L'épandage reste la technique la plus utilisée par les petites et moyennes exploitations. Pourtant, certains n'y voient pas une solution d'avenir.
Acondition d'avoir des terres épandables à proximité de l'exploitation, l'épandage reste la solution la plus simple et la plus économique ', estime un technicien de chambre d'agriculture.A défaut de disposer de terrains en propre, deux options se présentent : trouver un agriculteur acceptant de recevoir des effluents vinicoles dont l'intérêt agronomique est extrêmement limité ou travailler avec un prestataire de services.A Fontenay-près-Chablis (Yonne), la plupart des vignerons ont choisi une solution collective et créé deux Cuma pour le matériel d'épandage. Michel Vrignaud fait partie d'une Cuma de sept personnes. ' Quatre d'entre nous sont aussi agriculteurs. Nous disposons donc de suffisamment de terrains. Chacun s'est occupé de ses travaux de séparation des réseaux et de mise en place d'une cuve de rétention. La Cuma a acheté une tonne à lisier de 6 m³. Pendant les vendanges, un agriculteur vient tous les trois jours et se charge de l'épandage. Le reste de l'année, chacun se débrouille. ' Les investissements ont été subventionnés à 60 %. A Vertus (Marne), tous les centres de pressurage traitent leurs effluents depuis 1993. Un prestataire de services se charge de la collecte et de l'épandage des effluents pour un coût d'environ 40 F/m³. La coopérative de la Goutte d'Or, basée dans le même village, avait déjà opté pour l'épandage il y a une dizaine d'années mais par ses propres moyens. ' Le président de l'époque étant aussi agriculteur, il a mis son tracteur à disposition. Nous avons donc acheté une tonne à lisier de 8 m³. En ce qui concerne les coûts de fonctionnement, cela se résume aux heures du chauffeur de tracteur, indique Daniel Aubertin, directeur de la cave. Dans le pays nantais, on expérimente l'épandage sur vignes qui ne semble poser aucun problème aux doses préconisées de 20 m³/ha maximum.L'épandage est encadré par des règles strictes. Une étude préalable permet de délimiter les parcelles concernées et de préciser les conditions de réalisation (doses d'épandage, fréquences de passage...). A noter que l'épandage n'est pas autorisé à proximité des zones de captage, des cours d'eau, des habitations, en zones inondables ou en pente, sur des terres en friches... Un cahier d'épandage doit être tenu au jour le jour. Il indique les dates, lieux, surfaces et volumes concernés.' Nous avons déjà eu un contrôle de l'agence. Le 'contrôleur' a suivi la citerne - sans nous prévenir, bien sûr - pour s'assurer que l'épandage était correctement fait et à l'endroit prévu. Il a ensuite vérifié tout le réseau du centre de pressurage ', raconte Daniel Aubertin.Un suivi agronomique des parcelles recevant des effluents peut être réalisé. S'il est satisfaisant, il permet à la cave d'augmenter ses coefficients de rendement épuratoire.Malgré tout cet encadrement, certains estiment qu''avec l'épandage, on ne fait que déplacer le problème sans véritablement le résoudre '. D'autres craignent qu'il soit de plus en plus difficile d'épandre dans l'avenir, soit à cause d'un durcissement des contraintes, soit par un refus des agriculteurs de recevoir ces effluents pour une question d'image. ' La crise de la vache folle a eu pour effet de sensibiliser l'ensemble de la population par rapport au problème de l'utilisation de déchets dans le milieu agricole. Un renforcement réglementaire pourrait venir de deux directions : des instances européennes souhaitant renforcer la maîtrise des épandages ou du cahier des charges de différentes productions excluant l'épandage ou imposant des normes très strictes. Cependant, les effluents de cave contenant très peu de métaux lourds et de nitrates, on peut espérer que leur épandage ne soit pas remis en cause ', constate Joël Rochard, expert national environnement.