Responsable de l'équipe de technico-commerciaux (TC) chez AxVigne, filiale du groupe céréalier Axéréal, en Indre-et-Loire, Dominique Carré explique : « Nous participons aux essais du Pool Vigne d'InVivo. Nous pouvons ainsi tester les produits deux-trois ans avant homologation. »
En matière de mildiou et d'oïdium, quelques nouveaux produits avec des matières actives déjà connues et des solutions alternatives (certains phosphonates de potassium, écorce d'orange, extraits de plantes...) sont examinés, le tout comparé aux programmes de référence. « Les solutions alternatives sont très souvent à utiliser en complément des solutions chimiques, rarement seules. »
Enherbement
En désherbage, Beloukha(1)est passé à la moulinette avec l'étude de plusieurs doses et adjuvants. Par ailleurs :
« Les vignes étant souvent enherbées, elles sont désherbées sur les deux tiers de la surface autour du rang. » Mais cette pratique de l'enherbement démarrée il y a vingt ans environ (avec beaucoup de fétuque rouge traçante très difficile à détruire) concurrence trop la vigne aujourd'hui et engendre une baisse de la production.
« Résultat : depuis quelques années, on est obligé de désherber chimiquement la vigne pour réduire l'enherbement ! Afin de trouver un juste milieu entre l'efficacité sur les adventices et la concurrence par rapport à la vigne, nous testons différents couverts permanents ou temporaires. »
Charbon sur esca
En dehors des essais InVivo, depuis trois ans, un gros dossier mobilise toutes les équipes d'AxVigne : l'esca et l'efficacité d'un produit à base de charbon (ESK Protect).
« Sur cent parcelles touchées par l'esca, le traitement a été comparé au témoin non traité sur un rang complet à chaque fois, soit 300 à 500 ceps par essai. Au bout de trois ans d'expérimentation, nous avons beaucoup de données à exploiter. Certaines parcelles réagissent bien au produit testé et d'autres pas. Il faut donc être très prudent et comprendre les raisons de cette efficacité aléatoire. »
Protocole calibré
Mais concrètement, comment se réalise un essai en vigne ? En dehors des essais esca, chaque modalité est répétée systématiquement quatre fois avec des micro-parcelles de trois rangs de dix pieds.
« Les deux faces du rang sont traitées avec un pulvérisateur pneumatique. Les notations ne se font que sur les six-huit pieds centraux du rang du milieu. » Pour l'épauler, deux référents techniques supervisent la mise en place des essais, les notations, etc., aidés eux-mêmes par les différents TC.
Kit flavescence dorée
Autre dossier qui mobilise l'équipe depuis cette année : la flavescence dorée.
« Jusqu'à présent, ce n'était pas vraiment un souci même si on trouvait des cicadelles depuis longtemps dans les pièges. Elles n'étaient a priori pas porteuses de la maladie. Mais en octobre 2015, un cep malade a été confirmé dans le Vouvray. Cela a entraîné une lutte obligatoire sur 80 ha. » Un réseau de piégeage des cicadelles a été mis en place durant six semaines en juin 2016 sur l'appellation vouvray : un piège pour 20 ha et 120 pièges au total.
« Au final, peu de cicadelles ont été piégées. »
Fin 2015, Dominique Carré entend parler du Vitikit FD de Phyteurop qui permet de détecter précocement les ceps touchés avec une fiabilité de 97 %, soit autant que la méthode officielle, et un délai de réponse bien plus rapide (une heure au lieu de quelques semaines).
« L'objectif pour nous était de détecter rapidement les ceps contaminés pour les supprimer et réduire au plus vite la propagation de la maladie. »
Les symptômes apparaissent en général durant l'été (juillet à octobre) et sont identiques à ceux de la maladie du bois noir, d'où la nécessité d'outils de diagnostic spécifiques. Dominique Carré confie le dossier à l'un de ses TC. Celui-ci suit une formation d'une journée avec Anova-Plus, concepteur du kit, pour pouvoir utiliser la mallette mini-laboratoire.
« Ce test n'est pas très compliqué à utiliser ; il faut seulement être rigoureux et au calme. »
Résultat rapide
« Quand un viticulteur repère un cep douteux, le TC se rend sur place pour vérifier si les symptômes caractéristiques sont présents : des feuilles qui s'enroulent et deviennent rigides, des inflorescences qui se dessèchent, des rameaux qui restent mous et l'absence de grappes. » S'il y a suffisamment de présomption (une fois sur dix), il prélève trois feuilles entières sur le cep avec leur pétiole. Le test doit être réalisé le plus tôt possible après prélèvement, ce dernier pouvant être conservé au frais et à l'abri de l'humidité trois jours maximum, idéalement au frigo. L'analyse se fait en trois temps et 45 min : préparation de l'échantillon à partir de 300 mg de pétiole, amplification de l'ADN et lecture du résultat. « Pour l'instant, cinq ceps ont été testés avec un résultat heureusement négatif. En cas de résultat positif, nous referons un test pour confirmer. »
S'il est confirmé ou s'il y a un doute, une analyse sera effectuée par la Fredon avec la méthode officielle. L'an prochain, Dominique Carré pense proposer à nouveau cette prestation à ses clients viticulteurs.
« C'est un moyen de les rassurer rapidement. De plus, cela nous aide à sensibiliser les TC au repérage des symptômes et permet à AxVigne de rester dans l'innovation. »
(1) Produit à base d'acide pélargonique pour l'épamprage et le désherbage.