DOSSIER - Bonnes pratiques : les faire connaître

Effluents phyto : les bonnes pratiques jusqu'au bout

VALÉRIE VIDRIL*, DAMIEN SANCHEZ**, CAMILLE ESCOFFIER*** ET DANIEL GARCIA*** *Phytoma. **Axe Environnement. ***Adequ - Phytoma - n°722 - mars 2019 - page 41

La liste officielle des procédés de traitement des effluents phytosanitaires agréés évolue avec l'arrivée de deux nouveaux équipements en 2018... et le retrait d'un autre, pour cause de lectures différentes de l'arrêté du 4 mai 2017.
 Photo : Adequabio

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 3. Phytosec traite entre 1 100 et 1 600 litres d'effluents par an suivant l'emplacement géographique. Les effluents déshydratés et le tapis d'adsorption sont récupérés par Adivalor.       4. Phytobac (ici par Hermex) est un procédé de biodégradation sur substrat solide. Il ne génère pas de déchets dangereux (sauf en cas de prétraitement). Le volume du bac est calibré en fonction du volume d'effluents produits.        Les bactéries photosynthétiques de Phytobarre (en laboratoire (5) et au bassin (6)) dégradent les matières actives des effluents. Photos : 3. Axe Environnement - 4. V. Vidril - 5 et 6. D. Garcia

3. Phytosec traite entre 1 100 et 1 600 litres d'effluents par an suivant l'emplacement géographique. Les effluents déshydratés et le tapis d'adsorption sont récupérés par Adivalor. 4. Phytobac (ici par Hermex) est un procédé de biodégradation sur substrat solide. Il ne génère pas de déchets dangereux (sauf en cas de prétraitement). Le volume du bac est calibré en fonction du volume d'effluents produits. Les bactéries photosynthétiques de Phytobarre (en laboratoire (5) et au bassin (6)) dégradent les matières actives des effluents. Photos : 3. Axe Environnement - 4. V. Vidril - 5 et 6. D. Garcia

Fig. 1 : Le dispositif Phytobarre et ses bassins d'évaporation      Les bassins sont placés en ligne et espacés d'au moins 20 cm entre eux. Ils sont connectés pour permettre un écoulement par gravité d'un bassin à l'autre selon une répartition des effluents dans tous les bassins qui permet d'optimiser l'évaporation. Il est nécessaire de garder une colonne d'eau suffisante dans le premier bassin, dit bassin « mère », qui va servir de réservoir de biodiversité bactérienne pour tous les autres bassins « filles » et ainsi permettre d'optimiser la biodégradation.      Ainsi, le premier bassin se remplit jusqu'à H/2 (hauteur/2) et se déverse ensuite dans le deuxième bassin. À partir de ce dernier, les effluents se répartissent dans les bassins suivants (bassins « filles ») dès que le niveau atteint H/10. De cette façon, la surface d'évaporation est multipliée très rapidement par le nombre de bassins présents sur le site. Cette répartition n'affecte pas le volume maximal acceptable prévu du dispositif et la surface d'évaporation est multipliée rapidement par le nombre de bassins de l'installation.

Fig. 1 : Le dispositif Phytobarre et ses bassins d'évaporation Les bassins sont placés en ligne et espacés d'au moins 20 cm entre eux. Ils sont connectés pour permettre un écoulement par gravité d'un bassin à l'autre selon une répartition des effluents dans tous les bassins qui permet d'optimiser l'évaporation. Il est nécessaire de garder une colonne d'eau suffisante dans le premier bassin, dit bassin « mère », qui va servir de réservoir de biodiversité bactérienne pour tous les autres bassins « filles » et ainsi permettre d'optimiser la biodégradation. Ainsi, le premier bassin se remplit jusqu'à H/2 (hauteur/2) et se déverse ensuite dans le deuxième bassin. À partir de ce dernier, les effluents se répartissent dans les bassins suivants (bassins « filles ») dès que le niveau atteint H/10. De cette façon, la surface d'évaporation est multipliée très rapidement par le nombre de bassins présents sur le site. Cette répartition n'affecte pas le volume maximal acceptable prévu du dispositif et la surface d'évaporation est multipliée rapidement par le nombre de bassins de l'installation.

Différentes stratégies de gestion des effluents existent : à la parcelle, en tant que déchets dangereux ou à l'aide d'un dispositif de traitement. Certains procédés sont reconnus, d'autres non.

Des procédés reconnus officiellement...

Avis publié au Bulletin officiel de la transition écologique et solidaire

Dans un avis du 30 août 2018(1), publié au Bulletin officiel de la transition écologique et solidaire du 25 septembre 2018, le ministère (MTES) met à jour la liste des procédés de traitement des effluents phytopharmaceutiques reconnus efficaces. Elle ajoute à la précédente liste datée de février 2017 deux nouveaux procédés et publie leurs notices techniques : le Phytobarre, de l'entreprise Adequabio, et le Phytosec, d'Axe Environnement, qui enrichit ainsi sa gamme. Tous deux sont reconnus pour traiter les effluents des traitements phytopharmaceutiques des grandes cultures, de la viticulture, de l'arboriculture et des cultures légumières. Le Phytosec est également reconnu pour l'horticulture et les ZNA (zones non agricoles).

Efficacité selon les effluents

Pour chaque procédé, qu'il soit physique, chimique ou biologique, l'efficacité a été reconnue par un tiers expert pour certains champs d'application (voir tableau p. 45) : viticulture, arboriculture, grandes cultures, cultures légumières, horticulture ornementale, ZNA, post-récolte.

L'agriculteur peut épandre ou vidanger les effluents traités par ces procédés dans les conditions fixées par l'annexe I de l'arrêté du 4 mai 2017 relatif à la mise sur le marché et à l'utilisation des produits phytopharmaceutiques et de leurs adjuvants, ainsi que les notices techniques fournies par les distributeurs. Les déchets dangereux (boues de traitement et prétraitement, filtres, bâches, papiers usagés, résidus asséchés...) issus de l'utilisation de ces procédés doivent être éliminés dans une installation autorisée. Quand ils sont remis à un tiers pour traitement, ils doivent être accompagnés par un bordereau de suivi des déchets dangereux (BSDD(2)). Le transport des déchets dangereux peut être soumis à VADR (accord européen relatif au transport de marchandises dangereuses par la route) en tant que marchandise dangereuse.

Des procédés non reconnus

Un arrêté sujet à interprétation

L'Ecobang, de la société Vento-Sol (Tarn), reconnu par le MTES dans l'avis publié le 10 janvier 2017 pour le traitement des effluents phytosanitaires viticoles, a disparu de la liste du 30 août 2018. Ce retrait fait suite au recours administratif engagé par le dirigeant de la société Vento-Sol, Nicola Vento, devant la justice administrative. En effet, pour le ministère, le procédé entre dans le champ d'application de l'arrêté du 12 septembre 2006 (remplacé par l'arrêté du 4 mai 2017) et tout traitement autre que celui des effluents phytosanitaires viticoles est interdit.

Pour le plaignant en revanche, l'arrêté du 4 mai 2017 n'interdit pas le traitement des effluents, mais l'épandage des effluents après traitement (voir Encadré 1). Or les effluents phytosanitaires traités par Ecobang (évaporation de la phase aqueuse) ne sont pas destinés à être épandus mais traités dans un centre agréé de traitement des déchets. Le 15 mai 2018, le tribunal administratif de Toulouse a donné raison à Vento-Sol, constatant qu'Ecobang n'avait pas besoin de reconnaissance pour pouvoir être utilisé et commercialisé dans le cadre de la gestion des effluents phytosanitaires.

Des solutions sur mesure

Sa décision étant exécutoire, Vento-Sol a donc le droit de vendre son procédé à d'autres clients que ceux du secteur viticole. La société a d'ailleurs étoffé sa gamme Ecobang et propose des solutions sur mesure pour adapter son système sur n'importe quel type de cuves. Selon Vento-Sol, la liste officielle n'est pas exhaustive et d'autres procédés de gestion des effluents pourraient être utilisés à condition de respecter le code de l'environnement, et ils pourraient prétendre à des aides dans le cadre des investissements d'aménagement pour les aires de lavage.

L'administration s'est pourvue en appel de ce jugement afin de défendre sa lecture des dispositions de l'arrêté du 4 mai 2017 selon laquelle tous les procédés de traitement des effluents phytopharmaceutiques doivent voir leur efficacité évaluée puis reconnue officiellement par leur inscription sur une liste positive publiée au Bulletin de l'environnement.

Deux nouveaux procédés agréés

Phytosec : par déshydratation/adsorption

Reconnu efficace par le ministère de la Transition écologique et solidaire en 2017, le système Phytosec est un procédé de traitement des effluents phytopharmaceutiques par déshydratation/adsorption créé et commercialisé par la société Axe Environnement. Il est homologué en France en viticulture, arboriculture, grandes cultures, cultures légumières, horticulture et ZNA.

Il est composé d'un caisson dans lequel est positionné un groupe d'aspiration et d'une caisse palette. Son fonctionnement est simple. L'utilisateur dépose une sache à l'intérieur de la caisse palette et y dépose ses effluents. Un caisson est ensuite positionné sur la caisse palette. Une fois le système branché, l'air extérieur est capté et réchauffé dans le caisson puis le groupe d'aspiration le pulse dans la caisse palette, générant ainsi un flux d'air qui accélère la déshydratation des effluents.

Pollution de l'air adsorbée

En fonction du volume d'effluents généré et leur fréquence de production, le système peut être utilisé en batch (déshydratation totale puis recharge de 540 litres d'effluents) ou en continu. Dans tous les cas de figure, le volume maximal du système ne doit pas excéder 540 l au 15 août afin de laisser le système déshydrater la totalité des effluents avant la mise en hivernage du procédé fin octobre.

Le système Phytosec prend en compte la pollution de l'air : son tapis d'adsorption contient le transfert des produits phytopharmaceutiques de la phase liquide vers la phase gazeuse. Les effluents déshydratés restent dans la sache et seront retraités, avec le tapis d'adsorption, par Adivalor.

Le Phytosec traite entre 1 100 et 1 600 litres d'effluents par an suivant l'emplacement géographique. L'ensemble sache et caisse palette faisant office de double paroi, le procédé peut s'installer facilement dans la limite des distances imposées par la réglementation vis-à-vis des limites de propriété et des points d'eau. Depuis le début de sa commercialisation en septembre 2017, plus de 160 unités ont été vendues.

Phytobarre : évaporation et traitement biologique

Le procédé Phytobarre (primé Innovation bronze et prix du public au Sival 2018), commercialisé par la société Adequabio et ses distributeurs officiels, a obtenu la reconnaissance de son efficacité de la part du ministère de la Transition écologique et solidaire sous le numéro PT18001. Il est agréé pour les effluents phytosanitaires de la viticulture, de l'arboriculture, des cultures légumières et des grandes cultures. Il permet leur confinement, la réduction de leur volume par évaporation non forcée et leur traitement par dégradation bactérienne mettant en jeu un consortium de bactéries photosynthétiques sélectionnées capables de dégrader les matières actives.

Éprouvé pendant plus de trois ans lors d'un projet européen cofinancé par le dispositif Life (lifephytobarre.eu), il a démontré son efficacité et sa simplicité d'utilisation : le consortium de bactéries est capable de dégrader, au cours d'une année, plus de 95 % d'une cohorte de 140 pesticides différents. Par ailleurs, l'évaporation naturelle de l'eau, optimisée par la structure et l'agencement des bassins, permet la réduction du volume des effluents.

Pas d'entretien particulier

Le dispositif se constitue d'un ou plusieurs bassins hors-sol d'un volume de 9 m3 étanchéifiés par une géomembrane et couverts d'un toit transparent. Il ne génère pas de rejet liquide et ne nécessite pas d'épandage. Après dix années d'utilisation, limite de garantie des géomembranes, le déchet final, constitué par ces dernières et les résidus secs qu'elles contiennent, sera traité dans un centre agréé. L'enlèvement, le recyclage et le remplacement à neuf des géomembranes sont assurés par la société Adequabio ou l'un de ses distributeurs accrédités pour cette prestation.

Le nombre de bassins (et donc la capacité d'accueil des effluents) est déterminé en accord avec l'utilisateur. Le volume annuel d'effluents est diagnostiqué a priori et le volume acceptable est sécurisé par un surdimensionnement de cette capacité. Ceci permet :

- de gérer les crêtes d'effluents en saison de traitement ou en cas d'accident (débordement, etc.) ;

- de recevoir d'une année sur l'autre de nouveaux effluents sans besoin de vidange ;

- de n'entraîner aucun rejet liquide dans l'environnement car l'évaporation continue compense les apports.

Une fois dimensionné et implanté, le procédé ne nécessite aucun entretien particulier si ce n'est l'ajout chaque année en début de saison culturale d'une dose de bactéries produites et fournie par la société Adequabio ou ses distributeurs officiels.

Le Phytobarre est utilisable sur une grande gamme de volumes, de 1 à 100 m3 (et plus), et est donc compatible avec une utilisation individuelle autant que collective. Un modèle de bassin d'une capacité totale de 9 000 litres est actuellement disponible en standard. Le volume des bassins peut aussi être adapté à la demande du client.

(1) Avis du 30 août 2018 relatif à la liste des procédés de traitement des effluents phytopharmaceutiques, reconnus comme efficaces par le MTES (DGPR/SRSEDPD) NOR : TREP1816840V.www.bulletin-officiel.developpement-durable.gouv.fr/documents/Bulletinofficiel-0030426/met_20180009_0000_0022.pdf(2) Disponible sur le site www.service-public.fr

RÉSUMÉ

CONTEXTE - La liste officielle des procédés de traitement des effluents phytopharmaceutiques, examinés par un tiers expert et reconnus efficaces par le ministère de la transition écologique et solidaire (MTES), comporte, fin février, dix-huit équipements.

Les effluents traités issus de ces procédés peuvent être épandus au champ ou recyclés. Toutefois, ni les supports filtrants (charbons actifs, membranes et filtres), ni les concentrés liquides ou solides (boues, résidus secs...) issus des procédés de séparation physique ne peuvent être épandus. Ils sont considérés comme des déchets dangereux (DD).

DIFFÉRENTES ACTIONS - Les procédés de traitement agissent par dégradation biologique par les micro-organismes, déshydratation, actions physico-chimiques de floculation-coagulation-filtration ou encore dégradation par les UV. La plupart génèrent des DD qui doivent être éliminés par des filières agréées, hormis le Phytobac et le Phytocompo (sauf en cas prétraitement) ainsi que l'UTP.

DES PROCÉDÉS NON RECONNUS - Certains procédés de gestion des effluents, comme Ecobang, ne se trouvent pas dans la liste parue au Bulletin officiel.

Selon le MTES, ils ne peuvent être utilisés pour traiter les effluents tant qu'ils n'ont pas été examinés et leur efficacité reconnue officiellement. Une décision du tribunal administratif de Toulouse du 15 mai 2018 valide cependant la lecture de la société Vento-Sol selon laquelle l'arrêté du 4 mai 2017 n'interdit pas le traitement des effluents mais l'épandage des effluents après traitement. Le ministère a fait appel.

MOTS-CLÉS - Bonnes pratiques, effluents phytopharmaceutiques, traitement, Phytobac, Phytocompo, Phytobarre, Phytosec, Ecobang, déchets dangereux (DD), épandage.

1 - Arrêté du 4 mai 2017 : extraits

Article 1

(...) « Effluents phytopharmaceutiques » : fonds de cuve, bouillies phytopharmaceutiques non utilisables, eaux de nettoyage du matériel de pulvérisation (dont le rinçage intérieur ou extérieur), ainsi que les effluents liquides ou solides ayant été en contact avec des produits ou issus du traitement de ces fonds de cuve, bouillies, eaux ou effluents (...).

Article 9

L'épandage ou la vidange des effluents phytopharmaceutiques est autorisé dans les conditions définies ci-après, dès lors qu'ils ont été soumis à un traitement par procédé physique, chimique ou biologique, dont l'efficacité a été reconnue par un tiers expert (...).

Les effluents épandables ou vidangeables issus de ces traitements peuvent se présenter sous forme liquide ou solide mais ne peuvent être ni des supports filtrants, tels que les charbons actifs, les membranes et les filtres, ni des concentrés liquides ou solides issus des procédés de séparation physique (...). La liste des traitements remplissant les conditions définies à l'annexe 2 du présent arrêté et les notices techniques requises pour la mise en oeuvre de chaque procédé de traitement seront publiées au Bulletin officiel du ministère chargé de l'environnement.

L'inscription d'un procédé de traitement sur cette liste vaut autorisation au titre de l'article L. 255-2, alinéa 3, du code rural et de la pêche maritime pour l'épandage des effluents solides résultant de ce traitement, épandables dans les conditions visées ci-dessus et, le cas échéant, dans les conditions fixées par les notices techniques.

Article 11

Les effluents phytopharmaceutiques et les déchets générés par l'utilisation des produits, autres que ceux respectant les conditions fixées aux articles 7, 8 et 9, doivent être éliminés conformément à la réglementation en vigueur, en particulier les titres Ier et IV du livre V du code de l'environnement.

2 - Choix du dispositif de traitement

Première étape : estimer les volumes d'effluents à traiter et les périodes de production pour le dimensionnement.

Puis, choisir le dispositif selon :

- les champs d'application possibles (viticulture, grandes cultures, ZNA...), sa facilité d'utilisation et ses coûts d'investissement et de fonctionnement ;

- les équipements existants ;

- la surface de stockage disponible et son positionnement (points d'eau, etc.) ;

- les déchets générés ou non...

POUR EN SAVOIR PLUS

CONTACTS : v.vidril@gfa.fr

damien.sanchez@axe-environnement.eu

contact@adequabio.fr

LIENS UTILES : Guide pratique Adivalor « Stratégie de gestion des déchets issus du traitement des effluents de produits phytosanitaires » disponible sur le site de l'Agence de l'Eau Rhône-Méditerranée-Corse : https://www.eaurmc.fr/upload/docs/application/pdf/2017-05/2010-effluents-dechets-phytos-guide.pdf

Liste des procédés agréés : http://driaaf.ile-de-france.agriculture.gouv.fr/Liste-des-procedes-pour-le

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