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La cannibalisation du beaujolais nouveau

La vigne - n°77 - mai 1997 - page 0

Le vignoble du Beaujolais a échappé à son appellation. Nous sommes aujourd'hui cannibalisés par l'image du beaujolais nouveau. Or, il ne représente qu'un tiers de nos ventes totales : 450 000 hl pour un total de 900 000 hl. Sans trop l'avouer, les responsables professionnels tirent maintenant la sonnette d'alarme. Cette analyse n'est pas nouvelle mais on craint d'en arriver au point de non-retour. ' Sur les 3 500 producteurs de notre vignoble, 450 sont en difficulté financières. Il faut une réelle prise de conscience. Un questionnaire est parti dans les exploitations pour réaliser un audit de la situation. Nous ferons le point lors d'une assemblée générale à la mi-mai. 'En ce qui concerne la production, des changements sont à attendre : ' Aujourd'hui, trop de vignerons vinifient en nouveau, en espérant trouver un marché rapide. Quand ce n'est pas le cas, quelques mois plus tard, ces vins manquent parfois de caractère et d'expression du terroir. Il faudrait baisser le plafond de 45 hl/ha qu'on peut élaborer en primeur d'au moins 10 hl mais cela ne va pas être facile ', commente un président de syndicat. Autre modification à prévoir : ' Ne plus penser que si l'on n'a pas vendu son vin trois mois après les vendanges, la campagne est fichue! Il ne faut pas paniquer et lâcher trop tôt. Mais pour cela, il faut prévoir des capacités de stockage, ce qui existe très peu chez nous. ' Des travaux sont en cours dans les organismes techniques de la région.En ce qui concerne le marché, les pièces de beaujolais (215 l) et de beaujolais-villages (216 l) sont à peine, respectivement, à 1 710 F et 2 050 F (prix officiels!) Quand on sait que le prix de revient d'une pièce est de 2 000 F environ, on comprend mieux la crise (ces prix sont en recul de 5 % sur l'an passé). Certains crus sont mieux rémunérés et leur image est autre. ' Le succès du beaujolais nouveau a déséquilibré la région, indique un spécialiste qui a travaillé sur l'image de ces vins en grande distribution. En dehors des mois de novembre et décembre, les vins du Beaujolais n'intéressent personne. ' ' Nous n'opérons que 30 % de nos ventes via la grande distribution en France. Notre vignoble y est complètement sous-représenté. De plus, quand on sait que 14 % seulement de nos ventes s'opèrent à la propriété et que la région a peu de négociants qui jouent vraiment la carte du beaujolais... ', ajoute même un responsable. La stratégie ne pourra donc être qu'à long terme, ' une véritable thérapie de groupe. Nous sommes en crise mais nous connaissons les moyens pour en sortir. C'est ce qui est rassurant '.Première décision concrète : la sortie d'une nouvelle bouteille, dans les cartons depuis des années, à n'utiliser que pour la mise à la propriété. Cette mention est même gravée dans le verre, ce qui est une première à notre connaissance. Cette gamme des ' étonnantes Beaujolaises ' se décline ainsi : les beaujolais, les villages et les crus. Elle a été réalisée par une verrerie du Havre. C'est une bouteille lourde (600 g) et haute (298 mm), teinte feuille morte, a un prix de 2 F environ (contre 1 F pour le flacon bas, plus traditionnel à fond plat). Sachant que le ' pot beaujolais ', autre contenant récent, est surtout utilisé pour le nouveau. Pour permettre une meilleure utilisation des ' étonnantes ', on réfléchit à la création d'une espèce de GIE de commercialisation au niveau des producteurs. Autre action, le lancement depuis avril et jusqu'en juin de la nouvelle campagne de communication ' Beaux jours beaujolais ', d'un budget de 6 MF (spots radio, affichage, matériel promotionnel...). Des vignerons iront même vendre du vin dans les allées de Carrefour. ' Il faut absolument concrétiser le formidable capital image du beaujolais nouveau, vers le non-nouveau ', conclut un responsable.

Le vignoble du Beaujolais a échappé à son appellation. Nous sommes aujourd'hui cannibalisés par l'image du beaujolais nouveau. Or, il ne représente qu'un tiers de nos ventes totales : 450 000 hl pour un total de 900 000 hl. Sans trop l'avouer, les responsables professionnels tirent maintenant la sonnette d'alarme. Cette analyse n'est pas nouvelle mais on craint d'en arriver au point de non-retour. ' Sur les 3 500 producteurs de notre vignoble, 450 sont en difficulté financières. Il faut une réelle prise de conscience. Un questionnaire est parti dans les exploitations pour réaliser un audit de la situation. Nous ferons le point lors d'une assemblée générale à la mi-mai. 'En ce qui concerne la production, des changements sont à attendre : ' Aujourd'hui, trop de vignerons vinifient en nouveau, en espérant trouver un marché rapide. Quand ce n'est pas le cas, quelques mois plus tard, ces vins manquent parfois de caractère et d'expression du terroir. Il faudrait baisser le plafond de 45 hl/ha qu'on peut élaborer en primeur d'au moins 10 hl mais cela ne va pas être facile ', commente un président de syndicat. Autre modification à prévoir : ' Ne plus penser que si l'on n'a pas vendu son vin trois mois après les vendanges, la campagne est fichue! Il ne faut pas paniquer et lâcher trop tôt. Mais pour cela, il faut prévoir des capacités de stockage, ce qui existe très peu chez nous. ' Des travaux sont en cours dans les organismes techniques de la région.En ce qui concerne le marché, les pièces de beaujolais (215 l) et de beaujolais-villages (216 l) sont à peine, respectivement, à 1 710 F et 2 050 F (prix officiels!) Quand on sait que le prix de revient d'une pièce est de 2 000 F environ, on comprend mieux la crise (ces prix sont en recul de 5 % sur l'an passé). Certains crus sont mieux rémunérés et leur image est autre. ' Le succès du beaujolais nouveau a déséquilibré la région, indique un spécialiste qui a travaillé sur l'image de ces vins en grande distribution. En dehors des mois de novembre et décembre, les vins du Beaujolais n'intéressent personne. ' ' Nous n'opérons que 30 % de nos ventes via la grande distribution en France. Notre vignoble y est complètement sous-représenté. De plus, quand on sait que 14 % seulement de nos ventes s'opèrent à la propriété et que la région a peu de négociants qui jouent vraiment la carte du beaujolais... ', ajoute même un responsable. La stratégie ne pourra donc être qu'à long terme, ' une véritable thérapie de groupe. Nous sommes en crise mais nous connaissons les moyens pour en sortir. C'est ce qui est rassurant '.Première décision concrète : la sortie d'une nouvelle bouteille, dans les cartons depuis des années, à n'utiliser que pour la mise à la propriété. Cette mention est même gravée dans le verre, ce qui est une première à notre connaissance. Cette gamme des ' étonnantes Beaujolaises ' se décline ainsi : les beaujolais, les villages et les crus. Elle a été réalisée par une verrerie du Havre. C'est une bouteille lourde (600 g) et haute (298 mm), teinte feuille morte, a un prix de 2 F environ (contre 1 F pour le flacon bas, plus traditionnel à fond plat). Sachant que le ' pot beaujolais ', autre contenant récent, est surtout utilisé pour le nouveau. Pour permettre une meilleure utilisation des ' étonnantes ', on réfléchit à la création d'une espèce de GIE de commercialisation au niveau des producteurs. Autre action, le lancement depuis avril et jusqu'en juin de la nouvelle campagne de communication ' Beaux jours beaujolais ', d'un budget de 6 MF (spots radio, affichage, matériel promotionnel...). Des vignerons iront même vendre du vin dans les allées de Carrefour. ' Il faut absolument concrétiser le formidable capital image du beaujolais nouveau, vers le non-nouveau ', conclut un responsable.

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