ACTUS - GLYPHOSATE ET SULFOXAFLOR

LA FRANCE FAIT ENTENDRE UN SON DE CLOCHE PARTICULIER

Phytoma - n°709 - janvier 2017 - page 4

Vendredi 24 novembre, suspension du sulfoxaflor ; lundi 27, juste après le vote de renouvellement du glyphosate, annonce de son interdiction franco-française dans trois ans : la France joue en solo.
 Photo : P. Peeters - GFA

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Une décision judiciaire est, par essence, indépendante, et un vote européen d'ordre politique. Mais tous deux sont dans le même air du temps : la défiance envers les produits phyto « chimiques ».

æAu sujet du sulfoxaflor, le tribunal administratif de Nice a, par une ordonnance statuée en référé le 24 novembre, ordonné la suspension des AMM des deux insecticides à base de cette substance (Transform et Closer) autorisés depuis le 27 septembre dernier en France(1).

Le 24 novembre :

<2212_6> l'Anses qui a autorisé ces insecticides(2) a déclaré qu'elle « prend acte » de la décision et « suspend immédiatement » les deux AMM ;

<2212_7> Dow AgroSciences, détenteur de ces AMM, a annoncé déposer un recours devant le Conseil d'État ;

<2212_8> L'Unaf et GF(3) qui qualifient la substance de néonicotinoïde ont parlé de « soulagement » et de « victoire ».

Il ne s'agit pas d'interdiction définitive mais de suspension en l'attente d'un jugement sur le fond dont la date est inconnue. La vente des produits est suspendue. Pour information, des insecticides à base de sulfoxaflor sont autorisés dans une quarantaine de pays, certains depuis cinq ans.

&#230;Quant au glyphosate, le comité d'appel de l'Union européenne, représentant les pays membres, a, le 27 novembre, voté le renouvellement de son approbation pour cinq ans. La Commission va publier le règlement de renouvellement. Neuf pays dont la France ont voté « non ».

Notre président de la République a, le jour même, twitté : « J'ai demandé au gouvernement de prendre les dispositions nécessaires pour que l'utilisation du glyphosate soit interdite en France dès que des alternatives auront été trouvées, et au plus tard dans trois ans. » Il sera difficile de tenir en même temps deux promesses gouvernementales, celle de sortir du glyphosate et celle d'éviter les distorsions de concurrence entre pays européens. En effet, dix-huit pays dont l'Allemagne ont voté le renouvellement, donc gardent le glyphosate, et certains pays ayant voté « non » pourraient en faire autant : le risque de distorsion est fort. Ainsi, pour les deux produits, notre pays joue sa propre partition.

POUR EN SAVOIR PLUS

www.anses.fr

https://ec.europa.eu/commission

(1) Voir les tableaux des nouvelles AMM dans Phytoma n° 708, novembre 2017, p. 6.

(2) L'Anses a autorisé les produits car le sulfoxaflor a une structure chimique différente de celle des « néonics », un site d'action proche mais distinct du leur, pas de résistance croisée avec eux et, surtout, montre une faible persistance (demi-vie « de 1 à 4 jours, contre 120 à 520 » pour les néonics) ainsi que l'absence de métabolites problématiques. Or, sans entrer dans le débat sur la réalité du danger pour les pollinisateurs induit par les « néonics », on peut noter que ces derniers, neurotoxiques à large spectre (comme le sulfoxaflor, les pyréthrinoïdes et même les pyréthrines naturelles), associent la systémie et une longue persistance. Cette association fait que les « néonics », après application, migrent dans la plante jusqu'aux inflorescences et y persistent, certes à des doses sublétales mais avec des effets sur le comportement, notamment des abeilles (voir « Abeilles : l'étude sublétale », Phytoma n° 654, mai 2012, p. 38-39). La faible persistance du sulfoxaflor semble écarter ce risque.

(3) Union nationale de l'apiculture française et Générations Futures. Ils accusent le sulfoxaflor d'être un « néonic » vu notamment la proximité des modes d'action.

POUR EN SAVOIR PLUS

www.anses.fr

https://ec.europa.eu/commission

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