ÉDITORIAL

LA RECHERCHE DURE DAVANTAGE QUE TROIS ANS

PAR MARIANNE DECOIN, RÉDACTRICE EN CHEF - Phytoma - n°688 - novembre 2015 - page 3

« L'amour dure trois ans » est le titre d'un roman puis d'un film(1) passé à l'état de proverbe parisien.

Ne jugeons pas ici de sa véracité... En tout cas, ce délai ne s'applique pas du tout à la recherche sur les sujets dont Phytoma rend compte ! Notre revue traite de santé végétale, des bioagresseurs qui la menacent et des moyens de la protéger. Or, citons l'article p. 43 : « La chute des budgets alloués à la recherche agronomique a, dans de nombreux pays européens, conduit à l'abandon d'essais à long terme. De plus, le mode de financement actuel, le plus souvent limité à trois ans, ne permet pas d'en mettre en place de nouveaux. » Trois ans, c'est court pour obtenir des résultats dès qu'on sort du couple bioagresseur précis/technique ciblée. Il faut bien davantage de temps pour étudier les interactions entre les plantes à maintenir en bonne santé, leurs bioagresseurs, leurs auxiliaires et le milieu. Lisez l'enchaînement des travaux sur la vigne face à la flavescence dorée (p. 12, p. 18, p. 21). Découvrez les études sur la vigne, la biodiversité et les phytoséiides citées p. 24 : elles ont commencé en 2005, bien avant Écophyto. Et même, à propos de couple bioagresseur/lutte ciblée... Si la confusion sexuelle se développe contre les tordeuses (p. 28), c'est que, lancée sur vigne il y a vingt ans, cette méthode de biocontrôle a eu le temps de se roder et s'améliorer par rapport à son état initial, de devenir de plus en plus attirante. « Rome ne s'est pas faite en un jour », voilà un proverbe à appliquer à la recherche en santé végétale.

(1) Roman publié en 1997 et film sorti début 2012, tous deux de Frédéric Beigbeder.

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