DOSSIER - Qualité sanitaire des grains

Utilisation des ultrasons et infrasons contre les rongeurs

Phytoma - n°686 - août 2015 - page 32

Bilan et perspectives d'une méthode alternative à l'emploi de rodenticides notamment anticoagulants, et qui est, de surcroît, non létale.
Le rat brun (ci-dessus), la souris et le rat noir sont des rongeurs commensaux. Photo : R. Lasseur

Le rat brun (ci-dessus), la souris et le rat noir sont des rongeurs commensaux. Photo : R. Lasseur

Centrale d'émission de signaux Ratdown

Centrale d'émission de signaux Ratdown

Centrale en cours d'utilisation. R. Lasseur

Centrale en cours d'utilisation. R. Lasseur

Dispositif en place : transpondeur pour les infrasons (cylindre noir) et diffuseur d'ultrasons (boîtier blanc). R. Lasseur

Dispositif en place : transpondeur pour les infrasons (cylindre noir) et diffuseur d'ultrasons (boîtier blanc). R. Lasseur

Tableau 1 : Efficacité vérifiée sur la souris

Tableau 1 : Efficacité vérifiée sur la souris

Tableau 2 : Bilan de la technique ultrasons/infrasons

Tableau 2 : Bilan de la technique ultrasons/infrasons

Les rongeurs sont les mammifères les plus représentés sur terre. Certaines de leurs espèces, très opportunistes, vivent au contact de l'homme ; ce sont les rongeurs commensaux. Vu la nuisibilité de ces dernières espèces, l'homme les combat depuis des millénaires. Aujourd'hui les méthodes de lutte évoluent.

Transition vers « l'alternatif »

L'arsenal de lutte se modifie du fait du durcissement de la réglementation sur la mise en marché et l'usage des produits rodenticides, notamment en Europe. En parallèle, la société a fortement évolué vis-à-vis des « pesticides chimiques » en général, mais aussi du contrôle des vertébrés (rongeurs, oiseaux...) par des méthodes létales. La lutte contre les rongeurs va devoir s'adapter à ce nouveau contexte.

Cette période de transition est propice à l'innovation et à la mise en place de méthodes alternatives remplaçant partiellement ou totalement les solutions actuelles.

Il paraît nécessaire d'évaluer le potentiel de l'utilisation des ultrasons et/ou infrasons dans la lutte (répulsion) contre les rongeurs. En effet, cette technologie peut trouver sa place parmi les méthodes alternatives.

Lutte antirongeurs : rappels

Causes notamment sanitaires

De tous temps, l'homme lutte contre les rongeurs hantant son environnement, d'abord pour une raison sanitaire : ces espèces commensales (rat brun, rat noir et souris) peuvent transmettre à l'homme la leptospirose, des hantavirus et de nombreuses bactéries pathogènes (Lasseur et al., 2007).

De leur côté, les rongeurs champêtres (campagnols, etc.) sont moins en contact de l'homme mais peuvent transmettre ou constituer un réservoir de zoonoses (maladies animales transmissibles à l'homme) (Lasseur, 2008) et font des dégâts en agriculture et dans les jardins.

La lutte contre les rongeurs a donc deux justifications : protection de la santé publique surtout pour les rongeurs commensaux, et protection des biens et productions pour tous les rongeurs. La lutte contre les rongeurs commensaux a aussi une visée psycho-sociologique, vu l'image dégradante d'un lieu peuplé de rongeurs.

Place des anticoagulants

La principale méthode de lutte actuelle contre les rongeurs, commensaux et champêtres, consiste à distribuer des appâts dans leur milieu de vie.

Le plus souvent, ces appâts contiennent des anticoagulants qui, trois à quatre jours après ingestion, provoquent une hémorragie interne, le coma puis la mort de l'animal. Leur efficacité et leur action différée leur permettent de contourner le phénomène d'aversion alimentaire (capacité à associer ingestion d'un appât et mort d'un congénère si les deux événements sont proches dans le temps) présent surtout chez les rats.

L'alphachloralose, à plus court délai d'action, est utilisée contre la souris, espèce moins sujette à l'aversion alimentaire.

Une utilisation critiquée

L'usage des substances de synthèse contre les rongeurs est remis en cause, notamment celui des anticoagulants. Ce rejet trouve ses racines à la fois dans les caractéristiques des anticoagulants et dans l'évolution sociétale des dix dernières années.

En effet, les anticoagulants s'accumulent dans le foie des rongeurs et se stockent dans l'organisme vivant puis le cadavre. Ensuite, ils font l'objet d'une magnification biologique, s'accumulant tout au long de la chaîne alimentaire dont le rongeur est la base. Ils ont été la cause d'intoxications chez des espèces non-cibles prédatrices et/ou nécrophages type renard et oiseaux de proie (Lasseur et al., 2010, Berny et al., 2010).

Une autre raison de rejet tient au mouvement de refus des pesticides par une partie de la société et du monde politique.

Enfin, le fait de contrôler des animaux (aussi invasifs et nuisibles soient-ils) avec des produits qui les tuent est de moins en moins accepté, sauf en cas de force majeure sanitaire : la mort animale pour les besoins de l'homme est une notion de plus en plus critiquée. Ce constat touche toute action de contrôle d'espèces invasives.

Place des méthodes alternatives

Ici s'ouvre le champ des méthodes alternatives aux solutions actuelles et positionnées différemment dans le compromis technico-sociétal. En réalité, il est très difficile de bannir le recours aux produits de synthèse vu leurs efficacités incomparables. Mais il est possible d'innover et d'introduire, dans la boîte à outils, de nouvelles méthodes de lutte intégrant davantage les défis environnementaux et sociétaux actuels.

Dans le cas de fortes infestations (risques sanitaires) et dans des environnements qui le permettent, il est tout à fait envisageable de maintenir l'usage de produits « biocides » appliqués par des personnes formées et sachant gérer le risque toxique. En revanche, il faut élargir la gamme de solutions pour les situations dans lesquelles cet usage n'est pas souhaité ou souhaitable (lutte préventive, contact avec la nourriture, rejet des produits de synthèse et/ou « qui tuent »).

Ainsi, une méthode alternative de lutte contre les rongeurs commensaux doit répondre à plusieurs critères :

- mise en place possible chez le particulier et le professionnel ;

- efficacité mesurable ;

- absence d'impact environnemental ;

- absence de risque pour les enfants, les animaux domestiques et sauvages ;

- ne provoque pas forcément la mort des rongeurs à contrôler.

Cet article fait le point sur l'utilisation des ultrasons/infrasons comme méthode de lutte alternative (ou complémentaire) aux anticoagulants contre les rongeurs commensaux dans les environnements n'acceptant plus les anticoagulants.

Les ultrasons et infrasons

Définitions

Le son est une sensation auditive due à une vibration de l'air. L'homme entend les sons de fréquences comprises entre 20 Hz (Hertz) et 20 000 Hz (= 20 kHz). Les ultrasons, émis à plus haute fréquence (>20 000 Hz), sont inaudibles par l'oreille humaine. Ils sont très rapidement arrêtés par les structures (murs, etc.). Les infrasons, eux aussi inaudibles, ont une fréquence basse (<15 Hz) et se concrétisent par des ondes vibratoires (ondes sismiques) se propageant et résonnant dans les structures traversées.

De nombreux animaux utilisent les gammes de sons de 10 à 100 kHz pour communiquer (souris, insectes, voir Figure 1) et perçoivent largement les infrasons en dessous de 15 Hz contrairement à l'homme.

Les rongeurs utilisent les ultrasons pour communiquer. Ils ont deux autres sens importants : l'odorat et le toucher (vibrisses présentes sur le museau et les pattes). Ils sont très sensibles aux infrasons/microvibrations dans leur environnement, même s'ils ne les entendent pas au sens strict. Ces infrasons les dérangent autant que les ultrasons. En attestent de nombreux témoignages de fuite de rongeurs lors de travaux souterrains provoquant des vibrations.

La souris ne perçoit pas la parole humaine (6 kHz) mais des sons allant de 10 à 70 kHz (Figure 1). Elle émet 95 % de ses sons sociaux entre 20 et 30 kHz.

Un effet déplacement

L'émission d'ultrasons et d'infrasons provoque chez les rongeurs un état de stress. L'animal augmente sa production d'adrénaline, le stimulant et le poussant à quitter l'environnement exposé à cette contrainte pour gagner un environnement non exposé. Bref, ces sons font fuir les rongeurs ! Il est donc possible d'utiliser les ultrasons et infrasons, couplés ou non, en choisissant des fréquences :

- pertinentes pour déranger fortement les rongeurs commensaux ;

- non perceptibles par l'homme et peu perceptibles par les animaux domestiques.

Les zones de travail se situent en dessous de 20 Hz et au-dessus de 20 KHz en cas de couplage infrason/ultrason. Les fréquences autour desquelles s'opère le balayage de fréquence (nécessaire afin que les rongeurs ne s'adaptent pas à la contrainte) seront sélectionnées en fonction de la configuration du site (structures à traverser) et des occupants (adultes, enfants, animaux domestiques).

L'effet de cette méthode de lutte est un déplacement de la population de rongeurs ailleurs que dans la zone dans laquelle elle s'était installée et qui a été traitée.

Combinaison possible

Cette méthode, non létale, s'accompagnera si nécessaire d'une lutte par une autre méthode (anticoagulants, alphachloralose, piégeage) en périphérie de la zone d'intérêt. C'est souvent le cas en industrie agroalimentaire. Une zone de transformation des matières premières ne peut pas recevoir de traitement « biocide » en cours de processus : on utilisera les ultrasons/infrasons dans cette zone, et on traitera en périphérie par appâts anticoagulants. Ces derniers seront d'autant plus efficaces que la zone de refuge des rongeurs sera privée de nourriture « concurrente » des appâts.

Il en sera de même dans un silo où l'on ne peut pas utiliser d'anticoagulants (grains « bio », cahier des charges), ou pour augmenter leur efficacité en baissant leur dose : on refoule les rongeurs en périphérie, là où ils n'auront que les appâts à consommer.

Ne pas confondre les matériels « grand public » et « professionnel »

Il faut distinguer le matériel d'émission destiné aux particuliers (vendu entre 20 et 50 euros en grande surface et jardinerie) du matériel destiné aux professionnels.

Celui dédié aux particuliers n'émet souvent que des ultrasons, et ceci à une fréquence fixe et non pertinente vis-à-vis de la biologie des rongeurs commensaux. De plus, le particulier achète souvent un seul émetteur là où plusieurs seraient nécessaires pour couvrir la zone concernée.

Le matériel professionnel permet le couplage ultrasons/infrasons, une sélection précise des fréquences émises ainsi qu'un balayage de fréquence. Le nombre de diffuseurs (ultrasons) et transpondeurs (infrasons) est adaptable depuis la centrale d'émission pour répondre à la problématique, la taille du site et l'infestation.

Une telle solution dédiée au professionnel, pouvant équiper un site de manière continue (barrière antirongeur) ou temporaire, coûte de 1 500 à 3 000 euros par site. Le positionnement technico-économique consiste à utiliser un matériel robuste sur des sites à haute valeur ajoutée (grande distribution, industrie agroalimentaire, restaurants, là où la présence de rongeurs nuit à l'image) amorti sur plusieurs années. Contre les rongeurs commensaux, il est préférable d'équiper définitivement le site et de laisser le matériel en permanence en place.

Une critique fréquente des solutions ultrasons/infrasons est qu'elles ne font « que repousser le problème chez le voisin ». C'est exact mais, en cas d'absence d'action collective dans un secteur, cette solution apporte une vraie réponse à quiconque souhaite faire fuir des rongeurs d'un site. D'autre part, elle s'envisage souvent en complément d'une lutte directe en périphérie.

Des résultats probants chez les rongeurs commensaux

Remontée de témoignages

Les solutions dédiées aux professionnels ont, depuis quelques années, démontré leur efficacité dans la lutte contre les rongeurs commensaux, notamment les souris. De nombreux témoignages font état d'une efficacité si le matériel utilisé est professionnel. Bon nombre de particuliers témoignent en revanche de l'absence d'efficacité du matériel bas de gamme.

Il est clair que les seules solutions techniquement valides sont celles dédiées aux professionnels et applicables par ces derniers en entreprise ou chez des particuliers.

Essais indépendants des fabricants

Nous avons voulu mener une campagne d'essais indépendants des fabricants de ces technologies. En collaboration avec le service de lutte antivectorielle de la ville de Lyon (Claude Bontemps), nous avons initié cette campagne en installant du matériel de diffusion ultrasons/infrasons sur un site très infesté de souris et n'ayant pas été traité depuis plus d'un mois.

Nous avons, avant de poser le matériel, enlevé les excréments de souris pour pouvoir évaluer l'efficacité du traitement par la réapparition d'excréments et leur densité traduisant le nombre d'individus. Nous avons installé dans une pièce de 40 m2 deux diffuseurs d'ultrasons et deux transpondeurs. Nous avons ensuite régulièrement suivi la fréquentation de la pièce par les souris.

Efficacité vérifiée sur la souris

Le Tableau 1 montre une efficacité totale durant les presque 50 jours de traitement. Les souris ont très rapidement fui la pièce. Cependant elles sont vite revenues dès que nous avons retiré le matériel. Ce qui montre la complémentarité entre cette solution ultrasons/infrasons et un traitement temporaire par anticoagulants en périphérie de la zone si le niveau d'infestation le justifie.

Des essais sont en cours sur des populations de rats bruns ; le même effet de fuite est observé.

Cela démontre que les solutions professionnelles peuvent fournir une efficacité importante. Reste à décider si les rongeurs déplacés seront contrôlés ou non en périphérie de la zone traitée par ultrasons/infrasons. Il en dépend de l'objectif du gestionnaire du site.

Potentiel chez d'autres espèces invasives

Diverses espèces, oiseaux compris

Des nombreuses espèces sont sensibles aux ultrasons/infrasons : outre les rongeurs, d'autres mammifères, ainsi que des oiseaux (pigeons et étourneaux sur stocks de grains, cormorans et hérons en pisciculture), des insectes (moustiques, blattes, mites alimentaires, hyménoptères), des acariens (ceux de la poussière, les tiques et sarcoptes) et arachnides (araignées). Des essais montrent une efficacité sur toutes ces cibles. La technique semble une solution d'avenir là où les appâts ne sont pas utilisables (protection animale, refus des solutions létales).

Ces animaux invasifs sont essentiellement sauvages. La configuration des lieux peut rapidement neutraliser les ultrasons/infrasons diffusés. La méthode doit donc s'adapter au site. Ainsi, équiper un bâtiment d'un système de diffusion d'ultrasons moyenne fréquence (20 kHz à 40 kHz) semble efficace pour déloger les pigeons dans la semaine suivant la pose. Mais il faut adapter le nombre de diffuseurs à la taille du site et au nombre d'oiseaux le fréquentant.

La technologie ultrasons/infrasons est prometteuse pour quatre principales raisons :

- elle est efficace si un matériel de bonne qualité est utilisé et bien posé ;

- elle ne provoque pas la mort des animaux, ce qui la rend très acceptable socialement ;

- elle est économiquement viable à moyen terme pour un site équipé en permanence ;

- elle est complémentaire aux techniques utilisables en périphérie de la zone traitée.

Quelles possibilités à l'avenir ?

Mais il manque à ce jour un réel développement technique du matériel sur d'autres espèces que les rongeurs et les pigeons, notamment chez les insectes.

Par ailleurs, ce matériel est utilisable dans et autour des bâtiments mais n'a pas encore fait l'objet de développement technique en nature ou en milieu agricole, par exemple contre les ravageurs des cultures, rongeurs et insectes (Tableau 2). La technique en est encore aux balbutiements, même si on sait déjà que la technologie la plus efficace associe ultrasons et infrasons.

Quels risques pour l'homme et l'animal domestique ?

Infrasons inoffensifs

Les infrasons, ondes sismiques (microvibrations), se propagent dans les structures. Les fréquences utilisées ici sont très inférieures à celles émises dans les technologies industrielles (ex. : mesure non intrusive d'intégrité de structures) et technologiques. Elles sont sans risque pour l'homme, les vibrations étant en général non perçues.

L'animal domestique (chien, chat, etc.) ressent ces vibrations mais moins intensément que les rongeurs et sans risque pour lui.

Ultrasons : deux types d'exposition

Les ultrasons se propagent dans l'air mais sont arrêtés par les structures. Ils sont utilisés dans de nombreuses technologies industrielles (sonar, etc.) et médicales (échographie, traitement ciblé de tumeurs, etc.). Les longueurs d'onde entre 16 kHz et 1 MHz (= 1 000 kHz) ont des applications industrielles. L'imagerie médicale utilise les ultrasons de 1 à 10 MHz.

Il existe deux types d'exposition : l'exposition par contact direct (couplage liquide-solide) et l'exposition auditive si la personne évolue dans la zone traitée.

Pas d'exposition par contact direct

Le risque par contact direct existe essentiellement avec les ultrasons de 20 à 100 kHz. Il peut se traduire par de légères douleurs aux mains si celles-ci sont exposées dans une cuve à ultrasons durant plusieurs minutes. Les ultrasons pouvant présenter un danger sont ceux inférieurs au MHz.

Cependant, les cas de lésions tissulaires sont rares chez l'homme et les animaux exposés à un faisceau d'ultrasons de 25 kHz. Les appareils antirongeurs, comme ceux utilisant les ultrasons en milieu industriel (ministère de la Santé canadien, 1991), n'exposent pas la population par contact.

Exposition auditive

Pour sa part, l'exposition auditive est de deux ordres : exposition dérangeante/subjective avec réaction du système nerveux central sans impact physique ; exposition occasionnant des lésions de l'oreille.

Les vibrations de l'air provoquent les sons audibles (fréquence 20 Hz à 20 kHz), les infrasons (en dessous de 20 Hz) et les ultrasons (au-delà de 20 kHz). Si le bruit audible est une préoccupation majeure de santé au travail, les ultrasons peuvent l'être dans une moindre mesure si leur intensité est élevée et leur émission prolongée.

La transmission prolongée d'ultrasons à de fortes intensités peut provoquer des effets nocifs. Une perte d'audition temporaire est possible par irritation de cellules sensorielles nerveuses des récepteurs de l'audition dans la cochlée (ou limaçon), à partir d'un niveau élevé de 120 dB (décibels). Les dommages ne sont pas permanents si le niveau maximal d'intensité est inférieur à 140 dB.

Même sans percevoir les ultrasons, la pression prolongée exercée dans l'oreille ou transmise par voie osseuse au crâne peut provoquer un malaise.

Chez les personnes en bonne santé, il survient en général si l'intensité dépasse 110 dB. Le matériel présenté ici émet des ultrasons bien au-dessous de ces intensités et est donc sans risque.

Les animaux domestiques étant beaucoup plus sensibles aux ultrasons, il ne faut pas les laisser dans les zones traitées.

Dans tous les cas, les symptômes pouvant apparaître chez l'homme ou l'animal domestique à la suite d'une exposition à un faisceau ultrasonique moyen (hors fréquences extrêmes), cas du matériel évoqué ici, sont d'une totale réversibilité sans endommager le système auditif ni provoquer de lésions au sens histologique du terme.

Fig. 1 : Sons « audibles », ultrasons, infrasons : qui entend quoi ?

 Source : Phytoma, d'après National Geographic et www.cochlea.org

Source : Phytoma, d'après National Geographic et www.cochlea.org

Tous sont des vibrations de l'air. Ils sont audibles (= perceptibles par l'appareil auditif) et émis par différentes espèces animales voire issus de phénomènes telluriques.

Ultrasons/infrasons : témoignage d'un fabricant

La société Ratdown est spécialisée dans la lutte contre les rongeurs, oiseaux et insectes : « L'efficacité des ultrasons/infrasons est établie mais requiert une connaissance des rongeurs et de leur mode de vie, et une maîtrise du matériel pour adapter la densité de la lutte à l'espèce à faire fuir, à la problématique du site et ses contraintes. Qualité du matériel et compétence du professionnel sont les deux piliers de la réussite. Nous avons équipé en ultrasons/infrasons plus d'une centaine de sites sensibles pour lutter contre la présence de rongeurs (rats bruns et souris). Le taux de satisfaction des clients (restaurants, grandes surfaces, industrie) dépasse 95 %. »

RÉSUMÉ

CONTEXTE - La lutte contre les rongeurs commensaux (rats, souris) vit une période de transition car la réglementation et les demandes sociétales poussent à trouver des méthodes alternatives, éventuellement non létales, aux rodenticides chimiques notamment les anticoagulants. L'utilisation d'ultrasons couplés à des infrasons (définitions dans l'article) y trouve un intérêt.

PRINCIPE - Il s'agit d'installer dans les lieux à protéger des diffuseurs d'ultrasons (audibles par les rongeurs dans l'espace où ils sont émis, stoppés par les structures) et des transpondeurs émetteurs d'infrasons (inaudibles mais générateurs de vibrations des structures perçues par les rongeurs). Les deux poussent les rongeurs à fuir les lieux (mécanismes expliqués).

RÉSULTATS - La technique est efficace sous réserve de matériel professionnel bien placé (indications dans l'article).

Des essais indépendants confirment son efficacité. Un contrôle (par rodenticides anticoagulants ou pièges mécaniques) peut être réalisé dans la zone où les rongeurs ont été refoulés (les cas dans lesquels la combinaison est intéressante sont cités). Les perspectives de la méthode ultrasons/infrasons sur rongeurs et d'autres espèces sont évoquées. Les risques pour l'homme et les animaux domestiques sont analysés.

MOTS-CLÉS - Qualité sanitaire des grains, rongeurs commensaux, rats, souris, contrôle, méthodes alternatives, méthodes non létales, ultrasons, infrasons.

POUR EN SAVOIR PLUS

AUTEUR : *R. LASSEUR, expert espèces invasives VetAgro Sup, campus Vétérinaire 69280 Marcy-l'Étoile.

CONTACT : romain.lasseur@vetagro-sup.fr

LIEN UTILE : www.lutter-contre-nuisibles.com

BIBLIOGRAPHIE :

- Lasseur R., Berny P., Da Cruz I., Benoit E. (février 2007). Rongeurs et l'Homme : quelles maladies ? N&Pi n° 48, p. 23-25.

- Lasseur, 2008 : Les rongeurs en milieu agricole. Phytoma n° 615, mai, p. 22-27.

- Lasseur R., Mastain O., Berny P., 2010 - Protection contre les rongeurs. Mythes et réalités des intoxications. Phytoma n° 636, août-sept., p. 34-38.

- Berny P., Velardo J., Pulce C., D'Amico A., Kammerer M., Lasseur R. (2010). Prevalence of anticoagulant rodenticide poisoning in humans and animals in France and substances involved. Clinical Toxicol. (2010) 48, 935-941.

- Ministère de la Santé canadien : code de sécurité 24 : principe d'utilisation des ultrasons ; 1991 ; 45 p.

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