Fonds de cuve, débordement de cuve lors du remplissage, eaux de nettoyage du pulvérisateur... Vous devez éliminer ces effluents de façon à ne pas nuire à l'environnement. Trois possibilités s'offrent à vous : le rinçage à la parcelle, l'envoi de ces effluents dans un centre spécialisé dans le traitement des déchets dangereux, ou leur traitement par un des procédés validés par le ministère de l'Écologie et du Développement durable (voir encadré).
Parmi les seize systèmes agréés, seuls quelques-uns, homologués en 2007-2008, sont utilisés de façon courante en viticulture. Le Phytobac de Bayer, un lit biologique, en fait partie. Il s'agit d'un bac contenant un mélange de paille et de terre. Les micro-organismes présents dans ce substrat vont alors dégrader les matières actives.
Le Phytobac est bien adapté aux petits volumes d'effluents. « Ce procédé a la cote car son fonctionnement est simple. Il est bien adapté aux petits volumes d'effluents. Il est possible de le réaliser soi-même, avec une petite formation et en utilisant un bac recouvert d'un enduit hydrofuge », indique Christophe Beaujouan, conseiller environnement à la chambre d'agriculture du Loir-et-Cher. Dans ce département, le Phytobac est le procédé le plus employé après le rinçage à la parcelle.
Dans l'Hérault, le dispositif est aussi très implanté. « Pour bien le dimensionner, il faut se baser sur un volume de substrat équivalent à 2 ou 2,5 fois le volume d'effluents produits par an, précise Christophe Auvergne, chargé de l'environnement à la chambre d'agriculture. L'idéal est d'avoir une cuve tampon, pour éviter de noyer le substrat par un apport d'effluent trop important. Le substrat doit être maintenu humide en permanence. Une fois par an, il faut le décompacter et rajouter de la paille. » Autre règle à respecter : « Le bac doit être couvert et surélevé du sol », signale Christophe Beaujouan. « Plus de 80 % des exploitations traitant leurs effluents sont équipées de lit biologique. Il peut tout à fait être conçu en lien avec une aire de lavage du pulvérisateur, note Frédéric Schwaerzler, conseiller viticole à la chambre d'agriculture d'Alsace. Un bémol toutefois : il n'est pas très conseillé en bio, car il ne dégrade pas le cuivre », prévient Frédéric Schwaerzler. Côté coût, pour un Phytobac « clés en main », il faut compter, selon Bayer, 5 000 € pour 5 m3 d'effluents.
Héliosec (Syngenta) est un autre procédé basique, dégradant naturellement les effluents, répandu en viticulture. Il se compose d'un châssis livré en kit et d'un bac dans lequel on place une bâche qui va recueillir les effluents. Ceux-ci vont se déshydrater sous l'action du vent et de la chaleur. « Héliosec est très utilisé dans notre région, car notre climat est bien adapté à son fonctionnement », commente Christophe Auvergne. « Ce procédé se développe, constate Benoît Bazerolle, en Côte-d'Or. Il est adapté aux exploitations où l'aire de lavage est proche. Son atout est sa simplicité d'utilisation car on s'en occupe très peu. » Le coût d'une installation est d'environ 4 000 € pour 2 m2. Vous pouvez ramener la bâche contenant le résidu sec des effluents à une collecte de PPNU Adivalor. On vous fournira alors une nouvelle bâche. Cela vous coûtera environ 100 € par an.
Troisième procédé adopté sur le terrain : Osmofilm. C'est encore un dispositif de traitement par déshydratation. Il se compose d'une sache de 250 litres à usage unique qui recueille les effluents. Cette sache se place dans un casier en dessous duquel se trouve un bac de rétention. Pour traiter 2 m3 d'effluents, il faut compter de 3 750 euros à 5 390 euros hors taxe d'investissement, puis 27 euros hors taxe par sache. Vous pouvez rapporter les saches usagées contenant les résidus secs à une collecte Adivalor.
« Osmofilm, qui est en plus déplaçable, et Héliosec conviennent aux exploitations bio. Mais en cas d'année tardive et pluvieuse, les conditions climatiques ne sont pas idéales pour une bonne déshydratation », relève Frédéric Schwaerzler. Autre inconvénient : « Ces dispositifs impliquent la présence de déchets dangereux sur l'exploitation dans l'attente de leur collecte », ajoute Christophe Beaujouan.
Dans les exploitations où le manque de place rend impossible l'implantation d'une station de traitement, la gestion des effluents peut être déléguée à une entreprise spécialisée, pour un coût de plus de 300 €/ m3. Ces prestataires font souvent appel aux procédés Evapophyt (déshydratation et filtration), Phytopur (osmose inverse et filtration), BF Bulles (coagulation-floculation et ultrafiltration), Sentinel (floculation-filtration).
Vous pouvez aussi opter pour une station de traitement collective couplée à une aire de lavage commune. Dans ce cas, c'est plutôt le lit biologique qui est privilégié. « En Bourgogne, plusieurs sites collectifs sont équipés chacun d'un ensemble de phytobacs et cela fonctionne très bien », souligne Benoît Bazerolle. Dans le sud et en Alsace, le procédé s'est également développé sur ce segment.
Les aires collectives peuvent également être équipées des procédés BF Bulles, Cascade Twin (dégradation biologique) et Sentinel.
Les conseils pour raisonner votre choix
Déterminez en premier lieu votre budget et renseignez-vous sur les aides possibles dans le cadre d'un Plan Végétal environnement par exemple. Évaluez ensuite le volume d'effluents annuel à gérer sur votre exploitation. Pour ça, installez un volucompteur sur votre aire de lavage. Sinon basez-vous sur le débit horaire de votre nettoyeur haut pression et la durée de vos lavages, en prenant en compte les débordements éventuels de bouillie. Puis penchez-vous sur plusieurs points : désirez-vous avoir votre propre procédé ? Si non, préférez-vous avoir recours à un prestataire spécialisé ou utiliser une station collective s'il en existe une proche de votre exploitation ?
Si vous comptez vous équiper personnellement, de quelle place disposez-vous sur votre domaine ? Le lit biologique (Phytobac) nécessite ainsi plus d'espace qu'un système de déshydratation. Certains procédés imposent une distance minimale par rapport aux habitations. Interrogez-vous également sur le devenir de l'effluent traité. Certains procédés vous permettent d'épandre sous conditions l'effluent une fois épuré ou le substrat. Dans d'autres, les bâches et reliquats sont pris en charge par Adivalor. Enfin, il existe une troisième catégorie de systèmes où les boues et les filtres doivent être éliminés par un centre de traitement des déchets dangereux. À vous de voir ce qui vous convient le mieux.
QUOI DE NEUF ? TROIS NOUVEAUX PROCÉDÉS
Seize procédés de traitement des effluents phytos sont à ce jour « reconnus comme efficaces » en viticulture par le ministère de l'Écologie. Trois d'entre eux ont été agréés récemment : Ecobang, Hydrocampe et Carola Epumobil. Le premier fonctionne selon le principe d'une évaporation forcée. Il se compose d'une cuve, d'un système de ventilation et d'une gaine souple. Il est commercialisé par Vento-Sol. Hydrocampe est un dispositif basé sur l'adsorption sur charbon actif, la coagulation et la filtration. Il est proposé en prestation de services par Veolia Eau. Carola Epumobil traite les effluents par coagulation, décantation et adsorption sur charbon actif. Il est disponible à la vente ou en prestation de services auprès de Résolution.
La liste des procédés agréés par le ministère comprend donc au total :
- Neuf systèmes basés sur la déshydratation, ou la coagulation-floculation puis adsorption par charbon actif ou filtration par osmose inverse : Héliosec, Osmofilm, Evapophyt, Ecobang, Sentinel, BF Bulles, Phytopur, Carola Epumobil, Hydrocampe.
- Sept systèmes fondés sur la dégradation des substances, par photocatalyse (Phytomax, Phytocat) ou de façon biologique (Phytobac, Aderbio STBR2, Phytocompo, Cascade Twin, Vitimax). Deux d'entre eux permettent de traiter les effluents phyto et vinicoles : Vitimax, Cascade Twin et STBR2 Aderbio par couplage avec STBR1.
Attention si vous recourez à un système non reconnu votre respon-sabilité sera engagée en cas de fuite d'effluent dans l'environnement.