Jean-Pierre Eichenberger, artiste suisse, a sué sang et eau durant un an pour une sculpture pharaonique creusée dans une colline légendaire dominant le petit village viticole de Piégon (Drôme).
Jean-Pierre Eichenberger, artiste suisse, a sué sang et eau durant un an pour une sculpture pharaonique creusée dans une colline légendaire dominant le petit village viticole de Piégon (Drôme).
Entourée de feuilles de vignes et de grappes de raisins, La belle vendangeuse, au visage doux et sensuel - comme peut l'être le vin - trône fièrement à la sortie du petit village viticole de Piégon (Drôme). Cette sculpture monumentale à la gloire de la vigne est l'oeuvre d'un artiste suisse, installé depuis quarante ans dans ce pays de vignerons, auquel il a voulu rendre hommage. La genèse de cette oeuvre de 30 m de long sur 6 m de haut est relativement insolite. En effet, l'an dernier, des voix se sont élevées pour dénoncer les dommages causés par l'élargissement de la route, à la jolie colline surplombant la commune. Les villageois sont extrêmement attachés à ce rocher de safre qui a permis à des générations de vignerons de bâtir leurs maisons.Alors, Jean-Pierre Eichenberger, 70 ans, peintre et sculpteur diplômé de l'Ecole des beaux-arts de Genève, tombé amoureux de cette région où les vignobles côtoient les champs de lavande, a eu une idée originale pour réparer les outrages du progrès. ' Avant même d'avoir vu le moindre dessin, les élus et les vignerons ont accepté ma proposition. Le thème de la vigne s'imposait car c'est le symbole de la prospérité pour le village ', explique-t-il. En effet, Piégon a jadis abandonné la culture de l'olivier au profit de la vigne. Aujourd'hui, le village compte 40 exploitations viticoles (350 ha de côtes-du-rhône et 150 ha de vins de pays) pour 250 habitants.Donc, en juin 1996, aidé de deux jeunes assistants dont un tailleur de pierres, Jean-Pierre Eichenberger, armé d'un burin pneumatique, s'est attaqué huit heures par jour à la fameuse colline au grès mollassique, tantôt retors, tantôt franc et tendre. ' Les vignerons se sont rendus compte que la vie d'artiste pouvait être aussi dure que leur existence ', souligne avec humour le sculpteur. Avec nostalgie, il retrace l'évolution sculpturale de La belle vendangeuse : ' Au début, je comptais réaliser une oeuvre simple faite de grappes et de feuilles. Mais j'ai constaté que c'était trop décoratif. Alors, j'ai eu envie d'y ajouter le visage d'une femme, ce qui m'a réclamé beaucoup d'efforts. Si je grattais 1 mm de roche au niveau du menton, il me fallait corriger au-dessous près de 1 m³. '. Après un soupir malicieux, il s'exclame avec passion : ' Un hymne à la vigne, ça ne se fait pas dans un claquement de doigt. 'En tout cas, le résultat suscite l'admiration de tous : élus, habitants, vignerons et touristes. ' Je n'en crois pas mes yeux, il en vient tous les jours... ', s'esclaffe l'artiste devenu une vedette locale. La plupart des visiteurs achètent, bien entendu, du vin, en particulier la cuvée de côtes-du-rhône autour de La belle vendangeuse, baptisée ' Cuvée du rocher sculpté '. Gilbert Giniès, producteur, a pensé le premier à commercialiser l'image de l'oeuvre en demandant à son auteur de concevoir des étiquettes la représentant. Une cuvée, pour l'heure limitée à 5 000 bouteilles (médaille de bronze au concours des vins de Mâcon 1995), est en vente à la propriété ou dans des magasins bio. ' C'est une idée formidable et ça marche très fort. Nous allons sortir une autre cuvée 1997 ', se félicite le vigneron drômois. L'argent récolté pour les droits d'auteur va permettre à Jean-Pierre Eichenberger - sollicité également pour des tee-shirts à l'effigie de La belle vendangeuse - de couvrir les frais engagés pour la création de la sculpture. Car le financement a été au départ assuré par l'association : la communauté artistique de Piégon, présidée par le sculpteur, et dont les 400 membres ont versé leur obole pour ce projet qui a tissé des liens entre le monde viticole et l'univers artistique.
Entourée de feuilles de vignes et de grappes de raisins, La belle vendangeuse, au visage doux et sensuel - comme peut l'être le vin - trône fièrement à la sortie du petit village viticole de Piégon (Drôme). Cette sculpture monumentale à la gloire de la vigne est l'oeuvre d'un artiste suisse, installé depuis quarante ans dans ce pays de vignerons, auquel il a voulu rendre hommage. La genèse de cette oeuvre de 30 m de long sur 6 m de haut est relativement insolite. En effet, l'an dernier, des voix se sont élevées pour dénoncer les dommages causés par l'élargissement de la route, à la jolie colline surplombant la commune. Les villageois sont extrêmement attachés à ce rocher de safre qui a permis à des générations de vignerons de bâtir leurs maisons.Alors, Jean-Pierre Eichenberger, 70 ans, peintre et sculpteur diplômé de l'Ecole des beaux-arts de Genève, tombé amoureux de cette région où les vignobles côtoient les champs de lavande, a eu une idée originale pour réparer les outrages du progrès. ' Avant même d'avoir vu le moindre dessin, les élus et les vignerons ont accepté ma proposition. Le thème de la vigne s'imposait car c'est le symbole de la prospérité pour le village ', explique-t-il. En effet, Piégon a jadis abandonné la culture de l'olivier au profit de la vigne. Aujourd'hui, le village compte 40 exploitations viticoles (350 ha de côtes-du-rhône et 150 ha de vins de pays) pour 250 habitants.Donc, en juin 1996, aidé de deux jeunes assistants dont un tailleur de pierres, Jean-Pierre Eichenberger, armé d'un burin pneumatique, s'est attaqué huit heures par jour à la fameuse colline au grès mollassique, tantôt retors, tantôt franc et tendre. ' Les vignerons se sont rendus compte que la vie d'artiste pouvait être aussi dure que leur existence ', souligne avec humour le sculpteur. Avec nostalgie, il retrace l'évolution sculpturale de La belle vendangeuse : ' Au début, je comptais réaliser une oeuvre simple faite de grappes et de feuilles. Mais j'ai constaté que c'était trop décoratif. Alors, j'ai eu envie d'y ajouter le visage d'une femme, ce qui m'a réclamé beaucoup d'efforts. Si je grattais 1 mm de roche au niveau du menton, il me fallait corriger au-dessous près de 1 m³. '. Après un soupir malicieux, il s'exclame avec passion : ' Un hymne à la vigne, ça ne se fait pas dans un claquement de doigt. 'En tout cas, le résultat suscite l'admiration de tous : élus, habitants, vignerons et touristes. ' Je n'en crois pas mes yeux, il en vient tous les jours... ', s'esclaffe l'artiste devenu une vedette locale. La plupart des visiteurs achètent, bien entendu, du vin, en particulier la cuvée de côtes-du-rhône autour de La belle vendangeuse, baptisée ' Cuvée du rocher sculpté '. Gilbert Giniès, producteur, a pensé le premier à commercialiser l'image de l'oeuvre en demandant à son auteur de concevoir des étiquettes la représentant. Une cuvée, pour l'heure limitée à 5 000 bouteilles (médaille de bronze au concours des vins de Mâcon 1995), est en vente à la propriété ou dans des magasins bio. ' C'est une idée formidable et ça marche très fort. Nous allons sortir une autre cuvée 1997 ', se félicite le vigneron drômois. L'argent récolté pour les droits d'auteur va permettre à Jean-Pierre Eichenberger - sollicité également pour des tee-shirts à l'effigie de La belle vendangeuse - de couvrir les frais engagés pour la création de la sculpture. Car le financement a été au départ assuré par l'association : la communauté artistique de Piégon, présidée par le sculpteur, et dont les 400 membres ont versé leur obole pour ce projet qui a tissé des liens entre le monde viticole et l'univers artistique.