Les chiffres de l'UIPP montrent une quasi-stabilité du tonnage de produits phytos vendus en 2011 par rapport à 2010. Le chiffre d'affaires remonte mais ce n'est qu'un rattrapage très partiel par rapport à 2009.

En 2011, le tonnage des substances actives phytos vendues en France est quasiment stable avec 62 700 t contre 61 900 en 2010 (Figure ci-dessous). Ces 800 t supplémentaires représentent une hausse de 1,29 %. Tels sont les chiffres présentés par l'UIPP lors de son Assemblée générale de juin dernier(1).

Côté tonnages, très légère hausse sur un an

Dans le détail, le cuivre et de soufre (utilisés en agriculture biologique mais aussi conventionnelle) pèsent 13 900 t soit 22,17 % du total, en hausse par rapport à 2010 de 1,46 %.

Les 48 800 t d'autres substances vendues en 2011 voient leur tonnage augmenter de 600 t par rapport à 2010, soit une hausse de1,24 %. Ce sont en grande majorité des pesticides de synthèse, même s'il se glisse parmi elles des substances naturelles (Bacillus thuringiensis, pyréthrines(2), Coniothyrium minitans, Pseudomonas chlororaphis(3), Trichoderma(4) sp., etc.) et/ou non pesticides (SDN comme la laminarine ou le fénugrec qui du reste sont eux aussi naturels, attractifs pour la confusion sexuelle ou le piégeage de masse, répulsifs, etc.).

Nette baisse à plus long terme

Si l'on compare ces chiffres à ceux de 1999 avec ses 120 500 t vendues en France, la baisse globale est de 48 %. Mais 1999 était une année record pour des raisons conjoncturelles (climat, achats anticipés en fin d'année liés à des taxes prévues en 2000). Il est préférable de comparer des moyennes triennales. En effet, comme elles lissent les phénomènes de variations interannuelles conjoncturelles, elles sont vraiment significatives.

Alors allons-y : le calcul est dévoilé dans le tableau ci-dessous. On voit qu'on a effectivement affaire à une tendance structurelle à la baisse des tonnages.

Chiffre d'affaires, rattrapage partiel

Et concernant les chiffres d'affaires ? Pour 2011, il s'élève à 1,892 milliard d'euros soit une augmentation de 5,17 % par rapport au 1,799 de 2010. Mais ce n'est qu'un rattrapage partiel : si l'on compare avec les 2,017 milliards de 2010, on est encore en baisse de 6,2 %.

Les explications de cette remontée par rapport à 2010 sont conjoncturelles : le climat de 2011, favorable aux insectes et aux mauvaises herbes, a vu augmenter les ventes d'herbicides et d'insecticides mais pas celles des fongicides, en baisse.

De plus, des traitements de semences nouvellement autorisés ont fait augmenter les chiffres d'affaires aux dépens des tonnages. En 2012 nous verrons ce qu'il en sera(5).

Long terme à calculer

L'UIPP a également donné les chiffres d'affaires annuels sur le long terme. Un rapide calcul montre une moyenne 1998-1999-2000 de 2,043 milliards d'euros. En apparence une relative stagnation, donc. Mais comme les montants sont donnés en équivalent- euros courants sans tenir compte de l'inflation, il s'agit en réalité d'une diminution... qui reste à calculer.

Et par rapport au reste du Monde ?

En tout cas la France est un marché phyto mature voire déclinant.

Du reste notre pays, longtemps troisième marché phyto mondial derrière les États-Unis et le Japon, est désormais cinquième. La Chine et le Brésil l'ont dépassé. Et ils ne risquent pas de rétrograder.

En effet en 2011, quand le marché phyto français augmentait de 5 % en valeur, l'Asie bondissait de 16 % et l'Amérique latine de 20 %. Ceci dans un marché mondial en hausse de 15 %.

Et l'Europe ? + 15 % aussi, mais cette croissance vient de l'Europe de l'Est.

L'avenir nous apprendra si le marché français vit actuellement un atterrissage vers une certaine stabilité structurelle avec des variations entre années liées aux caprices météorologiques, ou bien un palier dans un processus de baisse des utilisations à long terme, objectif du plan Ecophyto 2018.

<p>(1) Où elle a réélu Frank Garnier à sa présidence. Composition du bureau : www.uipp.org.</p> <p>(2) Voir l'article <i>« Insectes des stocks de blé... »</i> p. 27.</p> <p>(3) Voir l'article <i>« Carie commune... »</i> p. 20.</p> <p>(4) Voir la brève sur Agrauxine.</p> <p>(5) L'interdiction du <i>Cruiser OSR</i> sur colza (voir p.7) risque d'obliger les producteurs à se rabattre sur des traitements en végétation, ce qui augmenterait le tonnage.</p>