Les produits phytopharmaceutiques, comme les antibiotiques, c'est pas automatique. Mais les bonnes pratiques, elles, doivent être automatiques, en commençant par le diagnostic. Tel est l'avis de l'UPJ, Union des entreprises pour la protection des jardins et des espaces publics. Cette union de fabricants a en effet choisi la continuité dans ses actions de sensibilisation et d'information des jardiniers amateurs et professionnels comme ligne directrice de ses actions et de sa communication : toujours en faveur de ces bonnes pratiques. Évocation.
Le 12 mai dernier, se tenait l'assemblée générale de l'UPJ (carte d'identité en encadré 1). De nombreuses informations ont été données et le contexte sociétal décrypté. Les chiffres clés des marchés des produits pour la protection des jardins et espaces publics ont été présentés.
Le secteur des produits phytopharmaceutiques en zones non agricoles affiche une baisse en 2010 par rapport à 2009, tant pour le marché amateur que professionnel.
Chiffres clés des marchés
Phytos pros : 2010 confirme la tendance à la baisse
En 2010, le poids du secteur des espaces verts (destiné aux jardiniers professionnels) et industriels (entretien de la voirie et de zones d'activité) a été de 40,9 millions d'euros (40,912 précisément). Cela représente une baisse de 9,66 % par rapport au 45,3 millions (45,288 en fait) de 2009. Sachant que cette année-là, le marché avait déjà chuté de 16,5 % par rapport aux 54,2 millions d'euros de 2008.
Cette double baisse succède à une stagnation durant trois ans en 2006, 2007 et 2008, elle-même suivant une baisse par rapport aux 58,6 millions d'euros de 2005 (Figure 1). De 2005 à 2010, le chiffre d'affaires des « phytos pros » a ainsi chuté de 33 %. On peut bien parler de baisse structurelle.
En 2010, les herbicides représentent 84 % de ce marché (85 % en 2009), avec 34,3 millions d'euros dont 23,4 millions pour les herbicides totaux dits « DT-PJT », utilisés pour le désherbage total ou celui des allées de parcs, jardins et trottoirs.
Cette évolution s'explique en grande partie par la pression sociétale qui pousse de nombreuses collectivités à mener des plans de désherbage excluant à terme l'utilisation de tout produit chimique.
Marché jardin : forte diminution, saison et météo en cause ?
Le marché des produits phytos pour jardiniers amateurs est à la baisse de 11,86 % avec 109,514 millions d'euros en 2010 contre 124,255 en 2009. C'est là encore la deuxième année de baisse consécutive mais après trois ans de développement (Figure 1).
Alors, peut-on voir un lien de cause à effet entre cette baisse récente et les campagnes nationales et régionales en faveur de la diminution, voire de la suppression de ces produits dans les jardineries et les médias ? Il est un peu tôt pour le savoir. D'autant que la météo, avec un printemps 2010 pluvieux, n'a pas favorisé les ventes et a, à coup sûr, ralenti le marché.
En effet les herbicides non sélectifs (les « PJT ») tendent à perdre de la vitesse avec un chiffre d'affaires de 21 millions d'euros en diminution de 10,3 %, au profit des autres herbicides en augmentation de 22 % pour 12,4 millions d'euros. Or la période d'utilisation de ces « PJT » est principalement le printemps. Du côté des autres produits phytos, les fongicides, anti-mousses et molluscicides sont en diminution de 16 à 36 %. Les produits mixtes, en chute libre de 50 %, représentent désormais moins de 3 % du marché. En revanche les insecticides, taupicides et rodonticides sont en progression.
Et les autres produits jardins ?
D'autre part les adhérents de l'UPJ ont vendu en 2010 pour 112,4 millions d'euros d'autres produits utilisés au jardin : fertilisants, amendements organiques et supports de culture, mais ces ventes ne représentent pas tout le marché concerné. à signaler : la marque « Produit Naturel » est en plein développement (voir encadré 2).
Produits biocides : mission de santé publique
Quant aux produits biocides pour professionnels vendus par les adhérents de l'UPJ, ils pèsent 10,2 millions d'euros. La majorité (51,5 %) sont des insecticides dont surtout des anti-rampants (30 %) puis des anti-termites (17,5 %) et enfin des anti-mouches et moustiques (4 %).
Il y a ensuite 16,1 % de rodonticides et 32,4 % d'autres produits (bactéricides, etc.)
La mission de ces biocides relève non pas de la protection des plantes mais de la qualité de vie, de la sécurité, de l'hygiène et de la santé (voir encadré 3).
Service aux distributeurs
Il y avait déjà le service « étiquetage »
Mieux informer les distributeurs sur le cadre réglementaire complexe de leur secteur d'activité est un nouvel axe de travail de l'UPJ. Début 2011, elle a mis en ligne un accès libre à une base de données sur le classement des produits phytos. Cela permet de vérifier, pour un produit donné que l'on aurait en stock depuis quelque temps, si son classement n'aurait pas changé depuis lors(1).
Autre service, tout nouveau celui-ci, une alerte gratuite sera envoyée aux distributeurs afin de les aider au quotidien sur divers thèmes réglementaires d'actualité.
Nouveau, l'alerte réglementaire
Comment ? Les experts de l'UPJ décryptent les informations réglementaires clés : que faire lors de retraits de produits ? Quel est leur impact sur le magasin et les forces de vente ? Que faire d'un produit dont la date d'utilisation es t dépassée ? De quelle façon le Certiphyto concerne les points de la distribution ? Voici quelques problématiques qui seront traitées de manière concise, synthétique et claire.
Le premier numéro, envoyé via l'UPJ, ses adhérents et les fédérations de la distribution, est programmé pour mi-juin 2011. Il n'y aura pas de périodicité précise, l'alerte accompagnera une actualité générale (ex : parution de l'arrêté « purin d'ortie ») ou réglementaire.
Pourquoi cette alerte ? Afin de mieux informer la distribution sur les produits en magasin et de diffuser à l'ensemble de la profession (toucher tous les canaux, des fabricants au consommateur final, via les distributeurs) une information vérifiée et interprétée de façon claire. Pas de simple relais de texte de loi mais une analyse claire définissant les conséquences d'un arrêté pour les vendeurs et les utilisateurs.
Vers les utilisateurs pour le diagnostic
Engagement de l'UPJ et ses adhérents
« Traiter, c'est pas automatique, tout commence par un diagnostic. » Telle est la nouvelle phrase-choc martelée par l'UPJ. Responsabiliser, diffuser le message des bonnes pratiques, c'est le leitmotiv. Parce que les produits de protection des plantes ne sont pas toujours anodins, tout se joue sur la correcte utilisation du bon produit, seulement si, quand et là où il est utile, d'où la nécessité du diagnostic. Tout en respectant les doses « prescrites ».
Cet axe de communication est régulièrement répété sans relâche par les « médecins-animateurs » de la Clinique des Plantes, ainsi que par les sociétés adhérentes à l'UPJ.
Cliniques des Plantes : présence renforcée
En 2011 trois cliniques des plantes ont été organisées : au Salon de l'Agriculture (24 février), à la Fête des plantes vivaces, à Saint-Jean-de-Beauregard (1er, 2 et 3 avril), et aux Irisiades à Auvers-sur-Oise (21 et 22 mai). Ces événements, destinés aux jardiniers amateurs de tous horizons, ont vu s'installer sur leur site la « Clinique des Plantes », espace itinérant de diagnostic et de conseil pour les jardiniers néophytes comme les plus chevronnés. Les visiteurs se sont pressés sur le point de rencontre afin de recevoir des conseils utiles, pratiques et raisonnés pour prendre soin de leur « patient » végétal. De plus, une « Petite Clinique des Plantes » destinée aux enfants a été organisée le 12 avril lors d'une « rencontre du mardi » de la SNHF (Société nationale d'horticulture de France).
Nouveau logo
L'UPJ innove en « relookant » la Clinique des Plantes avec un nouveau logo (photo 1) et une « base-line » qui s'inscrit dans la démarche du Plan Ecophyto et de la campagne initiée par le ministère en charge de l'environnement (MEDDTL). Une nouvelle identité visuelle pour témoigner de l'engagement de toute l'interprofession dans la démarche d'aide et de conseil pour les amateurs et les professionnels en intégrant plus visiblement la mission pédagogique de l'UPJ. Ce coup de jeune est en cohérence avec les engagements de l'accord-cadre jardiniers amateurs (sensibilisation du grand public). Il est décliné sur un kakemono exposé lors des manifestations horticoles notamment afin de marteler les messages de bonnes pratiques (photo 2). Prochain rendez-vous les 23, 24 et 25 septembre au domaine de Saint-Jean-de-Beauregard à l'occasion de la Fête des plantes, fruits et légumes, organisée chaque automne.
Clinique dématérialisée : deux pages internet
Conseils et demandes de diagnostic en ligne ? C'est possible grâce aux pages Facebook « Clinique des Plantes » et Twitter « @cliniqueUPJ ». Les rendez-vous de la Clinique, les vidéos et des articles sont relayés sur ces pages afin d'informer le grand public des prochaines manifestations et de résoudre leurs problèmes en ligne. Les demandes de diagnostic affluent par mail et les médecins des plantes répondent dans les meilleurs délais. Il suffit à quiconque d'envoyer ses questions avec photos à upj@upj.fr.
L'UPJ communique sur les bonnes pratiques
Guide jardin, où le trouver
Le Guide des bons soins au jardin est la première édition de conseils sensés et raisonnés pour les jardiniers amateurs. Distribuée lors des Cliniques, cette brochure est également disponible sur simple demande auprès de l'UPJ et téléchargeable gratuitement sur le site www.upj.fr. Elle accompagne les jardiniers de tout poil, à la recherche de conseils pratiques, au quotidien.
Ligne affichée
Les professionnels s'engagent aussi : deux nouveaux matériels de communication ont vu le jour pour les amateurs et pour les professionnels. Les fabricants concrétisent leur engagement volontaire aux côtés des pouvoirs publics en « affichant » leur ligne de conduite en faveur des bonnes pratiques. « Les bonnes pratiques [en espaces publics] doivent être automatiques » (photo 3) et « Pour un jardinage responsable, traiter n'est pas automatique, tout commence par un diagnostic » (photo 4) sont publiés dans deux kakemonos pédagogiques spécialement créés et qui sont exposés par les adhérents de l'UPJ lors des salons professionnels, tel Salon Vert Sud-Ouest (21 et 22 septembre).
Ces actions vont dans le sens de l'axe 7 du plan Écophyto (axe pour les ZNA), et répondent aux questions sociétales liées à la diminution de l'utilisation des produits phytosanitaires et des biocides. Elles sont également la preuve que la signature des accords-cadres des 2 avril et 3 septembre 2010 n'était pas pour l'UPJ une simple opportunité de communication.
Actions en partenariat
Partenaire des pouvoirs publics
Suite à la signature de ces deux accords-cadres (jardiniers amateurs et professionnels), la démarche de l'UPJ d'accompagner les pouvoirs publics s'est d'ailleurs renforcée. Dans le cadre des outils de communications mis en place par les signataires et le ministère, l'UPJ a participé au contenu des deux sites internet lancés en début d'année : pour les professionnels, www.ecophytozna-pro.fr et, pour les amateurs, www.jardiner-autrement.fr. Toutes les informations découlant de la campagne et des actions de communication sont également relayées sur le site de l'UPJ.
Participation à l'étude COMPAMED
L'étude Compamed(2), pilotée par Plante & Cité, vise à comparer différentes méthodes de désherbage utilisées en zones non agricoles, tant au niveau efficacité qu'économique et sur l'impact environnemental. Elle répond également à un des engagements de l'accord-cadre des professionnels, qui était de soutenir la recherche. L'UPJ y participe en tant que partenaire associé et apporte son expertise.
Avec « le Chasseur français » : des auxiliaires à l'honneur
Dans une démarche d'ouverture et de sensibilisation des jardiniers amateurs, « le Chasseur français » a publié dans son numéro d'avril 2011 un supplément magazine sur les auxiliaires du jardin : comment les reconnaître, les protéger et favoriser leur installation. Petits animaux, oiseaux et insectes sont présentés, à grand renforts d'illustrations, sans oublier les associations de plantes « utiles » repoussant les ravageurs notamment au potager. À la fois ludique et informatif, ce petit livret se veut introductif à la flore et la faune du jardin, et à l'importance de leur préservation.
Les auxiliaires sont des moyens de lutte contre les ravageurs, mais pas uniquement. Ils participent aussi à la décomposition des matières végétales et à la pollinisation par exemple. On ne peut les affecter à un seul rôle, car leurs actions sont complexes. L'essentiel est de savoir que ce sont des aides naturelles du jardinier.
Les conseils dispensés lors des Cliniques des plantes sont répétés dans ce supplément : établir un diagnostic avant toute prise de décision ! Pourquoi ? Pour préserver cette vie dans le jardin, comprendre les interactions entre plantes, insectes, oiseaux et autres animaux.
Quel est le travail des uns et des autres et quels sont les devoirs du jardinier ? Concevoir un jardin ne signifie pas la domestication de toute la vie végétale et animale dans le jardin. Calcul du taux d'infestation, méthodes de piégeage sexuel, utilisation d'auxiliaires, voici quelques exemples des sujets abordés dans cet ouvrage.
<p>* Responsable communication et des relations publiques de l'UPJ. emiliebasuyau@upj.fr</p> <p>** Directeur général de l'UPJ. jacquesmy@upj.fr</p> <p>(1) Voir « Services internet pour les ZNA », dans <i>Phytoma</i> n° 641 de février 2011, p. 7.</p> <p>(2) N.D.L.R. : Au sujet de Compamed, voir l'article p. 28.</p>