Des maladies des céréales à celles du pélargonium en passant par la vigne et les fruits et légumes... Ce dossier évoque les nouveautés du secteur autour de la 9e CIMA, Conférence internationale sur les maladies des plantes organisée les 8 et 9 décembre à Tours par l'AFPP, Association française de protection des plantes. Sous deux angles différents, complémentaires et liés. Avec des résistances « gentilles » et « méchantes », un oïdium émergent, un clin d'œil au domaine médical et des pommes qui dansent dans l'eau chaude pour rester belles.

Pour parler de maladies des plantes, il y a deux angles différents : celui de la connaissance que l'on a d'elles et celui de la façon dont on protège les végétaux de leurs attaques. Les deux sont liés : protéger à l'aveugle, sans connaître l'ennemi à combattre, est souvent peu efficace.

Tour d'horizon céréalier

Maladies, fongicides et conseils

p. 14, la note commune due à l'INRA, la SdQPV, l'Afssa et Arvalis-Institut du Végétal manifeste cette dépendance du conseil de traitement avec la connaissance des maladies.

Elle « balaye » la situation des maladies des céréales à paille en France, avec l'état des lieux des résistances aux fongicides et les recommandations qui en découlent.

Il y a du nouveau en matière de septoriose, d'oïdium, de piétin-verse, d'helminthosporiose et de fusarioses, sans compter la ramulariose et la rhyncosporiose de l'orge citées pour la première fois.

Connaissance des maladies

Les trois articles suivants présentent des connaissances nouvelles sur des maladies fongiques des céréales et de la vigne. Toutes sont des préalables à des mises au point de protections efficaces, à l'aide de fongicides ou d'autres moyens.

Fusariose du blé d'hiver

- p. 17, issu d'un suivi épidémiologique du blé d'hiver dans le Grand-Duché du Luxembourg, le point sur les Fusarium producteurs de mycotoxines.

Il s'est agi de connaître les souches en présence de manière plus précise que par leur appartenance à telle ou telle espèce, en déterminant leur chemotype. Autrement dit le type de fusariotoxines qu'elles peuvent produire.

Le but est d'évaluer les risques de contamination afin de mieux gérer ces maladies. La biologie moléculaire (PCR) peut faire gagner du temps et de l'argent pour ce diagnostic.

Oïdium du triticale

p. 21, le cas du triticale fait l'objet d'une communication à la 9e CIMA de l'AFPP. La culture de cette céréale se développe en France depuis les années 80 : la première inscription d'une variété française date de 1983, les surfaces ont franchi la barre des 300 000 ha en 2004 et ont représenté 357 000 ha en 2009. Mais, rançon de ce développement, le triticale se trouve désormais attaqué par l'oïdium.

Seulement, quel oïdium ? Pourquoi, par quel mécanisme est-il devenu nuisible à une culture qu'il épargnait jusqu'alors ?

Le savoir peut être bien utile. Pas pour trouver de nouveaux fongicides, ceux autorisés contre l'oïdium sur triticale sont efficaces car pour l'instant le pathogène ne leur résiste pas, la note p. 14 l'affirme.

Mais la tendance actuelle est de chercher des méthodes alternatives aux fongicides. Or, connaître cet oïdium émergent peut servir à orienter la recherche génétique et trouver des résistances variétales durables. L'article explique tout cela.

Botrytis de la vigne, piétin-verse des céréales, septoriose du blé

p. 26, des « gentilles » résistances variétales que l'on veut le plus durables possibles (même si on sait que leur contournement par les pathogènes fait partie de la vie), passons aux « méchantes » résistances.

Il s'agit, bien sûr, de celles des agents pathogènes aux fongicides. Elles font partie de la vie aussi ! La note p. 14 évoquait l'ensemble des résistances sur un groupe précis de culture. Cet article, extrait d'une communication à la 9e CIMA comme celui de la p. 21, rend compte de l'étude d'un mécanisme précis, celui des MDR, « multi drug resistance ».

Les auteurs expliquent de quoi il s'agit, avec en clin d'œil un parallèle avec la médecine humaine. Où l'on découvre au passage que celle-ci utilise des fongicides en général et des triazoles en particulier.

Et en agriculture ? En France, la vigne est concernée avec le botrytis, ainsi que les céréales, blé surtout, avec le piétin-verse et la septoriose. État des lieux de mécanismes mais aussi de la situation sur le terrain.

Méthodes de protection

Les articles suivants se focalisent sur la protection contre les maladies. Alternative d'abord, classique ensuite, alternative enfin. Autrement dit, et dans l'ordre de la pagination : de l'eau chaude avec du mouvement, des fongicides mais pas maintenant, de la prophylaxie mais en diagnostiquant.

Thermothérapie des pommes

p. 31, présentation d'une méthode de lutte contre la maladie des taches lenticellaires et le scald, des affections de post-récolte des pommes au stockage. Il s'agit de la thermothérapie ou traitement par la chaleur, précisément par de l'eau chaude avec une température et un temps de trempage soigneusement maîtrisés.

L'innovation ici ne réside pas dans un produit à appliquer sur les fruits mais dans une machine qui améliore l'utilisation de la chaleur par une meilleure répartition à la surface des fruits. Cela permet de les traiter plus efficacement et de préserver leur état sanitaire et esthétique.

L'esthétique ? Oui, l'esthétique. Faire danser les pommes dans l'eau chaude permet de les garder belles plus longtemps. Pour les pommes, ou plutôt pour celui qui les vend, cela n'a rien de futile.

Nouvelles substances à la CIMA

p. 34, retour à la 9e CIMA, pour la présentation des nouveautés en matière de fongicides.

D'abord deux nouvelles substances destinées l'une à lutter contre le mildiou de la vigne et l'autre au traitement des semences de céréales contre diverses maladies. Toutes deux sont en développement en France.

Ensuite, cinq nouvelles spécialités : associations inédites, usages à l'étude pour des substances déjà connues...

Sont concernés : l'oïdium de la vigne mais aussi le mildiou de la pomme de terre et diverses maladies des cultures légumières.

Pélargonium, l'anneau des tests pour savoir quoi détruire

p. 36, lutte radicale contre une maladie. Méthode : détruire les plantes atteintes ! Il faut des connaissances pour cela ? Et oui : celles du diagnostic ! Expliquons-nous.

La maladie est la bactériose du pélargonium. Aucun traitement phytosanitaire n'est autorisé contre elle, e-phy et l'Index phytosanitaire (1) en font foi tous deux. Côté méthodes alternatives, il y a la prophylaxie : éliminer les plantes atteintes avant qu'elles ne contaminent les autres afin d'obtenir du matériel végétal sain.

Pour bien faire, il faut agir avant de voir des symptômes. D'où l'intérêt de méthodes de détection type ELISA, PCR, IF, DIBA... sigles barbares expliqués dans l'article.

Mais comment choisir sa méthode ? Douze laboratoires ont accepté de participer à un test comparatif de ces techniques. Beau travail que ce ring test et qui a donné des résultats.

Bonne lecture !

<p>(1) e-phy : base de données du MAAP, ministère de l'Agriculture et de la Pêche. Taper e-phy sur google pour une entrée directe. Aller à « usages », puis à « pelargonium », ou encore à « cultures florales diverses ».</p> <p>(2) Index phytosanitaire édité annuellement par l'ACTA. L'édition 2010 vient de sortir. Il liste les produits autorisés et commercialisés en France par leur nom, leurs matière(s) actives(s), leur usages... Et contient bien d'autres informations ! Voir p. 4.</p>