ÉDITORIAL

AUX GRANDS MAUX, LES BONS MOTS

PAR VALÉRIE VIDRIL, RÉDACTRICE EN CHEF - Phytoma - n°739 - décembre 2020 - page 3

La stratégie nationale de déploiement du biocontrôle illustre la volonté du gouvernement de développer des alternatives aux produits phytopharmaceutiques dits « conventionnels », décriés à tort ou à raison pour leur impact sur la santé et/ou l'environnement. Avec leur profil écotoxicologique évalué plus favorable, les produits de biocontrôle passent le crible d'une pression réglementaire et sociétale de plus en plus prégnante. Toutefois, il ne s'agit pas de jouer sur les mots. Mis à part les macro-organismes, les produits de biocontrôle restent des produits phytosanitaires, à risques faibles certes, pour la plupart, mais à risques quand même. La sensibilisation du public sera incontournable pour que ces produits ne deviennent pas le prochain sujet de controverse de consommateurs idéalisant une agriculture « sans phyto ». Malgré tout, il faut pouvoir valoriser les efforts entrepris pour intégrer ces alternatives. Mais avec quel vocabulaire ? Le biocontrôle n'est pas connu des consommateurs. Accepteront-ils de payer un peu plus cher des denrées issues d'une « agriculture hybride » ou de la « troisième voie » ? Pour les agriculteurs, la transparence est aussi de mise : le biocontrôle ne doit pas être présenté comme une solution miracle. L'efficacité partielle de certains produits oblige à les combiner à d'autres pratiques, ils ne sont pas à l'abri de phénomènes de résistance, les conditions d'emploi impliquent une grande maîtrise technique, on manque de recul sur l'innocuité de certaines substances, les équilibres biologiques en jeu sont imprévisibles : la formation et l'information seront indispensables.

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