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Des Américains discrets dans le Midi

La vigne - n°77 - mai 1997 - page 0

Depuis ces dernières vendanges, des acheteurs venant des Etats-Unis s'intéressent beaucoup aux vins du Midi de la France, particulièrement aux vins de cépages. C'est un phénomène nouveau, entouré d'une grande discrétion...

Depuis ces dernières vendanges, des acheteurs venant des Etats-Unis s'intéressent beaucoup aux vins du Midi de la France, particulièrement aux vins de cépages. C'est un phénomène nouveau, entouré d'une grande discrétion...

Je veux bien répondre à vos questions mais je ne souhaite pas être cité. Rarement cette phrase, que les journalistes connaissent pourtant bien, n'aura été aussi souvent prononcée, par nos interlocuteurs, que lors de cette enquête sur la présence réelle des Américains dans les vignobles du Midi de la France. ' Ils sont vraiment là, ce n'est pas une Arlésienne. Ils traitent des milliers d'hectolitres mais veulent rester discrets : plusieurs grosses entreprises concurrentes travaillent en même temps pour lancer outre-Atlantique des gammes de vins de pays d'Oc et elles se marquent entre elles ', analyse un technicien du Gard. ' Avec l'effet du French paradoxe et, dans une bien moindre mesure, les conséquences du phylloxéra, le marché du vin aux Etats-Unis est tendu. Nous cherchons du vin dans le monde entier : avec la vallée centrale du Chili et certains pays de l'Est (mais encore trop handicapés par l'instabilité politique), le Languedoc a le meilleur rapport qualité-prix du monde ', estime un membre du plus important bureau de courtage américain, installé près de San Francisco, en Californie. ' Traditionnellement, la part des vins importés aux Etats-Unis ne représente que 15 % des volumes consommés. Maintenant, ce chiffre s'approche des 30 %. Nous avons importé pour nos clients plus de 500 000 hl de vin en vrac du Languedoc. Ils veulent lancer ici une gamme de vins de cépages, à grand renfort de publicité, alors que jusqu'alors, ces types de vins n'étaient travaillés que par de petits importateurs. ' ' Nous avons un bureau au Chili et peut-être bientôt à Montpellier. Il y a, aujourd'hui, deux types de clients américains : ceux qui procèdent à des achats de commodité, cherchant le meilleur merlot ou chardonnay dans le monde en fonction de la qualité et du taux de change, et ceux qui veulent aller plus loin en s'impliquant vers l'amont essayant d'identifier des terroirs et de mettre des gammes sur pied. '' Ce sont des professionnels, ils dégustent et ne recherchent pas que le prix, indique un technicien du Midi. La surprise est qu'ils s'intéressent de plus en plus au terroir ou plus exactement à la localisation des parcelles qui ont donné tel ou tel produit. Ils sont prêts à payer un très bon prix pour un vin parce qu'il vient de telle cave. Les Mondavi, Gallo et autres gros producteurs-négociants vont, bien sûr, communiquer sur leur marque mais aussi sur l'origine du produit. Ils ont aussi un intérêt croissant pour les appellations d'origine controlée. ' ' Il y a deux mois, nous avons signé avec Mondavi un contrat important de fourniture de vin sur cinq ans. Ce n'est pas un coup mais un engagement à long terme, dit-on à la cave de Limoux (Aude). Il s'agit de vins tranquilles, notamment de chardonnay et sauvignon. Pour certaines variétés, nous devrons modifier nos techniques pour coller à leur demande, par exemple sur le boisé. ' ' Jusqu'aux vendanges 1996, les Américains étaient dans notre région en 'veille oenologique'. Depuis, un pas a été vraiment franchi : ils sont venus très tôt après les vendanges prendre des options sur tel ou tel type de vin, indique un observateur. A court terme, je ne pense pas qu'ils s'installent physiquement via des bureaux ou même des achats de propriétés mais ils ont un réel souci de traçabilité du produit. Ils veulent vraiment connaître toute son élaboration pour remonter la filière en cas de problème. ' ' Nos clients ne veulent pas mettre tous leurs oeufs dans le même panier. L'arrivée des Américains dans le Midi me semble donc un phénomène durable, indique notre courtier californien. Si nous jouons d'abord la carte des cépages, c'est que notre marché intérieur n'est pas un marché d'appellation. Nous sommes comme un bébé commençant à parler, il ne connaît alors que quelques mots comme papa ou maman, l'équivalent d'un merlot ou d'un cabernet pour un client peu averti. Puis son vocabulaire va s'étoffer : médoc, mercurey ou cahors seront des termes davantage à sa portée avec tout ce qu'ils cachent. Les espoirs existent car le marché américain, à l'inverse du britannique, n'est pas qu'un marché de prix. Je pourrais recommander sans hésitation des vins du Midi à mes clients. D'ailleurs, certains pourraient s'y installer, cela crédibiliserait encore plus cette région qui n'est qu'à 50 % de son potentiel qualitatif. Notre activité dans ce vignoble devrait rester stable pour l'année prochaine : il ne faudrait pas que des vignerons, voyant ce mouvement, soient tentés d'augmenter leurs prix ', conclut-il...

Je veux bien répondre à vos questions mais je ne souhaite pas être cité. Rarement cette phrase, que les journalistes connaissent pourtant bien, n'aura été aussi souvent prononcée, par nos interlocuteurs, que lors de cette enquête sur la présence réelle des Américains dans les vignobles du Midi de la France. ' Ils sont vraiment là, ce n'est pas une Arlésienne. Ils traitent des milliers d'hectolitres mais veulent rester discrets : plusieurs grosses entreprises concurrentes travaillent en même temps pour lancer outre-Atlantique des gammes de vins de pays d'Oc et elles se marquent entre elles ', analyse un technicien du Gard. ' Avec l'effet du French paradoxe et, dans une bien moindre mesure, les conséquences du phylloxéra, le marché du vin aux Etats-Unis est tendu. Nous cherchons du vin dans le monde entier : avec la vallée centrale du Chili et certains pays de l'Est (mais encore trop handicapés par l'instabilité politique), le Languedoc a le meilleur rapport qualité-prix du monde ', estime un membre du plus important bureau de courtage américain, installé près de San Francisco, en Californie. ' Traditionnellement, la part des vins importés aux Etats-Unis ne représente que 15 % des volumes consommés. Maintenant, ce chiffre s'approche des 30 %. Nous avons importé pour nos clients plus de 500 000 hl de vin en vrac du Languedoc. Ils veulent lancer ici une gamme de vins de cépages, à grand renfort de publicité, alors que jusqu'alors, ces types de vins n'étaient travaillés que par de petits importateurs. ' ' Nous avons un bureau au Chili et peut-être bientôt à Montpellier. Il y a, aujourd'hui, deux types de clients américains : ceux qui procèdent à des achats de commodité, cherchant le meilleur merlot ou chardonnay dans le monde en fonction de la qualité et du taux de change, et ceux qui veulent aller plus loin en s'impliquant vers l'amont essayant d'identifier des terroirs et de mettre des gammes sur pied. '' Ce sont des professionnels, ils dégustent et ne recherchent pas que le prix, indique un technicien du Midi. La surprise est qu'ils s'intéressent de plus en plus au terroir ou plus exactement à la localisation des parcelles qui ont donné tel ou tel produit. Ils sont prêts à payer un très bon prix pour un vin parce qu'il vient de telle cave. Les Mondavi, Gallo et autres gros producteurs-négociants vont, bien sûr, communiquer sur leur marque mais aussi sur l'origine du produit. Ils ont aussi un intérêt croissant pour les appellations d'origine controlée. ' ' Il y a deux mois, nous avons signé avec Mondavi un contrat important de fourniture de vin sur cinq ans. Ce n'est pas un coup mais un engagement à long terme, dit-on à la cave de Limoux (Aude). Il s'agit de vins tranquilles, notamment de chardonnay et sauvignon. Pour certaines variétés, nous devrons modifier nos techniques pour coller à leur demande, par exemple sur le boisé. ' ' Jusqu'aux vendanges 1996, les Américains étaient dans notre région en 'veille oenologique'. Depuis, un pas a été vraiment franchi : ils sont venus très tôt après les vendanges prendre des options sur tel ou tel type de vin, indique un observateur. A court terme, je ne pense pas qu'ils s'installent physiquement via des bureaux ou même des achats de propriétés mais ils ont un réel souci de traçabilité du produit. Ils veulent vraiment connaître toute son élaboration pour remonter la filière en cas de problème. ' ' Nos clients ne veulent pas mettre tous leurs oeufs dans le même panier. L'arrivée des Américains dans le Midi me semble donc un phénomène durable, indique notre courtier californien. Si nous jouons d'abord la carte des cépages, c'est que notre marché intérieur n'est pas un marché d'appellation. Nous sommes comme un bébé commençant à parler, il ne connaît alors que quelques mots comme papa ou maman, l'équivalent d'un merlot ou d'un cabernet pour un client peu averti. Puis son vocabulaire va s'étoffer : médoc, mercurey ou cahors seront des termes davantage à sa portée avec tout ce qu'ils cachent. Les espoirs existent car le marché américain, à l'inverse du britannique, n'est pas qu'un marché de prix. Je pourrais recommander sans hésitation des vins du Midi à mes clients. D'ailleurs, certains pourraient s'y installer, cela crédibiliserait encore plus cette région qui n'est qu'à 50 % de son potentiel qualitatif. Notre activité dans ce vignoble devrait rester stable pour l'année prochaine : il ne faudrait pas que des vignerons, voyant ce mouvement, soient tentés d'augmenter leurs prix ', conclut-il...

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