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Sur le métier

Laure Blanpied, référente risques chimiques à la MSA

PAR CHANTAL URVOY - Phytoma - n°726 - septembre 2019 - page 44

Conseillère en prévention des risques professionnels agricoles à la MSA, Laure Blanpied a pour spécialité le risque chimique dont une grande partie concerne les produits phytopharmaceutiques. Un sujet difficile à aborder, car synonyme de contraintes, qu'elle traite en individuel notamment avec le logiciel Seirich, ou en groupe sous forme d'ateliers très pratiques pour aider à appliquer les conseils théoriques.
 Photo : C. Urvoy

Photo : C. Urvoy

Plutôt connue comme préleveur de cotisations, voire comme contrôleur dans les exploitations agricoles, la MSA(1) a également un rôle de conseiller en prévention des risques professionnels. « Cette mission gratuite est malheureusement peu ou pas connue, explique Laure Blanpied, conseillère à la caisse Marne-Ardennes-Meuse et référente pour les risques chimiques. Cela concerne tous les produits chimiques de l'exploitation dont en grande partie les produits phytosanitaires. » Basée à Verdun, elle est secondée sur le risque chimique par une collègue localisée dans la Marne. « En tant que conseillère, j'ai un secteur géographique déterminé. Dès que j'interviens en tant que référente risques chimiques, cela peut être sur l'ensemble de la zone de la caisse Marne-Ardennes-Meuse. » Le public conseillé est large : agriculteurs employeurs ou non employeurs, et salariés agricoles, mais également lycées agricoles et maisons familiales rurales, OPA(2) affiliées à la MSA et certaines entreprises (sucrerie, maison de champagne, coopératives...).

Conseil individuel

Laure Blanpied rencontre les personnes individuellement ou lors d'ateliers en groupe. « Elles nous appellent peu pour parler du risque chimique. C'est pourquoi, je profite de mes visites en exploitation afin de les sensibiliser sur l'ensemble des risques, notamment le risque phytosanitaire, et leur donner des conseils pour s'en protéger. Dans le cadre du service "accompagnement des nouveaux installés", nous évoquons lors de nos échanges tout particulièrement les risques chimiques. Par exemple en dressant la liste de l'ensemble des produits vus lors de la visite. » C'est une autre porte d'entrée pour pouvoir parler « risques phytos » aux agriculteurs.

Atelier collectif

Les risques chimiques sont un sujet compliqué à aborder car s'en protéger signifie mettre des contraintes sur les habitudes de travail. Résultat : malgré la formation certiphyto, les utilisateurs de produits phytopharmaceutiques ne se protègent pas suffisamment. « Pour mettre en pratique les conseils théoriques reçus, nos ateliers doivent être le plus ludiques possible. Pour cela, nous avons développé des outils : un tableau sur les EPI(3) à remplir avec des magnets pour bien mémoriser quel(s) EPI porter dans chaque situation, une présentation de tous les EPI du marché avec différentes tailles, et une démonstration d'habillage-déshabillage pour leur montrer qu'il est possible de se protéger assez facilement, sans perdre trop de temps. »

Phytofluo

Laure Blanpied leur explique également comment fonctionne un système de filtration sur les cabines, comment faire un transfert de produit phytopharmaceutique sans contact ou encore un débouchage de buse de pulvérisateur en toute sécurité. Comme le risque n'est pas toujours visible, elle utilise Phytofluo, de l'encre invisible qui remplace le produit phytosanitaire et qui se révèle sous UV. « Je leur fais préparer une "bouillie" dans un pulvérisateur à dos avec cette encre et les fais "désherber". Ensuite, on regarde sous UV dans le noir les points d'impact de l'encre. Ils se trouvent généralement sur les bottes, les gants et parfois sur le visage ! »

Seirich pour évaluer le risque

Depuis 2001, chaque entreprise d'au moins un salarié doit faire son évaluation des risques. Pour les risques chimiques, l'analyse est réalisée produit par produit. Vu le nombre de produits utilisés sur une exploitation, la mission est fastidieuse. « Quand l'INRS a développé le logiciel Seirich pour les entreprises, j'ai participé à son élaboration pour qu'il prenne en compte les spécificités du milieu agricole et qu'il devienne notre outil de référence. » L'outil est utilisable en autonomie par les moyennes et grandes entreprises après une session de formation réalisée par Laure Blanpied. « En revanche, j'accompagne les agriculteurs jusqu'au bout de l'utilisation du logiciel en raison du travail important de saisie des données produits. » L'agriculteur complète via un questionnaire sur ses pratiques. Seirich donne alors un risque pour chaque produit et propose des actions afin de permettre à l'agriculteur de répondre à la réglementation.

Groupe de travail

En interne, la veille réglementaire sur les risques chimiques est une des missions de Laure Blanpied pour être à jour et en informer ses collègues. Elle anime également le groupe de travail risques chimiques composé de sa binôme et de deux médecins du travail de la MSA. L'objectif est de mettre en oeuvre les axes du plan d'actions national de la MSA. Ce groupe de travail crée également les documents sur les risques chimiques nécessaires à la caisse locale. Dans le cadre du certiphyto, Laure Blanpied garde un lien avec les formateurs qu'elle a formés sur le volet santé et sécurité au travail. « Actuellement, j'étudie leurs besoins pour les sessions de renouvellement des certiphyto qui commencent cet hiver. »

À l'avenir, Laure Blanpied sera particulièrement vigilante quant à l'évolution des solutions alternatives aux traitements chimiques en termes de transfert de risques. « Par exemple, si le désherbage mécanique remplace le désherbage chimique, il ne faudrait pas que cela augmente le risque de TMS(4) », conclut notre conseillère.

(1) Mutualité sociale agricole.(2) Organisations professionnelles agricoles.(3) Équipement de protection individuelle.(4) Troubles musculo-squelettiques.

BIO EXPRESS

LAURE BLANPIED

2003. Ingénieur en agriculture spécialisée en environnement à l'École supérieure d'agriculture (ESA) d'Angers (Maine-et-Loire).

2004. Technicienne d'expérimentation à l'Association régionale d'expérimentation fruitière de l'Est (Arefe), à Hattonville (Meuse).

2007. Conseillère en prévention des risques professionnels en agriculture, référente « risques chimiques » à la caisse MSA Marne-Ardennes-Meuse, à Verdun (Meuse).

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