Un rapport de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) publié le 12 octobre signale les non-conformités(1) répétées dans les eaux destinées à la consommation humaine dues à des métabolites du métolachlore.

La substance active S-métolachlore est utilisée sur tout le territoire dans des formulations herbicides de prélevée (en particulier contre les graminées) en grandes cultures (tournesol, maïs, sorgho, soja, betterave sucrière), ainsi que sur haricots et pois, ananas et canne à sucre. « La recrudescence d'adventices difficiles à gérer à la suite de la disparition de nombreuses substances actives herbicides de printemps et la recrudescence de résistances ont favorisé le recours à cette substance active, seule ou en association », précise le rapport de l'Anses, qui avait été saisie en mai 2021 par la Direction générale de la santé du ministère de la Santé. « Tant que l'intensité d'utilisation du S-métolachlore, constamment élevée depuis au moins dix ans, sera importante et les conditions d'emploi inchangées, il n'y a pas de raison de penser que la situation évoluera. »

Les métabolites du S-métolachlore (ESA, OXA, NOA 413173) se retrouvent aussi bien dans les eaux environnementales que dans les eaux destinées à la consommation humaine (EDCH). En 2020, les sociétés détentrices de produits à base de S-métolachlore ont établi des recommandations pour leurs produits à base de S-métolachore(2), conseillant en particulier de plafonner la dose à 1 000 g/ha, d'instaurer un dispositif végétalisé permanent (DVP) de 5 m et de ne pas utiliser les périmètres d'aires d'alimentation de captages prioritaires et zones sensibles. Dans ce contexte, l'Anses préconise notamment de renforcer les plans de surveillance de contamination des eaux : analyser le paramètre « métolachlore total » plutôt que le S-métolachlore, augmenter le suivi de la substance et de ses métabolites pertinents, mieux comprendre les relations entre les conditions d'application du S-métolachlore dans les parcelles et les non-conformités dans les eaux...

L'Anses propose par ailleurs d'envisager une approche globale de la question du désherbage du maïs, notant que la question de la fréquence de quantification élevée de métabolites du S-métolachlore dans les eaux environnementales est concomitante à un sujet similaire qui a émergé concernant la terbuthylazine. « Ces deux substances phytopharmaceutiques sont utilisées dans le cadre du désherbage du maïs [...]. Il serait opportun et pertinent de traiter la question des produits phytopharmaceutiques utilisés et des mesures de gestion associées au regard de la question du désherbage du maïs prise dans sa globalité et non par produit phytopharmaceutique pris individuellement. Par ailleurs, le nicosulfuron, substance phytopharmaceutique utilisée également dans le cadre du désherbage du maïs, pourrait aussi être considéré dans une approche globale. »

La première autorisation des produits contenant du S-métolachlore remonte à 1998 ; le métolachlore, utilisé entre 1974 et les années 2000, peut être à l'origine des mêmes métabolites. Les données de vente sur la période 2009-2019 situent quasiment toujours le S-métolachlore parmi les dix substances les plus vendues en France.

Sa période d'approbation a été prolongée jusqu'au 31 juillet 2022 afin d'accorder le temps nécessaire à la réalisation de son évaluation. Sur décision du 29 novembre 2021, les AMM des produits contenant du S-métolachlore ont été modifiées. Dorénavant la dose maximale est de 1 000 g/ha/an, une zone non traitée (ZNT) de 20 m avec DVP de 5 m est requise, l'utilisation sur parcelle drainée en période d'écoulement des drains est interdite. Ces évolutions réglementaires concernent tous les usages grandes cultures et, à ce jour, les cultures légumières conservent les conditions d'utilisation antérieures.

www.anses.fr/fr/system/files/PPV2021AST0088Ra.pdf(1) Présence à des concentrations supérieures aux limites de qualité.(2) https://tinyurl.com/ssc2cv7dhttps://tinyurl.com/yckjjpp9