Retour

imprimer l'article Imprimer

archiveXML - 1997

Le pinot migre après le merlot

La vigne - n°80 - septembre 1997 - page 0

Après le chardonnay, le sauvignon, le merlot et le cabernet, les producteurs de vins de pays se tournent vers d'autres cépages moins connus ou plus difficiles à apprivoiser.

Après le chardonnay, le sauvignon, le merlot et le cabernet, les producteurs de vins de pays se tournent vers d'autres cépages moins connus ou plus difficiles à apprivoiser.

Il y a neuf ans, nous avons commencé à planter du pinot noir. Aujourd'hui, après bien des essais et des erreurs, ce cépage commence à donner de bons résultats , explique Rémy Fort, vigneron à la cave coopérative Anne de Joyeuse, à Limoux, spécialisée dans les vins rouges. Dans cette haute vallée de l'Aude, le climat à dominante océanique impose des cépages à cycle court. ' La clé de la réussite réside dans le travail à la vigne ', dit-il. Le cahier des charges fixe les règles : pour limiter la charge à 8 t de raisins par ha, il faut éviter les sols trop profonds, choisir des clones peu productifs et adopter la taille en cordon de Royat. ' Le pinot noir contient peu de tanins, il ne s'agit surtout pas de les diluer par de gros rendements ', explique-t-il.La vinification est tout aussi délicate. ' Il est plus facile de passer d'un carignan à un merlot qu'à un pinot noir. Pour améliorer le pigeage, une étape essentielle pour ce cépage, nous allons investir dans de nouvelles cuves ', ajoute-t-il. Lorsque la qualité des raisins est au rendez-vous, la cave, qui a développé des marchés rémunérateurs, garantit en retour aux vignerons un produit brut de 35 000 F/ha, auquel s'est ajouté l'an dernier un complément de 5 000 F/ha.' Pour réussir la transplantation d'un cépage comme le pinot noir, difficile à apprivoiser, il faut trouver un terroir qui respecte la vitesse de maturation ', souligne Denis Fetzmann, de la maison Latour, en Bourgogne. Après six ans de recherche, cette entreprise a implanté ce cépage dans le haut-Var, à plus de 500 m d'altitude. ' Nous le vendangeons pratiquement à la même date qu'en Bourgogne. La maturation se fait en douceur et le vin conserve toute la fraîcheur, la finesse et l'élégance du pinot noir ', précise-t-il.Plus au nord, à Pierrevert (Alpes-de-Haute-Provence), le domaine de Régusse cultive une palette de cépages parmi lesquels le gamay, la syrah, le merlot, le sauvignon, le pinot noir, le chardonnay, le viognier, le muscat à petit grain, le chenin et l'aligoté, ce dernier à titre expérimental car il n'est pas autorisé dans le département. Méditerranéen l'été, le climat se refroidit nettement l'hiver. ' Ici, le grenache présente souvent des symptômes de broussin. Sur les conseils du professeur Boubals, nous avons choisi dès 1979 d'implanter des cépages du nord, moins sensibles au froid et présentant un cycle végétatif plus court ', explique Monique Dieudonné, qui gère ce domaine avec son mari Claude.' En Languedoc-Roussillon, nous avons une très grande diversité pédo-climatique. A 400 ou 500 m d'altitude, sur les contreforts du Massif central, les cépages méridionaux ont du mal à mûrir alors que des cépages plus septentrionaux, comme le pinot noir ou le viognier, s'adaptent bien. Nous expérimentons actuellement le petit verdot, un cépage bordelais qui a parfois du mal à arriver à maturité dans sa région d'origine et qui semble prometteur ici ', relève Jean-Pierre Argillier, de la chambre d'agriculture de l'Hérault.' Lorsque j'ai voulu me lancer dans les blancs, j'ai choisi pour les assembler le muscat à petit grain et le rolle, associés au colombard que j'avais remarqué dans les dégustations. Il apporte une bonne acidité et un potentiel aromatique intéressant ', explique François-Régis Boussagol, vigneron à Quarante (Hérault).Pour ce cépage venu du sud-ouest, il a obtenu une autorisation à titre expérimental, ainsi que pour le barbera, un cépage rouge italien qu'il a planté l'an dernier. ' En associant le colombard au muscat, moins productif, j'obtiens avec un rendement moyen de 90 hl/ha un vin de qualité qui se vend bien. Avec un produit brut de 40 000 F/ha, il se place parmi les plus rentables sur mon exploitation ', souligne-t-il.Dans le Gers, le colombard est dans son berceau d'origine. Utilisé en assemblage dans les vins de pays des côtes de Gascogne, il pourrait aussi donner d'excellents vins de cépage. ' Nous avons une carte originale à jouer, pourquoi la laisser à d'autres? La mode des vins de cépage dure, saisissons-la ', affirme Michel Dufour, président de la fédération des caves particulières.Dans ce département, un programme d'expérimentation est en train de se mettre en place. Piloté par la chambre d'agriculture, en partenariat avec l'Association de restructuration du vignoble gersois, l'Onivins et l'Entav, il devrait porter entre autres sur le viognier, le pinot gris, la marsanne et la roussanne.' La solution n'est pas forcément dans la course au cépage miracle. Cela n'empêche pas pour autant d'être curieux et d'expérimenter pour préparer l'avenir, en prenant le temps d'établir des références ', souligne Richard Planas, de la chambre d'agriculture de l'Aude. ' Pour construire un développement durable, il faut s'appuyer sur les entreprises. Seule une politique de qualité relayée par une commercialisation efficace donnera les résultats attendus. La notoriété ne s'achète pas avec le nom du cépage ', ajoute-t-il.

Il y a neuf ans, nous avons commencé à planter du pinot noir. Aujourd'hui, après bien des essais et des erreurs, ce cépage commence à donner de bons résultats , explique Rémy Fort, vigneron à la cave coopérative Anne de Joyeuse, à Limoux, spécialisée dans les vins rouges. Dans cette haute vallée de l'Aude, le climat à dominante océanique impose des cépages à cycle court. ' La clé de la réussite réside dans le travail à la vigne ', dit-il. Le cahier des charges fixe les règles : pour limiter la charge à 8 t de raisins par ha, il faut éviter les sols trop profonds, choisir des clones peu productifs et adopter la taille en cordon de Royat. ' Le pinot noir contient peu de tanins, il ne s'agit surtout pas de les diluer par de gros rendements ', explique-t-il.La vinification est tout aussi délicate. ' Il est plus facile de passer d'un carignan à un merlot qu'à un pinot noir. Pour améliorer le pigeage, une étape essentielle pour ce cépage, nous allons investir dans de nouvelles cuves ', ajoute-t-il. Lorsque la qualité des raisins est au rendez-vous, la cave, qui a développé des marchés rémunérateurs, garantit en retour aux vignerons un produit brut de 35 000 F/ha, auquel s'est ajouté l'an dernier un complément de 5 000 F/ha.' Pour réussir la transplantation d'un cépage comme le pinot noir, difficile à apprivoiser, il faut trouver un terroir qui respecte la vitesse de maturation ', souligne Denis Fetzmann, de la maison Latour, en Bourgogne. Après six ans de recherche, cette entreprise a implanté ce cépage dans le haut-Var, à plus de 500 m d'altitude. ' Nous le vendangeons pratiquement à la même date qu'en Bourgogne. La maturation se fait en douceur et le vin conserve toute la fraîcheur, la finesse et l'élégance du pinot noir ', précise-t-il.Plus au nord, à Pierrevert (Alpes-de-Haute-Provence), le domaine de Régusse cultive une palette de cépages parmi lesquels le gamay, la syrah, le merlot, le sauvignon, le pinot noir, le chardonnay, le viognier, le muscat à petit grain, le chenin et l'aligoté, ce dernier à titre expérimental car il n'est pas autorisé dans le département. Méditerranéen l'été, le climat se refroidit nettement l'hiver. ' Ici, le grenache présente souvent des symptômes de broussin. Sur les conseils du professeur Boubals, nous avons choisi dès 1979 d'implanter des cépages du nord, moins sensibles au froid et présentant un cycle végétatif plus court ', explique Monique Dieudonné, qui gère ce domaine avec son mari Claude.' En Languedoc-Roussillon, nous avons une très grande diversité pédo-climatique. A 400 ou 500 m d'altitude, sur les contreforts du Massif central, les cépages méridionaux ont du mal à mûrir alors que des cépages plus septentrionaux, comme le pinot noir ou le viognier, s'adaptent bien. Nous expérimentons actuellement le petit verdot, un cépage bordelais qui a parfois du mal à arriver à maturité dans sa région d'origine et qui semble prometteur ici ', relève Jean-Pierre Argillier, de la chambre d'agriculture de l'Hérault.' Lorsque j'ai voulu me lancer dans les blancs, j'ai choisi pour les assembler le muscat à petit grain et le rolle, associés au colombard que j'avais remarqué dans les dégustations. Il apporte une bonne acidité et un potentiel aromatique intéressant ', explique François-Régis Boussagol, vigneron à Quarante (Hérault).Pour ce cépage venu du sud-ouest, il a obtenu une autorisation à titre expérimental, ainsi que pour le barbera, un cépage rouge italien qu'il a planté l'an dernier. ' En associant le colombard au muscat, moins productif, j'obtiens avec un rendement moyen de 90 hl/ha un vin de qualité qui se vend bien. Avec un produit brut de 40 000 F/ha, il se place parmi les plus rentables sur mon exploitation ', souligne-t-il.Dans le Gers, le colombard est dans son berceau d'origine. Utilisé en assemblage dans les vins de pays des côtes de Gascogne, il pourrait aussi donner d'excellents vins de cépage. ' Nous avons une carte originale à jouer, pourquoi la laisser à d'autres? La mode des vins de cépage dure, saisissons-la ', affirme Michel Dufour, président de la fédération des caves particulières.Dans ce département, un programme d'expérimentation est en train de se mettre en place. Piloté par la chambre d'agriculture, en partenariat avec l'Association de restructuration du vignoble gersois, l'Onivins et l'Entav, il devrait porter entre autres sur le viognier, le pinot gris, la marsanne et la roussanne.' La solution n'est pas forcément dans la course au cépage miracle. Cela n'empêche pas pour autant d'être curieux et d'expérimenter pour préparer l'avenir, en prenant le temps d'établir des références ', souligne Richard Planas, de la chambre d'agriculture de l'Aude. ' Pour construire un développement durable, il faut s'appuyer sur les entreprises. Seule une politique de qualité relayée par une commercialisation efficace donnera les résultats attendus. La notoriété ne s'achète pas avec le nom du cépage ', ajoute-t-il.

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :