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dossier - Bonnes pratiques phytosanitaires après les traitements

Éliminer les effluents phytopharmaceutiques, il faut a-ccom-pa-gner

Marianne Decoin* - Phytoma - n°626 - octobre 2009 - page 36

Diagnostic préalable, prise en charge des déchets : l'accompagnement est une des clés du succès d'un procédé de traitement des effluents phytos
Phytobac au Serfel du Gard (ph. Bayer)

Phytobac au Serfel du Gard (ph. Bayer)

Héliosec dans l'Eure-et-Loir. Ces dispositifs fabriqués par la société Solhead sont vendus par des distributeurs sous cahier des charges Syngenta Agro.      Il faut un diagnostic préalable, notamment pour « calibrer » l'installation selon les besoins de l'exploitation, et la collecte des bâches doit être assurée. ph. M. Decoin

Héliosec dans l'Eure-et-Loir. Ces dispositifs fabriqués par la société Solhead sont vendus par des distributeurs sous cahier des charges Syngenta Agro. Il faut un diagnostic préalable, notamment pour « calibrer » l'installation selon les besoins de l'exploitation, et la collecte des bâches doit être assurée. ph. M. Decoin

Station Osmofilm proposée par Axe Environnement : dispositif placé sur bac de rétention, sécurisé par grillage et surmonté de sa cuve tampon. Désormais, Adivalor assure l'élimination des saches usagées. ph. Osmofilm

Station Osmofilm proposée par Axe Environnement : dispositif placé sur bac de rétention, sécurisé par grillage et surmonté de sa cuve tampon. Désormais, Adivalor assure l'élimination des saches usagées. ph. Osmofilm

Aire de remplissage-lavage du pulvérisateur. Le dispositif Osmofilm est visible à droite de la photo, sur sa rétention et avec la cuve tampon à côté. Basf Agro, qui s'est beaucoup impliqué dans la mise au point du procédé, soutient l'opération de prise en charge des déchets. ph. Osmofilm

Aire de remplissage-lavage du pulvérisateur. Le dispositif Osmofilm est visible à droite de la photo, sur sa rétention et avec la cuve tampon à côté. Basf Agro, qui s'est beaucoup impliqué dans la mise au point du procédé, soutient l'opération de prise en charge des déchets. ph. Osmofilm

Dispositif BF Bulles et la couleur des effluents avant et après traitement. Agrovista qui a repris le procédé propose les moyens de gérer les déchets ultimes. ph. Agrovista

Dispositif BF Bulles et la couleur des effluents avant et après traitement. Agrovista qui a repris le procédé propose les moyens de gérer les déchets ultimes. ph. Agrovista

Phytobac dans une exploitation fruitière des Deux-Sèvres. Il a été installé après diagnostic préalable effectué par un « expert Phytobac » selon le cahier des charges Bayer CSF. ph. Bayer

Phytobac dans une exploitation fruitière des Deux-Sèvres. Il a été installé après diagnostic préalable effectué par un « expert Phytobac » selon le cahier des charges Bayer CSF. ph. Bayer

Phytobac dans un lycée agricole du Var. À base de kits préfabriqués (les sociétés Hermex et Biotisa en proposent), il suit lui aussi le cahier des charges Bayer CSF. ph. Bayer

Phytobac dans un lycée agricole du Var. À base de kits préfabriqués (les sociétés Hermex et Biotisa en proposent), il suit lui aussi le cahier des charges Bayer CSF. ph. Bayer

On l'a vu p. 30 à 34, tout applicateur professionnel de produits phytopharmaceutiques a le choix entre divers procédés officiellement reconnus par le MEEDDM (1) pour traiter ses effluents phytos. Mais avant de choisir un procédé, il faut répondre à plusieurs questions. La première que posent les agriculteurs est : que faire des déchets générés par le traitement des effluents ? En effet, les procédés reconnus minimisent la quantité de déchets dits dangereux par rapport à ce que représentent les effluents de départ, mais pour la plupart ils en produisent quand même un peu ! D'autres questions se posent moins naturellement mais on a intérêt à y répondre : de quelle capacité de traitement ai-je besoin, autrement dit quelle quantité génère mon exploitation sur l'année et avec quels pics d'apport ? Et aussi : quel emplacement choisir ? Bref, un accompagnement et une aide à la gestion des résidus ultimes sont bien utiles... Le secteur les assure de plus en plus. Démonstration.

Commençons par l'Héliosec de Syngenta Agro, procédé récemment reconnu. En fait, il l'est depuis le printemps 2008(2) mais ses promoteurs ont attendu, pour le lancer, d'avoir réglé la question de la récupération de ses déchets ultimes et organisé l'accompagnement de son installation.

Héliosec : diagnostic, sécurisation et récupération organisés

Le procédé est actuellement reconnu depuis le printemps 2008 en agriculture (grandes cultures, viticulture, cultures légumières et arboriculture sauf post-récolte), mais aussi depuis août 2008 en zones non agricoles.

Principe : déshydratation naturelle à l'air libre

Le système fonctionne par évaporation naturelle de l'eau contenue dans les effluents ; on n'a plus à récupérer qu'un reliquat solide ou boueux de volume réduit. Attention, « l'évaporation naturelle est le principe le plus simple qui soit, mais un Héliosec n'est pas un quelconque bassin où laisser croupir les effluents ! » soulignait Catherine Verrier, responsable du Groupe Stewardship (3) Syngenta Agro, lors d'une visite chez un agriculteur utilisateur dans l'Eure-et-Loir le 2 juillet dernier.

Diagnostic obligatoire et matériel sécurisé

D'une part, un tel dispositif ne peut être mis en place qu'après un diagnostic permettant de choisir une taille et un emplacement adaptés aux besoins de l'exploitation. Le distributeur de produits phytos réalise le diagnostic sous cahier des charges Syngenta Agro avant de vendre le dispositif, le facturer puis vérifier après l'installation que tout va bien.

D'autre part il s'agit d'une (ou plusieurs s'il le faut) cuve(s) à double coque en polyéthylène. Ce matériau est imperméable aux effluents avec leurs matières actives, solvants et autres coformulants, même si normalement il n'est pas en contact avec eux. Chaque cuve est sécurisée par un châssis en acier galvanisé grillagé sur les côtés et recouvert d'un toit translucide répondant aux normes « piscines » (photo). Le châssis est en deux parties solidement verrouillées mais écartables facilement pour récupérer les déchets. On est loin du bassin de décantation vaguement fuyard, ouvert à tous vents ou recouvert de tôles disjointes et où le chat vient tremper ses moustaches...

Les effluents peuvent être introduits directement depuis l'aire de rinçage car le procédé n'exige ni débourbeur ni déshuileur. Syngenta Agro conseille quand même d'avoir une cuve tampon étanche et bien fermée où les effluents peuvent attendre à l'abri. C'est utile en cas de pic d'apport ou en hiver (après un désherbage de céréales, etc.) quand le dispositif n'évapore guère.

En pratique, qui installe...

L'Héliosec est fabriqué par la société Solhead. Elle vend les appareils aux distributeurs et les livre à leurs clients agriculteurs au fur et à mesure des commandes de ces derniers. Il faut une demi-journée à deux personnes pour l'installer, promet Syngenta Agro, si le sol de l'emplacement choisi a été préalablement bétonné.

Enfin, le dispositif comprend une bâche plastique spécifique imperméable aux bouillies phytosanitaires à placer dans le bac avant utilisation, et un fût destiné à recueillir la bâche une fois chargée de résidus solides ou boueux après déshydratation.

« Au contraire des vieux bassins de décantation difficiles à vidanger sans y patauger, le remplacement de la bâche se fait simplement, et on peut stocker la bâche usagée dans le fût hermétique aussi longtemps que nécessaire, souligne C. Verrier, en ajoutant : bien sûr et comme pour préparer les bouillies, nous recommandons le port d'EPI. » (Gants, bottes, etc., voir p. 26).

... et qui récupère

Et que deviennent les fûts une fois remplis ? Une bâche usagée, du fait de son contenu, est classée comme un déchet dangereux à l'égal d'un reliquat de bouillie phytosanitaire. Elle doit être éliminée en centre agréé.

Mais son volume et son poids réduits par rapport à ceux de l'effluent de départ (c'est le but du procédé !) la rendent d'abord plus facile à stocker en attente d'enlèvement, et ensuite moins chère à transporter et éliminer.

« Nous n'avons pas voulu lancer l'Héliosec avant de pouvoir proposer une solution à ce sujet », se souvient C. Verrier. C'est que pour les agriculteurs et leurs distributeurs, la question de la récupération des déchets est primordiale même si elle se pose plusieurs mois après la mise en route du dispositif.

Michel Leborgne, responsable national Techniques d'application chez Syngenta Agro, précise : « Nous proposons que nos distributeurs centralisent les fûts de leurs clients puis fassent enlever le lot par un prestataire préalablement choisi. Syngenta Agro a un partenariat avec l'un d'entre eux mais ce n'est pas exclusif. Nos distributeurs peuvent choisir leur intervenant. »

Rentrée 2009, le lancement

« Actuellement, le système est en cours de lancement. Nous avons formé environ trente distributeurs et ceux-ci commercialisent d'ores et déjà des dispositifs », révèle C. Verrier le 17 septembre. Une cinquantaine d'unités ont été commandées et les installations sur le terrain sont en cours. L'Héliosec vu en juillet dernier dans l'Eure-et-Loir a déjà des petits frères.

Osmofilm, récupération désormais organisée

Et du côté des cousins, autrement dit des autres procédés ? On l'a vu, les agriculteurs se posent la question du devenir des déchets ultimes classés légalement comme dangereux.

Ainsi, l'autre procédé de traitement des effluents par déshydratation naturelle, nommé Osmofilm et reconnu officiellement depuis 2008, voit son utilisation décoller depuis que son distributeur a résolu le problème. Il s'agit de la société Axe Environnement qui a signé l'été dernier un accord avec Adivalor pour la récupération des reliquats.

À partir du 1er octobre, ces déchets, collectés dans des containers spécifiques, peuvent être récupérés par Adivalor chez les distributeurs « Partenaires Osmofilm » conjointement aux opérations relatives aux PPNU (4).

Principe : déshydratation naturelle sous membrane

Rappelons que ce procédé de marque déposée de la société Pantek, adapté au traitement des effluents phytos avec l'aide de Basf Agro, fonctionne lui aussi par déshydratation. Celle-ci n'a pas lieu à l'air libre mais dans des saches fermées dont la matière est une membrane polymérique et qui sont les Osmofilm de marque déposée proprement dits. Elles retiennent les liquides donc les effluents mais laissent passer la vapeur d'eau.

Elles sont translucides pour permettre un effet de serre favorisant l'évaporation. Le site internet d'Osmofilm explique : « La perméabilité sélective des membranes empêche la condensation (autrement dit : la vapeur d'eau ne se condense pas dans les saches et ne peut qu'en sortir), conduisant l'évaporation vers la déshydratation totale des produits. »

Ces membranes sont utilisées par ailleurs pour déshydrater certains aliments ou échantillons de laboratoire – dans des saches évidemment plus petites que celles de nos Osmofilms phytosanitaires.

Etude préliminaire et matériel sécurisé

Là aussi, le procédé n'est pas lancé dans la nature sans garde-fou. D'abord, les saches ne sont vendues qu'avec leur casier, lui aussi en polyéthylène mais à parois latérales translucides pour laisser passer la précieuse lumière, avec rehausses en inox pour assurer la solidité (photo p. 37).

De plus, Axe Environnement travaille avec des distributeurs qui le vendent après étude. « Nous proposons des stations Osmofilm soit en kit soit à la carte, qui comprennent les saches et leurs casiers mais aussi les protections latérales et les toits translucides, plus éventuellement la cuve tampon et l'équipement de remplissage », explique Emeric Oudin, Directeur d'Axe Environnement.

Remplissage et stockage

Bien sûr, les agriculteurs peuvent préférer faire une partie du travail eux-mêmes, mais, justement, il faut qu'ils prévoient toutes ces protections lors de l'étude préalable à l'achat.

Au fait, quel est l'équipement de remplissage évoqué par E. Oudin ? C'est qu'avec Osmofilm la manipulation la plus délicate est le remplissage des saches. Plaque de remplissage et clip de fermeture permettent d'éviter les risques de débordement donc de contact avec l'opérateur.

Ensuite, on ne touche plus au dispositif jusqu'à ce que son contenu soit sec. Comme les saches sont déjà fermées, leur récupération après déshydratation est encore plus simple que celle des Héliosec même si, bien sûr, le port de gants est recommandé pour les manipuler.

Ensuite, comme elles contiennent du reliquat de produit déshydraté, il faut les stocker dans un lieu fermé à clé (le local phyto, par exemple) dans des saches spécialement dédiées. Il ne faut pas les mélanger avec les EVPP, emballages vides de produits phytosanitaires qui, une fois rincés, n'ont plus besoin d'être sous clé.

Récupération, donc

Ensuite, la récupération, objet de l'accord entre Axe-Environnement et Adivalor, se fait là encore par l'intermédiaire du distributeur « partenaire Osmofilm ». C'est chez lui que les agriculteurs porteront leurs saches usagées comme des PPNU, produits phytos non utilisables, puisqu'elles sont classées déchets dangereux comme eux. Adivalor propose à ces distributeurs des containers spécifiques pour stocker ces saches, et les récupérera en même temps que les PPNU.

« 2009 est une année pilote, explique Vincent Jacus, Responsable Bonnes pratiques phytos chez Basf Agro. La récupération sera totalement gratuite pour les agriculteurs car prise en charge par Axe Environnement avec la participation de Basf Agro dans le cadre de notre soutien à cette opération. Un suivi va être mis en place chez les distributeurs, à la fois pour vérifier que les saches contiennent bien des effluents phytos, et pour évaluer leur poids moyen ainsi que le tonnage global. »

BF Bulles, le distributeur a changé

Autre nouveauté de 2009 : le procédé BF Bulles a été repris par le groupe Agrovista.

Depuis 2009, ce groupe distribue les appareils fabriqués par la société Ecobulles, soit deux modèles adaptés au volume d'effluents à traiter : le BF 8 et BF 16. Tous deux sont officiellement reconnus pour traiter les effluents viticoles et sont en cours de développement sur les secteurs grandes cultures, arboriculture, maraîchage et post-récolte, avec une perspective de reconnaissance pour fin 2009-début 2010.

Possibilité de prise en charge des déchets ultimes en prestation de service

Point nouveau et important, le groupe Agrovista propose une prestation avec possibilité de gestion des déchets ultimes.

Pour ce procédé, il s'agit des consommables (filtres) chargés en effluents, puisque ces filtres au charbon actif ont le pouvoir d'absorber et d'adsorber les substances actives.

Ceci simplifie la gestion du devenir des déchets qui l'année dernière n'était pas assurée. On voit encore à quel point c'est crucial.

Trois solutions

En pratique, le groupe Agrovista va valoriser ce procédé de trois façons différentes :

– la prestation de service intégrale par le groupe ou un de ses prestataires ; dans le Sud-Ouest, des techniciens spécialement formés pour le BF Bulles assurent la prestation chez les viticulteurs avec leur propre matériel ; Gaëlle Bernadot, Responsable Service Environnement de Vitivista, explique : « En pratique, le technicien formé BF Bulles se déplace chez l'agriculteur, traite les effluents, rejette l'eau épurée dans le milieu et repart avec tout l'équipement, les consommables et éventuellement les boues en fonction de la demande ; Vitivista gère par la suite leur élimination ; le groupe accentuera sa présence terrain dès cette campagne avec de nouveaux partenaires » ; pour le reste de la France, des prestataires de services itinérants ou des distributeurs formés par le groupe assureront, de la même façon que Vitivista, la prestation de service aux agriculteurs ;

– la vente de dispositifs à des stations collectives avec une formation, assurée par le groupe, des responsables qui réalisent les traitements et se chargent de leurs déchets, le tout selon le respect de la notice technique et du cahier des charges Agrovista, clarifiant ainsi cette question des déchets et dont le respect sera une condition nécessaire à la vente ;

– la vente à des agriculteurs dont l'exploitation est adaptée : générant une bonne quantité de résidus et où une personne formée par le groupe sera en charge du traitement des effluents.

Phytobac, des experts et pas de déchets

Une autre façon de répondre à la question « que faire des déchets de ces effluents traités ? » est de ne pas générer de déchets dangereux. Le seul dispositif à promettre cet avantage est le Phytobac (marque déposée) de Bayer Crop Science France. Lui aussi fourni après diagnostic !

Rustique avec ou sans cuve tampon

Par ailleurs, c'est un des trois procédés dits rustiques : comme l'Héliosec et l'Osmofilm, il traite les résidus sans dépense d'énergie fossile durant le processus. Dans le cas du Phytobac, il s'agit de biodégradation naturelle par les bactéries du sol de l'exploitation avec deux spécificités :

– le confinement dans un bac pour éviter les fuites dans le sol et les eaux libres ;

– l'ajout de paille qui stimule les bactéries donc accélère le processus.

Bayer CSF a commencé à étudier la question en 1998. Parmi la trentaine de prototypes mis en place entre 1998 et 2000, certains étaient en vidange directe mais cela complique la régulation en cas de fortes pluies, sécheresse ou apport massif de bouillie suite à un incident ou un pic de traitement. Désormais Bayer CSF conseille généralement de couvrir le dispositif avec un toit amovible et éventuellement de se munir d'une cuve tampon. Certains Phytobac sont des cuves bétonnées et enterrées construites par l'agriculteur, mais il existe aussi des dispositifs prêts à poser notamment ceux fabriqués par les sociétés Biotisa et Hermex. Ces deux sociétés ont reçu l'agrément de Bayer CSF pour construire des Phytobacs. Biotisa a une gamme de quatre modèles et celle d'Hermex en comporte trois.

Le dispositif exige de gérer le substrat : veiller à ce qu'il ne soit ni desséché ni noyé ce qui nuirait aux bactéries du sol, d'où l'intérêt du toit et de la cuve tampon mais aussi d'un minimum de surveillance. Il faut aussi rajouter périodiquement de la paille pour nourrir les bactéries. Bayer CSF conseille enfin de remuer le substrat régulièrement, encore qu'avec une bonne régulation des apports liquides et de paille certains utilisateurs semblent s'en passer.

Pas de déchets dangereux à l'issue du traitement

Les effluents, non pas séparés de l'eau mais biodégradés, disparaissent progressivement. Le substrat peut donc être épandu comme un amendement organique sur une parcelle de l'exploitation s'il n'a pas reçu d'effluents depuis au moins 5 mois. Mais en fait nous citions en avril 2008 un Phytobac fonctionnant depuis 2000 sans jamais avoir été vidangé. En 2009, c'est toujours le cas pour cet appareil. « Nous suivons 30 Phytobacs pilotes implantés entre 1999 et 2002, et qui n'ont jamais eu besoin d'être vidangés », se réjouit Denis Chenivesse, chargé des outils de relation clients chez Bayer CSF. En partant le 16 septembre pour d'autres fonctions au sein du groupe, il laisse un bel héritage à Astrid Robette qui reprend l'animation du service Phytobac.

Experts dans 150 entreprises

Au fait, combien existe-t-il de Phytobac ? D. Chenivesse évalue : « Nous avons connaissance de 600 dispositifs implantés sous l'égide de nos experts Phytobac salariés de 150 distributeurs partenaires, donc en conformité intégrale avec notre cahier des charges Phytobac Bayer CSF. »

Car ce procédé, certes rustique, exige d'être bien conçu au départ : bien dimensionné, bien placé... Comme tous les autres !

Il y aurait en plus environ 500 biobacs spontanés (certains disent pseudobacs).

On espère que leurs propriétaires ont regardé par dessus la haie d'un voisin bien conseillé avant de les implanter.

Et déléguer des fonctions ?

Prise en charge des déchets : Aderbio STBR2 en option

Autre façon de résoudre le problème des déchets dangereux : pour certains procédés, le vendeur lui-même assure la gestion de ces déchets en prestation de service. On l'a vu pour le BF Bulles, mais il y a aussi Aderbio STBR2, Phytocat et Evapophyt, gérés respectivement par les sociétés Aderbio, Résolution et... et maintenant Résolution.

La première propose de récupérer les boues en option dans le contrat de maintenance. En fait, le procédé fonctionnant par biodégradation, les boues sont épandables sur l'exploitation mais après analyse éco-toxicologique favorable ; en pratique et vu le coût d'une telle analyse, c'est souvent plus simple de les éliminer.

De toute façon, comme ce procédé biodégrade les substances, le volume de boue est très faible : « Un demi-millième du volume de départ », souligne Daniel Pereira, Directeur technico-commercial d'Aderbio. De fait, l'extraction des boues n'est réalisée que 4, voire 5 ans après la première mise en service. Et, donc, elle représentera 250 litres pour 500 m3 traités...

Phytocat toujours, Evapophyt ça bouge

Quant à la société Résolution, la récupération des consommables usagés est un élément de base du contrat de maintenance du Phytocat. Ce procédé dégrade les effluents (par oxydo-réduction, on dit aussi photocatalyse) donc laisse peu de résidus, mais il y a des consommables usagés à gérer. Laurent Bonduelle, Gérant fondateur de Résolution, explique : « Nous assurons une visite annuelle avec le nettoyage-réglage de l'appareil, la livraison des consommables neufs nécessaires et l'enlèvement des consommables usagés. De plus, précise-t-il, nous transmettons le bulletin de suivi de destruction à notre client. » Ajoutons que la société délivre à tous ses acheteurs une information sur l'installation des équipements d'accompagnement (aires de rétention, cuve tampon, etc.)

Et Evapophyt ? Ce procédé sépare les effluents d'avec l'eau par évaporation forcée de cette dernière. Il a donc comme déchets des boues solides mais aussi les filtres à charbon actif qui ont purifié la vapeur d'eau avant de la laisser filer dans l'air. Une évaporation forcée, en effet, fait s'évaporer non seulement de l'eau mais encore certaines molécules volatiles. Jusqu'à l'été 2009, Staphyt gérait ce procédé et pouvait s'occuper de la récupération des consommables. En septembre, Staphyt et Résolution ont conclu un accord : c'est cette dernière société qui commercialisera les Evapophyt. Elle compte assurer la gestion des déchets de la même façon que pour le Phytocat.

Dans les trois cas, on voit que le service de prise en charge des déchets dangereux donne (ou va donner) un avantage à ces procédés par rapport à d'autres.

Phytopur, tout en prestation

Une autre façon de gérer les déchets dangereux est de faire traiter les effluents sur l'exploitation mais par un tiers. L'agriculteur peut alors se contenter de s'équiper d'une simple cuve tampon ; un prestataire de service traitera les effluents sur place, rejettera sur place de l'eau purifiée et repartira avec les déchets de son traitement.

Outre Vitivista avec BF Bulles, la société M. Paetzold propose ce service actuellement avec son procédé Phytopur. Un technicien de l'entreprise vient avec l'appareil qui sépare les effluents de l'eau, rejette celle-ci dans le milieu et repart avec les déchets piégés sur charbon actif pour se charger de leur élimination.

Stations collectives

Une dernière solution est d'utiliser une station collective. L'applicateur va laver, vidanger voire remplir son pulvérisateur sur une aire de récupération. Le responsable de la station gère les effluents (régule les apports, actionne et entretient les dispositifs de traitement), quel que soit le procédé choisi. Et l'agriculteur paye ce service.

C'est faisable dans les régions à forte densité de pulvérisateurs type vignoble où chacun aura peu de chemin à faire faire à son engin. Mais à notre connaissance il ne fonctionne encore que deux stations en France. L'une d'elles est située dans le Centre et l'autre en Champagne viticole. Celle-ci est le Pôle environnement de la CSGV à Avize en Champagne, qui vient de s'équiper d'un Aderbio STBR2 supplémentaire afin d'augmenter sa capacité. De plus en plus de viticulteurs sont abonnés au service.

Quant à la station Top Lavage prévue dans le Gard, la Chambre d'Agriculture est prête à l'installer et même à la multiplier en cinq exemplaires mais rien n'est encore fait.

Pourquoi cette solution tarde-t-elle à entrer dans les mœurs ? Il semble que beaucoup d'installateurs potentiels attendent que le statut de ces stations soit fixé, ce qui n'est pas fait. Soit elles seront assimilées aux exploitations agricoles dont elles sont le prolongement, soit elles seront soumises au régime des installations classées. Mais pour l'instant on est dans l'incertitude. Si les autorités optent pour le second cas, on peut prévoir que les stations collectives se feront rares.

<p>* Phytoma.</p> <p>(1) Ministère de l'Écologie, de l'Énergie, du Développement durable et de la Mer, nom du ministère chargé de l'Environnement depuis le remaniement ministériel de juin 2009.</p> <p>(2) Nous avions annoncé ses premières reconnaissances dans <i>Phytoma</i> n° 616 de juin 2008, p. 2.</p> <p>(3) Le Groupe Stewardship (Syngenta Agro se refuse à lui donner un titre français) gère <i>« l'accompagnement à la préservation de l'environnement et de la sécurité des utilisateurs »</i>, selon les termes de sa responsable C. Verrier. Il élabore des conseils et réalise des outils au service des bonnes pratiques : Héliosec mais aussi S-pac, S-protec (voir p. 26 à 28).</p> <p>(4) Produits phytos non utilisables. On en parle p. 42 à 44.</p>

Cet article fait partie du dossier Bonnes pratiques phytosanitaires après les traitements

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Résumé

Les procédés de traitement des effluents phytopharmaceutiques sont utilisés avec d'autant plus de profit qu'ils sont choisis après un bon diagnostic des besoins de chaque utilisateur (pour choisir le procédé et adapter le dispositif) et qu'est résolu le problème du devenir des déchets ultimes classés dangereux au regard de la loi. Trois évolutions récentes illustrent ce propos :

– l'Heliosec, officiellement reconnu en 2008, n'a été lancé qu'en 2009 après avoir organisé le diagnostic préalable avant l'achat, la récupération des déchets (bâches chargées) et la sécurisation du matériel ;

– l'Osmofilm a vu la récupération de ses déchets (saches pleines) organisée par un accord signé en 2009 et n'est lui aussi vendu qu'après diagnostic et avec matériel adapté ;

– le nouveau distributeur de BF Bulles organise depuis 2009 la vente de ce procédé avec diagnostic et récupération des déchets (consommables usagés) et son utilisation en prestation de service.

L'exemple de cinq autres procédés le confirme :

– le Phytobac est vendu après diagnostic et ne génère pas de déchets dangereux ;

– l'Aderbio STBR2 est proposé avec option de récupération des déchets dangereux en prestation de service ;

– le Phytocat voit automatiquement ses déchets dangereux récupérés en prestation de service ;

– l'Evapophyt, repris par la société gestionnaire du Phytocat, sera proposé avec le même service ;

– le Phytopur n'est utilisé qu'en prestation de service.

Enfin les stations collectives pourront être une solution dans certains secteurs géographiques sous réserve de la façon dont sera clarifié leur statut légal.

Mots-clés : bonnes pratiques phytosanitaires, environnement, effluents phytopharmaceutiques, traitement, procédés, dispositifs, reconnaissance officielle, diagnostic, gestion des déchets, déchets dangereux.

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