André Vigouroux, spécialiste du chancre coloré du platane auquel il a consacré une bonne part de sa carrière de chercheur à l'INRA, a lu attentivement l'article d'Adeline Rénier paru dans Phytoma n° 657 d'octobre dernier et titré « Chancre coloré du platane, prévention, détection, traitement ». Voici ses commentaires. Dans le contexte actuel de catastrophe toujours irrémédiable que constitue l'élimination programmée des 42 000 platanes du canal du Midi par le chancre coloré, la parution d'un article annonçant des nouveautés à propos d'intervention contre ce fléau ne pouvait que retenir l'attention. Mais il semble nécessaire de souligner deux points.
La PCR suit une voie déjà ouverte
Tout d'abord, si l'auteur avait pu pousser davantage ses recherches bibliographiques, elle aurait découvert que la mise en oeuvre, soulignée comme innovante, de l'utilisation des outils modernes de la biologie pour détecter précocement le C. platani n'est pas tout à fait inédite.
Cette utilisation de la PCR ne fait que s'inscrire dans la voie déjà ouverte par l'adaptation, dès 1991, du test ELISA par M. Diop Bruckler (INRA, pathologie végétale, Montfavet) exactement dans le même but. L'utilisation de la PCR elle-même a été mise en pratique en 2005 par le professeur F. Lefort, de l'HES de Genève, pour piéger les spores de C. platani dans l'air.
Micro-injection, attention aux faux espoirs
Sur un autre plan, l'exposé des premiers résultats suggérant un ralentissement de l'évolution de l'infection sur arbre en place, suite à la micro-injection d'un fongicide, rappelle les expérimentations du Dr A. Panconesi, de l'Institut des ligneux de montagne (Florence), publiées en 1981.
Ce dernier travail avait permis de constater, chez des arbres assez jeunes donc a priori plus faciles à protéger, un fort ralentissement de la progression de l'infection chez les sujets traités au benzimidazole. Mais ce ralentissement avait été cependant suivi par un redémarrage de la maladie l'année suivante.
Ici, l'abattage précoce des arbres traités, obligation qui a été imposée aux expérimentateurs, n'a pas laissé latitude de poursuivre l'étude. Mais, à la lumière des résultats des expérimentations que l'on vient de rappeler, l'interprétation des observations, qualifiées dans l'article de prometteuses, paraît relever d'un optimisme quelque peu excessif.
Évitons de donner de faux espoirs aux amoureux des arbres et des encouragements superflus aux marchands de miracles.