L'armagnac traverse une crise avec un effritement des cours. Deux audits menés cette année ont amené à échafauder un plan d'action pour redresser la barre. On attend beaucoup d'un nouveau positionnement des eaux-de-vie jeunes.
L'armagnac traverse une crise avec un effritement des cours. Deux audits menés cette année ont amené à échafauder un plan d'action pour redresser la barre. On attend beaucoup d'un nouveau positionnement des eaux-de-vie jeunes.
Les professionnels gascons se démènent pour promouvoir leurs différentes productions : armagnac, floc de Gascogne, vins de pays... Malgré ces efforts, le marché de l'armagnac ne décolle pas des 19 000 hl d'alcool pur. Il s'effrite même de 7 à 8 % par an. ' Le marché du vrac n'existe pas, lance un producteur. Si j'avais 200 hl à vendre, personne n'en voudrait. ' Le vrac est particulièrement touché par le tassement des ventes et la bouteille se trouve en concurrence avec des brandies ou des whiskies supportant des charges moins lourdes que l'armagnac.Lors de la campagne 1996-1997, les volumes distillés se sont encore une fois ajustés aux quantités commercialisées (185 800 hl distillés pour 18 100 hl d'alcool pur). Cependant, le prix d'achat des vins distillés, en se négociant entre 17 et 20 F/°hl, n'a pas su se démarquer des cours pratiqués pour les vins de table.L'adaptation du volume distillé au marché depuis quatre ans risque de conduire à un manque d'eaux-de-vie jeunes alors que les comptes d'âge cinq et plus connaissent un surstock de 75 000 hl d'alcool pur qui pèse sur le marché.1997 ne dérogera pas à la règle. Le Gers, notamment le bas-Armagnac, a été gelé. D'après le Scees (Service statistique du ministère de l'Agriculture), la récolte du département passerait de 2,1 Mhl en 1996 à 1,65 Mhl cette année. Certains considèrent que ce sera sans incidence sur le volume total distillé; d'autres jugent qu'on se dirige vers une production de 12 000 à 15 000 hl d'alcool pur seulement. ' Le baco a été très touché par le gel, explique le directeur de la cave de Panjas, et une partie de ce qui a été ramassé, à cause des problèmes sanitaires, est vite monté en volatile. ' En effet, les vins voués à la distillation ne sont pas sulfités, donc plus fragiles. D'autre part, si un moût est destiné à devenir du vin de table, il ne peut revenir ensuite dans le circuit de la distillation puisqu'il a été sulfité. D'ailleurs, fin 1997, certains négociants avaient du mal à trouver des vins distillés et l'on parlait en décembre, d'échanges sur la base de 3 000 F/hl d'alcool pur. Cependant, Francis Dèche, président du Comité régional de l'Inao, appelle à la vigilance. ' Je crains qu'avec le raffermissement des cours, la distillation ne reparte ', dit-il.Dans ce vignoble de cépages à double fin, 15 000 ha peuvent produire de l'armagnac alors que la production de 2 000 à 2 500 ha suffit à satisfaire les besoins. Les difficultés d'approvisionnement rencontrées fin 1997 pourraient inciter à distiller davantage l'an prochain. Pour éviter ces fluctuations de volumes et les incidences qui ne manquent pas de suivre sur les cours, un projet vise à délimiter des vignes spécifiques pour l'armagnac. Cela devrait amener à une amélioration qualitative et quantitative de la production.L'année 1997 aura été celle des audits. Afin de trouver des solutions pour enrayer la baisse des cours, deux études de la filière ont été réalisées en parallèle. Elles montrent qu'il est indispensable de distinguer les armagnacs jeunes, correspondant à des brandies français, des eaux-de-vie plus âgées, commercialisées comme produits de luxe. D'autre part, un rapprochement des différents opérateurs s'impose pour aborder certains marchés ou trouver de nouveaux débouchés. De telles démarches sont déjà en cours. Il faut également épurer les stocks, garder les meilleurs produits et éliminer le reste. L'amélioration du financement des stocks des comptes 5 à 10 s'avère nécessaire. Il faut enfin trouver les moyens pour financer ce plan d'action et pour promouvoir le produit en jouant sur l'image régionale.La recherche de nouveaux débouchés a déjà débuté, en incitant à parfumer fromage blanc ou desserts avec de l'armagnac. Mais les professionnels attendent beaucoup plus d'un nouveau positionnement des armagnacs jeunes. Le but est d'entrer en concurrence avec les whiskies, bus à l'apéritif ou lors des soirées en boîtes de nuit, mélangés avec du jus d'orange, du Coca-Cola ou autre chose. L'armagnac ne doit plus être qu'un digestif, c'est vital pour l'appellation. Le BNIA (Bureau national interprofessionnel de l'armagnac) travaille au développement du Torito, un cocktail de jeune armagnac et d'Orangina rouge, servi très frais. Sa promotion se concentrera dans un premier temps sur la région Sud-Ouest. La cave de Panjas a lancé, dès janvier 1997, Panjy, un jeune armagnac conditionné dans une bouteille carrée. La conduite de la distillation permet d'obtenir une eau-de-vie renfermant peu d'alcools lourds, qui passe ensuite trois mois en barriques neuves avant de vieillir en fûts plus âgés, ce qui lui donne un goût vanillé. Il est vendu dans le Sud-Ouest autour de 73 F en grande distribution, ' ce qui le place entre les whiskies de bagarre et les scotchs whiskies millésimés ', précise le directeur de la cave.Le ' cocktail ' qui, à ce jour, représente la première utilisation d'armagnac est le floc de Gascogne. Il se vend chaque année 1 M de cols, soit l'équivalent de 2 500 à 3 000 hl d'armagnac et deux fois plus de jus de raisin. Son marché est stable; le volume commercialisé sur la dernière campagne serait en légère progression de 5 à 6 %. Mais les professionnels jugent que les taxes freinent son développement. En effet, le floc mais aussi le pineau des Charentes et le macvin du Jura, supportent des taxes quatre fois plus élevées que les vins doux naturels. Jugeant cette fiscalité discriminatoire, les professionnels ont intenté quatre procès. Deux semblent leur donner raison alors que les autres leur sont défavorables. Les jugements iront en cassation.Malgré de faibles budgets, les idées ne manquent pas pour promouvoir le floc qui souffre d'un manque de notoriété. ' Mais lorsqu'on le fait goûter, c'est gagné ', témoigne Michel Jorieux, à la Maison du floc. Il faut donc aider les producteurs. Cet été, des bouclettes ornant les bouteilles incitaient à marier le floc rosé avec du Schweppes, le floc blanc avec du Perrier ou encore à tester le melon au floc. Enfin, un coffret sorti juste avant les fêtes, associe ce vin de liqueur à une autre production régionale, le foie gras. Contrairement à l'armagnac, les vins de pays des côtes de Gascogne sont à la hausse avec des cours autour de 350 F/hl en moyenne pour 1996-1997. Ils représentent aujourd'hui un volume de 350 000 hl environ et peuvent absorber une croissance de 5 à 6 % par an.
Les professionnels gascons se démènent pour promouvoir leurs différentes productions : armagnac, floc de Gascogne, vins de pays... Malgré ces efforts, le marché de l'armagnac ne décolle pas des 19 000 hl d'alcool pur. Il s'effrite même de 7 à 8 % par an. ' Le marché du vrac n'existe pas, lance un producteur. Si j'avais 200 hl à vendre, personne n'en voudrait. ' Le vrac est particulièrement touché par le tassement des ventes et la bouteille se trouve en concurrence avec des brandies ou des whiskies supportant des charges moins lourdes que l'armagnac.Lors de la campagne 1996-1997, les volumes distillés se sont encore une fois ajustés aux quantités commercialisées (185 800 hl distillés pour 18 100 hl d'alcool pur). Cependant, le prix d'achat des vins distillés, en se négociant entre 17 et 20 F/°hl, n'a pas su se démarquer des cours pratiqués pour les vins de table.L'adaptation du volume distillé au marché depuis quatre ans risque de conduire à un manque d'eaux-de-vie jeunes alors que les comptes d'âge cinq et plus connaissent un surstock de 75 000 hl d'alcool pur qui pèse sur le marché.1997 ne dérogera pas à la règle. Le Gers, notamment le bas-Armagnac, a été gelé. D'après le Scees (Service statistique du ministère de l'Agriculture), la récolte du département passerait de 2,1 Mhl en 1996 à 1,65 Mhl cette année. Certains considèrent que ce sera sans incidence sur le volume total distillé; d'autres jugent qu'on se dirige vers une production de 12 000 à 15 000 hl d'alcool pur seulement. ' Le baco a été très touché par le gel, explique le directeur de la cave de Panjas, et une partie de ce qui a été ramassé, à cause des problèmes sanitaires, est vite monté en volatile. ' En effet, les vins voués à la distillation ne sont pas sulfités, donc plus fragiles. D'autre part, si un moût est destiné à devenir du vin de table, il ne peut revenir ensuite dans le circuit de la distillation puisqu'il a été sulfité. D'ailleurs, fin 1997, certains négociants avaient du mal à trouver des vins distillés et l'on parlait en décembre, d'échanges sur la base de 3 000 F/hl d'alcool pur. Cependant, Francis Dèche, président du Comité régional de l'Inao, appelle à la vigilance. ' Je crains qu'avec le raffermissement des cours, la distillation ne reparte ', dit-il.Dans ce vignoble de cépages à double fin, 15 000 ha peuvent produire de l'armagnac alors que la production de 2 000 à 2 500 ha suffit à satisfaire les besoins. Les difficultés d'approvisionnement rencontrées fin 1997 pourraient inciter à distiller davantage l'an prochain. Pour éviter ces fluctuations de volumes et les incidences qui ne manquent pas de suivre sur les cours, un projet vise à délimiter des vignes spécifiques pour l'armagnac. Cela devrait amener à une amélioration qualitative et quantitative de la production.L'année 1997 aura été celle des audits. Afin de trouver des solutions pour enrayer la baisse des cours, deux études de la filière ont été réalisées en parallèle. Elles montrent qu'il est indispensable de distinguer les armagnacs jeunes, correspondant à des brandies français, des eaux-de-vie plus âgées, commercialisées comme produits de luxe. D'autre part, un rapprochement des différents opérateurs s'impose pour aborder certains marchés ou trouver de nouveaux débouchés. De telles démarches sont déjà en cours. Il faut également épurer les stocks, garder les meilleurs produits et éliminer le reste. L'amélioration du financement des stocks des comptes 5 à 10 s'avère nécessaire. Il faut enfin trouver les moyens pour financer ce plan d'action et pour promouvoir le produit en jouant sur l'image régionale.La recherche de nouveaux débouchés a déjà débuté, en incitant à parfumer fromage blanc ou desserts avec de l'armagnac. Mais les professionnels attendent beaucoup plus d'un nouveau positionnement des armagnacs jeunes. Le but est d'entrer en concurrence avec les whiskies, bus à l'apéritif ou lors des soirées en boîtes de nuit, mélangés avec du jus d'orange, du Coca-Cola ou autre chose. L'armagnac ne doit plus être qu'un digestif, c'est vital pour l'appellation. Le BNIA (Bureau national interprofessionnel de l'armagnac) travaille au développement du Torito, un cocktail de jeune armagnac et d'Orangina rouge, servi très frais. Sa promotion se concentrera dans un premier temps sur la région Sud-Ouest. La cave de Panjas a lancé, dès janvier 1997, Panjy, un jeune armagnac conditionné dans une bouteille carrée. La conduite de la distillation permet d'obtenir une eau-de-vie renfermant peu d'alcools lourds, qui passe ensuite trois mois en barriques neuves avant de vieillir en fûts plus âgés, ce qui lui donne un goût vanillé. Il est vendu dans le Sud-Ouest autour de 73 F en grande distribution, ' ce qui le place entre les whiskies de bagarre et les scotchs whiskies millésimés ', précise le directeur de la cave.Le ' cocktail ' qui, à ce jour, représente la première utilisation d'armagnac est le floc de Gascogne. Il se vend chaque année 1 M de cols, soit l'équivalent de 2 500 à 3 000 hl d'armagnac et deux fois plus de jus de raisin. Son marché est stable; le volume commercialisé sur la dernière campagne serait en légère progression de 5 à 6 %. Mais les professionnels jugent que les taxes freinent son développement. En effet, le floc mais aussi le pineau des Charentes et le macvin du Jura, supportent des taxes quatre fois plus élevées que les vins doux naturels. Jugeant cette fiscalité discriminatoire, les professionnels ont intenté quatre procès. Deux semblent leur donner raison alors que les autres leur sont défavorables. Les jugements iront en cassation.Malgré de faibles budgets, les idées ne manquent pas pour promouvoir le floc qui souffre d'un manque de notoriété. ' Mais lorsqu'on le fait goûter, c'est gagné ', témoigne Michel Jorieux, à la Maison du floc. Il faut donc aider les producteurs. Cet été, des bouclettes ornant les bouteilles incitaient à marier le floc rosé avec du Schweppes, le floc blanc avec du Perrier ou encore à tester le melon au floc. Enfin, un coffret sorti juste avant les fêtes, associe ce vin de liqueur à une autre production régionale, le foie gras. Contrairement à l'armagnac, les vins de pays des côtes de Gascogne sont à la hausse avec des cours autour de 350 F/hl en moyenne pour 1996-1997. Ils représentent aujourd'hui un volume de 350 000 hl environ et peuvent absorber une croissance de 5 à 6 % par an.