«Nous n'avons que deux années d'essais, dont la campagne 2017 à la très faible pression de mildiou, prévient Céline Jolibois, conseillère en viticulture biologique à la chambre d'agriculture de la Marne. Nous avons besoin de poursuivre l'expérimentation pour valider que le purin d'ortie peut contribuer à diminuer l'usage du cuivre. »
En 2016, la chambre d'agriculture et le Comité Champagne ont mené leurs essais dans quatre parcelles, puis dans huit en 2017. Ils ont divisé chaque parcelle en deux, traitant une partie avec du cuivre seul et l'autre avec du cuivre associé à du purin d'ortie à raison de 5 à 7 l/ha.
À chaque fois, ils ont employé le cuivre à la même dose dans les deux modalités, une dose bien inférieure à celle homologuée et calculée selon la pression de la maladie.
En 2016, les résultats sont irréguliers. Avec le purin d'ortie, les attaques de mildiou sur les grappes ont été significativement moins importantes dans deux des quatre parcelles d'essai fin juillet. Dans les deux autres, l'état sanitaire était identique. En 2017, la pression de mildiou a été trop faible pour que des différences apparaissent.
L'une des parcelles d'essai se trouve chez Damien Moreau, vigneron à Allemant (Marne). En 2016, année très pluvieuse, il a appliqué 5,8 kg de cuivre métal par hectare sur l'ensemble de la campagne. Fin juillet, l'intensité de mildiou sur les grappes était de 26 % sur la partie traitée avec le cuivre seul et de 19 % sur la partie traitée avec le mélange purin d'ortie (7 l/ha) et cuivre.
En 2017, année bien plus sèche, Damien Moreau n'a utilisé que 2,4 kg/ha en tout et n'a pas vu de différence entre les deux traitements. « À l'avenir, j'aimerais tester 10 l et 15 l de purin par hectare car 7 l/ha, c'est peut-être trop bas », précise Damien Moreau.
À ceux qui voudraient se lancer, il conseille de ne pas employer de purin d'ortie pendant l'ensemble de la campagne sur leurs vignes vigoureuses, car ce produit contient de l'azote.
« L'efficacité du purin d'ortie est aléatoire, conclut Sébastien Debuisson, responsable du pôle vigne au Comité Champagne. Mais, dans le contexte actuel,il est important de poursuivre les essais. »