Anciennement, une partie du conseil phytosanitaire était assuré par des technico-commerciaux de coopératives ou négoces distribuant des produits phytos, et une partie de ces technico-commerciaux étaient intéressés aux ventes qu'ils réalisaient – en clair, ils touchaient une commission sur leurs ventes. Il en était de même pour la distribution des produits phytos au grand public : un client a tendance à demander conseil au vendeur, qui pouvait être « commissionné ».
Suite aux réflexions menées dans le cadre du plan Ecophyto, il a été décidé de :
– séparer l'acte de conseil (qui devient tracé) de celui de la vente, mais pas les acteurs ; en clair, il y a toujours des technico-commerciaux (dont le conseil écrit doit signaler les méthodes alternatives), et un vendeur peut conseiller ses clients ;
– exiger que tout conseiller soit titulaire du certiphyto « conseil » ;
– exiger que tout professionnel ayant une activité de conseil ne soit pas rémunéré sur les ventes des produits qu'il conseille ; en clair, un technico-commercial de distribution agricole ne peut plus toucher de commission sur les ventes qu'il réalise, pas plus qu'un vendeur grand public.
En agriculture, l'Union InVivo annonçait au printemps dernier que ses coopératives adhérentes avaient déjà abandonné la pratique des commissions. Mais par ailleurs, en septembre dernier, l'auteur de ces lignes a entendu un autre distributeur qualifier cet abandon de « révolution culturelle » pour les plus anciens de ses technico-commerciaux.
Pour certains, séparer les actes et supprimer les commissions sur la vente ne suffisent pas à assurer l'indépendance du conseil voire son professionnalisme, et il faut séparer les salariés voire les organismes qui conseillent de ceux qui vendent.
Pour d'autres, les technico-commerciaux n'ont pas de leçon de professionnalisme à recevoir(1), l'abandon des commissions permet leur indépendance et, vu leurs compétences et l'intérêt de préconiser des modes d'emploi et de choix au plus près de l'utilisation des produits, ils doivent continuer à conseiller. Un peu comme les pharmaciens.
Oui, mais un pharmacien (qui du reste est payé sur ses ventes !) ne conseille choix et mode d'emploi que pour les produits sans ordonnance. Pour les autres, il ne fait que préciser ou compléter le mode d'emploi de l'ordonnance et souligner celui de l'étiquette et de la notice…
Oui, mais on peut creuser ce parallèle. Par exemple, et si on avait des sous-catégories de produits phytos comme il y en a de médicaments ? Tiens, de la gestion différenciée ! (voir l'édito). Bref, le ministre a estimé qu'il y avait encore matière à discussions. Qu'il annonce vouloir lancer.
<p>(1) On peut douter plus fortement du professionnalisme du conseil fourni par les vendeurs de grande distribution généraliste. Pour l'auteur de ces lignes, la généralisation du certiphyto dans ce secteur est un vrai progrès. Même si elle doit conduire à supprimer les rayons phytos de certaines grandes surfaces et les limiter à des points de vente plus spécialisés. Après tout, aucun hypermarché ne fait pharmacie.</p>