Le 26 octobre dernier, lors de la remise du grand prix du journalisme agricole de l'Afja(1) par le ministre de l'agriculture Stéphane Le Foll (photo), ce dernier annonçait la sortie d'un communiqué sur Écophyto 2. Le texte confirme globalement le projet que nous avions évoqué fin juin(2).
Ce projet avait été soumis à consultation publique du 8 au 29 juin dernier. Plus de 4 700 contributions ont été recueillies, dépouillées, analysées.
L'objectif reste, citons le communiqué, « la diminution du recours aux produits phytosanitaires de 50 % », avec une étape à « 25 % d'ici à 2020, reposant sur l'optimisation des systèmes de production » et une de « 25 % supplémentaires à l'horizon 2025 [...] grâce à des mutations plus profondes ». Les six axes proposés en juin sont confirmés.
Concernant le premier axe (faire évoluer les pratiques et les systèmes agricoles), le communiqué évoque les CEPP, certificats d'économie de produits phyto, en signalant l'ordonnance du 7 octobre (voir p. 7). Il promet que « l'indicateur de référence pour suivre les objectifs fixés au dispositif et les conditions de sa mise en oeuvre seront établis en concertation avec les parties prenantes ».
Oralement, Stéphane Le Foll a précisé que cet indicateur serait les quantités de substances actives (QSA) pondérées par les impacts des produits sur la santé humaine et l'environnement. De fait, l'ordonnance (voir p. 7), évoque la dangerosité des substances actives et les caractéristiques d'emploi des produits, lesquelles modulent l'exposition aux substances donc le risque réel lié aux produits formulés.
Pour mémoire, l'objectif du premier plan Écophyto était la baisse globale du Nodu (ventes) et de l'IFT (utilisations) en ignorant les différences de dangerosité entre produits. La création du Nodu vert était une première évolution en épargnant les produits de biocontrôle, le principe de pondération est la seconde.
Reste à voir quels coefficients seront fixés, sur quels critères, et comment se déroulera la concertation.
À propos de machinisme, le ministre a insisté sur la possibilité de diminuer les quantités de produits appliquées sans réduire celles reçues par le végétal grâce à la qualité d'application. Il se basait sur le cas des vignes et vergers sur lesquels la possibilité de réduction est forte(3).
Revenons au communiqué. Pour l'axe 2 (« amplifier les efforts de recherche »), le texte souligne que les efforts sur le biocontrôle en seront un des éléments capitaux. Concernant l'axe 4 (jardins, espaces végétalisés et infrastructures), il cite la loi de transition énergétique avançant les dates d'interdiction des produits phyto comme un élément du plan Écophyto 2.
Le 4 novembre, la « déclinaison pratique » du plan sera présentée.
(1) L'Afja, Association française des journalistes agricoles, remet tous les ans son Grand Prix du journalisme agricole. Cette remise est l'occasion d'une rencontre-débat. L'édition 2014 a vu concourir des journalistes pour des articles parus en 2014. Les deux lauréats sont : - Victor Guilbert pour l'enquête « En Isère, les pro et anti-loup à vif après le carnage de l'été », paru sur le site web Rue 89 Lyon, en octobre 2014 ; - Renaud Fourreaux pour le reportage « Île-de-France - Tous en Seine », paru dans la revue Agrodistribution, en mars 2014. (2) « Écophyto 2 : le projet se précise », Phytoma n° 685, juin-juillet 2015, p. 4. (3) Voir : - UMT EcotechViti, « Une vigne artificielle pour tester la qualité de pulvérisation », Phytoma n° 673, avril 2014, p. 20 à 25. - G. Chapuis, « Réduire la dérive en verger », Phytoma n° 653, avril 2012, p. 40 à 44.