DOSSIER - Bonnes pratiques : les faire connaître

EPI : la révolution se poursuit !

JULIEN DURAND-RÉVILLE, responsable santé UIPP. - Phytoma - n°722 - mars 2019 - page 34

Les équipements de protection individuelle seront en 2019 dans la droite lignée des années 2017 et 2018, avec, entre autres, une nouvelle génération d'EPI vestimentaires et le déploiement du nouvel étiquetage des produits phyto.
Exemples de pictogrammes EPI.

Exemples de pictogrammes EPI.

 Campagne de sensibilisation Écophyto, projet ECo EPI (porté par Adivalor) et Contrat de solutions, une démarche qui propose des fiches actions aux agriculteurs.

Campagne de sensibilisation Écophyto, projet ECo EPI (porté par Adivalor) et Contrat de solutions, une démarche qui propose des fiches actions aux agriculteurs.

Alors que 2017 et 2018 ont été les années de la mise en place de la norme internationale EPI (équipement de protection individuelle) vestimentaires, spécifiquement adaptés au travail agricole(1), de la mise en marché en France des premiers EPI innovants (efficaces, confortables, réutilisables, esthétiques), de la standardisation officielle des recommandations EPI(2) et de la mise en place par l'industrie phytopharmaceutique du guide étiquetage(3)... l'année 2019 s'annonce tout aussi riche en progrès dans le domaine de la protection chimique agricole.

Gammes d'EPI vestimentaires agricoles

Toujours mieux adaptés

Plusieurs sociétés françaises(4) continuent d'étoffer leurs gammes d'EPI innovants : tabliers, nouvelles gammes d'EPI vestimentaires, nouveaux tissus, tissage et technique de déperlance, premières coupes différenciées « homme » et « femme » (au lieu de l'unisexe), ou encore une segmentation plus poussée en termes de design pour s'adapter mieux encore aux différentes tâches agricoles : après les combinaisons destinées aux opérateurs qui manipulent les produits phyto, puis les ensembles veste + pantalon, c'est au tour des modèles destinés aux travailleurs en rentrée (personnes qui travaillent dans des parcelles préalablement traitées) de se développer, pour la vigne ou l'arboriculture par exemple.

À noter, par ailleurs, la mise en place d'un Challenge « Epidom »(5), projet Écophyto 2, qui permet de mettre en compétition différentes équipes publiques/privées (fabricants d'EPI, universitaires, etc.) pour la conception de solutions EPI adaptées aux cultures tropicales et aux conditions des territoires d'outre-mer.

Guide étiquetage

Une mise en place rapide

L'association professionnelle de l'industrie phytopharmaceutiques (UIPP) a publié fin décembre 2017 le Guide étiquetage des produits phytopharmaceutiques à usage professionnel. Ce document vise à améliorer la lisibilité, homogénéiser l'organisation globale, les chapitres, l'ordre et les formats des étiquettes de produits phyto.

Ce travail collectif permet ainsi d'aider les utilisateurs à trouver « le même type d'information au même endroit », quelle que soit la marque du produit utilisé. Les industriels se sont largement mobilisés pour une mise en place rapide du guide, puisqu'après une année de travail, déjà 40 % des nouvelles étiquettes à fin 2018 suivent les préconisations volontaires du guide et les prévisions pour fin 2019 seraient de l'ordre de 80 % de nouvelles étiquettes conformes au guide.

Le guide a notamment permis la mise en place d'une approche visuelle commune autour des préconisations EPI, avec par exemple la mise en place de tableaux didactiques ou encore de pictogrammes partagés. Ces pictogrammes ont vocation à être utilisés sur les étiquettes de produits phyto, en magasin de distribution ou sur les catalogues de sociétés proposant des EPI.

Normalisation

Après les vêtements, les gants

Les travaux de normalisation internationale se poursuivent et la France reste un pays moteur dans la fourniture de données mais également dans son soutien au consortium EPI International(6), qui contribue activement aux travaux mondiaux sur les EPI. L'opportunité de la réouverture de la norme gants, ISO 18889, a permis aux fabricants de proposer l'ajout de nouveaux modèles de gants, destinés spécifiquement aux travailleurs qui rentrent dans une parcelle récemment traitée. Cette proposition, étayée par des données techniques complètes de l'UIPP (données de confort et études d'efficacité en condition réelle(7)), est en phase d'ébauche (« final draft ») de normalisation internationale : « Gant de protection pour les opérateurs manipulant des pesticides et les travailleurs de rentrée - Exigences de performance ». Le document final vient d'être soumis à la communauté internationale le 4 janvier 2019 et le vote final est prévu pour ce mois de mars.

Communication, le maître-mot

Un travail collectif

Si le travail technique sur les EPI a bien avancé, le volet de communication est encore en retrait. Cette insuffisance d'information explique en partie le manque d'adéquation entre les nouvelles préconisations et les protections utilisées par les agriculteurs et leurs salariés. En effet, les agriculteurs restent encore insuffisamment informés sur les évolutions réglementaires, normatives, d'étiquetage et de disponibilité d'EPI désormais mieux adaptés à leurs tâches. Un tel déferlement de nouveautés doit être concrètement expliqué auprès des relais de la filière agricole mais aussi directement auprès des agriculteurs.

Ces communications doivent être coconstruites et portées par tous les relais à la fois. En effet, la cible de communication, l'agriculteur, doit recevoir un même ensemble de messages, identifiables (outils, accroches, illustrations...), de la part d'un maximum de parties prenantes à la fois : administration, distribution, chambres, représentation agricole, médecins préventeurs, fabricants de produits phyto et d'EPI... Exemple : la communication sera d'autant plus efficace si l'agriculteur reconnaît les pictogrammes EPI qui lui sont nécessaires sur son bidon de produit phyto, et que ces mêmes pictos sont utilisés en illustration des gammes et dans les catalogues d'EPI vendus chez son distributeur ou négociant.

Les initiatives de communications 2018-2019

Projet multi-acteur

Plusieurs initiatives de communication et de regroupements de partenaires autour des enjeux EPI se sont lancées et vont se poursuivre en 2019 pour tenter d'élaborer des démarches collectives efficaces :

- l'initiative ECO EPI(8). Cette démarche volontaire porte sur la gestion de la fin de vie des EPI chimiques, utilisés lors de l'emploi de produits phyto ou de semences traitées. Cette démarche est portée par Adivalor et soutenue par les fournisseurs spécialisés d'EPI à usage agricole, de produits phyto et de semences, la distribution, les chambres d'agriculture, la FNSEA et la MSA ;

- le Contrat de solutions(9). Quarante-deux partenaires du secteur agricole (et notamment ceux cités plus haut) s'engagent dans ce contrat qui vise à construire une trajectoire de progrès pour la protection des plantes, basée sur des solutions concrètes, efficaces, durables et acceptées de tous. Le premier contrat présenté en 2018 propose 36 fiches actions, dont la n° 18 est focalisée sur les EPI pour « systématiser leur utilisation dans le cadre de la prévention du risque chimique ». Cette fiche est l'occasion pour les parties prenantes agricoles partenaires de se regrouper et agir ensemble autour de ce sujet clé ;

- le ministère de l'Agriculture. Une première campagne(10) a été lancée pour sensibiliser les agriculteurs à la nécessité de se protéger et de protéger leurs proches. Cette campagne « préliminaire » a vocation à se poursuivre, si l'on en croit le contenu du projet Écophyto 2+ : « La campagne de sensibilisation sur l'utilisation des EPI initiée en juin 2018 sera poursuivie et complétée pour sensibiliser notamment au port des EPI les plus adaptés, dans une approche globale de réduction des usages et des risques. »(11).

Quelle forme prendra cette ou ces communications ? Il est encore tôt pour le dire. Des premiers comités de pilotages devraient se réunir au printemps 2019 pour rallier formellement les acteurs nationaux, formaliser l'approche multipartenariale, puis définir les messages communs et consensuels, pour enfin bâtir les outils et illustrations nécessaires.

Par ailleurs, et pour améliorer la portée d'une telle campagne, le collectif du Contrat de solutions a déposé en décembre dernier un projet multi-acteur dans le cadre des appels à projets Écophyto 2018(12).

(1) Norme ISO 27065:2017.(2) Avis DGAL paru au JO du 13 juillet 2016. www.legifrance.gouv.fr (https://tinyurl.com/yy9j2v4f)(3) Guide d'étiquetage UIPP. www.uipp.org/Ressources/Guide-d-etiquetage-des-produits-phytopharmaceutiques-a-usage-professionnel(4) Citons notamment les sociétés Axe Environnement, Cepovett, Lebeurre SAS, Manulatex et Ouvry.(5) Challenge Epidom. www.ecophytopic.fr (https://tinyurl.com/y5hutqfn)(6) International Consortium for Personnal Protective Equipments for Pesticide Operators and Re-Entry Workers. wwwt.umes.edu/Consortium/Default.aspx?id=52214 (7) Determination of worker re-entry exposure (combined with dislodgeable foliar residues) associated to typical worker re-entry activities (shoot lifting) in vines in France and Italy, UIPP 2017.(8) Démarche Eco EPI/Adivalor : www.adivalor.fr/Adivalorecoepi/index.html (9) Contrat de solutions : www.fnsea.fr/nos-belles-initiatives/contrat-de-solutions/ (10) Campagne du ministère de l'Agriculture, « Je me protège, je protège mes proches - Porter vos équipements de protection permet de réduire l'exposition aux produits phytos », mai 2018 https://agriculture.gouv.fr/sante-des-agriculteurs-limportance-de-porter-des-equipements-de-protection-individuelle-epi(11) Projet de plan Écophyto 2+ (axe 3, partie « Valoriser et diffuser les outils et les connaissances »). (12) Dépôt du projet « Campagne EPI » : campagne nationale collective de sensibilisation aux nouvelles règles liées au port d'EPI (équipements de protection individuelle) agricoles.

1 - Les différents gants certifiables (si le vote final de la norme ISO 18889 est positif en mars 2019)

Maintien des deux catégories déjà existantes

• Gants de niveau G1, il s'agit de gants fins à usage unique, destinés par exemple aux changements de buses en dysfonctionnement lors d'un traitement.

• Gants de niveau G2, type gants en nitrile complets. Ils s'utilisent lors des phases les plus exposantes (mélange et chargement de bouillie phyto par exemple).

Une nouvelle catégorie proposée

• Gants de niveau GR. Ces gants dits « partiels » ont une enduction de « type nitrile » sur la paume et un tissage respirant au dos de la main (photo). Ils sont destinés aux travaux de rentrée dans les parcelles préalablement traitées, qui exposeraient les travailleurs à des résidus de pesticides secs ou partiellement secs (après une légère rosée par exemple) au niveau des doigts et de la paume de la main.

Cette nouvelle catégorie est indispensable car les seuls gants EPI certifiables jusqu'à présent ne sont pas du tout adaptés aux travaux de rentrée : les gants G1 sont trop fragiles et les G2 génèrent trop d'inconfort, de transpiration et ne permettent pas une dextérité suffisante.

RÉSUMÉ

CONTEXTE - Depuis 2017, les démarches se multiplient (normes, recommandations, étiquetage...)pour adapter les équipements de protection individuelle (EPI) aux usages agricoles. Ils évoluent pour sécuriser la manipulation des produits phytosanitaires mais aussi pour apporter un meilleur confort aux utilisateurs, par exemple, des EPI spécifiques apparaissent pour le travail de rentrée dans les parcelles préalablement traitées. L'ouverture de la norme ISO 18889 devrait conduire en 6 mars à la proposition de gants certifiés pour les travaux de rentrée.

Ces actions naissent d'une volonté collective d'informer et sensibiliser les agriculteurs et leurs salariés, pour favoriser une meilleure protection de tous.

MOTS-CLÉS - EPI, équipement de protection individuelle, étiquettes phyto, consortium EPI International, gants, risques chimiques, délai de rentrée, UIPP, norme Iso 18889, Adivalor, Eco EPI, contrat de solutions.

2 - Cepovett : une solution pour la protection des travailleurs... et des travailleuses agricoles !

Deux ans après avoir collaboré ensemble à la mise au point d'EPI vestimentaires pour la protection des opérateurs certifiées selon la norme ISO 27065 (combinaisons Phyto Confort et Phyto Protec), BASF Division Agro et Cepovett se sont intéressés à la protection des travailleurs agricoles lors des travaux de rentrée dans les parcelles traitées. Ils ont donc conçu un prototype comprenant un polo à manches longues et un pantalon long conçu à partir d'un tissu certifié selon la norme ISO 27065. Un important « test au porter » a été conduit lors du printemps et de l'été 2018 auprès de 32 travailleuses et 33 travailleurs agricoles.

L'intégration de ces retours d'expériences a conduit à la certification (niveau C2) d'un ensemble polo + pantalon, au look moderne et doté d'un tissu léger, français, déperlant et proposant une protection UV. Il s'agit du premier ensemble EPI vestimentaire avec une coupe homme et une coupe femme (six tailles disponibles), muni de poches et certifié pour trente lavages ménagers (40 °C). Un dos aéré en maille filet permet également d'en améliorer le confort.

3 - Axe Environnement : confort et haute protection

Après avoir lancé en 2016 la première gamme d'EPI vestimentaires dédiés à la manipulation des produits phyto, Axe Environnement présente la nouvelle génération de sa gamme Aegis, certifiée d'après le nouveau règlement 2016/425 et selon la norme ISO 27065. Forte des retours des utilisateurs depuis 2016 et en collaboration avec des Agri-ambassadeurs, la société a fait évoluer ses EPI vestimentaires afin de répondre au mieux aux attentes des agriculteurs. La nouvelle génération Aegis est disponible chez les distributeurs agricoles, de la taille S à 3XL, depuis le 15 décembre 2018.

Optimisation du confort : un textile plus léger (180 g/m²), plus respirant et plus confortable. Ce tissu est fabriqué en France.

Plus grande protection : niveau C2 de la norme ISO 27065, protecteur par répulsion des produits.

Facilité d'entretien : performances maintenues jusqu'à trente lavages.

Cette gamme est composée d'une combinaison double zip avec capuche et d'un ensemble veste (avec capuche) + pantalon en port indissociable. La gamme comporte des poches cuisse et poitrine avec rabat, des poignets et chevilles élastiqués ainsi que des rabats de recouvrement de l'ensemble des zips.

4 - Manulatex : la référence

Le tablier S-protec, imaginé sous impulsion de Syngenta et fabriqué en France depuis 2010, a été vendu à plus de 100 000 exemplaires. Il a démontré la capacité des agriculteurs à modifier leur comportement dès lors qu'un équipement répond à leurs attentes (simplicité d'usage, perception de sa bonne efficacité, réutilisabilité...). Le tablier S-protec vient d'obtenir la première certification comme EPI partiel de niveau C3 dans le cadre de la nouvelle norme ISO 27065. Appellé désormais S-protec Plus, il s'est encore amélioré avec une matière plus souple, un design des épaules plus confortable et une fermeture plus simple.

POUR EN SAVOIR PLUS

CONTACT : jdreville@uipp.net

LIEN UTILE : www.uipp.org

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