »

En termes de rendement, l'arcure l'emporte. « Lissés sur six ans, les résultats sont les suivants : 82 hl/ha en arcure, 75 en semi-minimale, 68 en Guyot, 56 en cordon et 43 en gobelet », détaille Guillaume Gilet. Mais ces moyennes cachent une grande variabilité. En 2017, année de gel tardif, les pieds n'ont donné que deux à quatre grappes, excepté ceux conduits en taille semi-minimale qui ont livré quinze grappes en moyenne, pour un rendement de 69 hl/ha, bien supérieur à toutes les autres modalités.

Dernier point : la maturité. Là encore, la taille semi-minimale s'en sort bien, avec des degrés plutôt au-dessus de la moyenne quatre années sur six et en dessous les deux autres années. « En tout cas, la maturité était toujours suffisante pour vinifier en bulles », conclut le technicien

Une taille singulière

Vita Consult a effectué la taille semi-minimale en passant un taille-haie à peu près au tiers de la hauteur des bois de l'année. Ce qui a fait monter les souches. Pour compenser, « tous les trois ans, on rabat les bois de moitié », précise Guillaume Gilet, gérant de cette société. Avec cette taille, de nombreux bourgeons débourrent. « En 2017, nous en avons comptabilisé plus de 70 en moyenne par souche en taille semi-minimale, contre 8 à 10 en arcure, gobelet et Guyot, et 14 en cordon, explique le technicien. Les ceps produisent davantage de rameaux, mais ceux-ci sont plus courts qu'avec une taille classique, puisqu'ils démarrent de plus haut. »

Des coûts mini aussi

« Les vignerons ont tendance à tailler toutes leurs parcelles selon les règles de l'AOC, alors qu'ils pourraient faire des économies avec la taille semi-minimale. On estime qu'elle coûte autour de 600 €/ha contre 1 900 €/ha en Guyot. Elle est proscrite dans les AOC, mais on peut l'utiliser les IGP ou VSIG », souligne Guillaume Gilet, gérant de Vita Consult. Jean-Yves Bretaudeau, le viticulteur chez qui il l'a testée, s'est laissé convaincre. Désormais, il taille à la prétailleuse une parcelle de colombard destinée à la production d'un VMQ. Puis il repasse à la main pour enlever des bois de deux ans : « En 2017, malgré le gel, j'ai récolté 90 hl/ha. C'était parfait. Mais je crains que la vigne vieillisse trop vite. »

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :