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Un air d'Italie au coeur du vignoble nantais

La vigne - n°87 - avril 1998 - page 0

En plein coeur du Muscadet, certaines propriétés viticoles se sont inspirées dans le passé de modèles architecturaux italiens. Par une exposition, de jeunes architectes, venus de tous les pays, rendent hommage à ce patrimoine méconnu.

A trente kilomètres de Nantes, la petite ville de Clisson a des allures toscanes. Ravagée par la guerre de Vendée, elle fut reconstruite après 1800 par des architectes italiens. La villa de La Garenne Lemot, située face au bourg en bordure de la Sèvre nantaise, porte la marque de cette influence. A portée de vue du château-fort de Clisson, les temples factices et les statues de son grand parc rappellent l'Antiquité au détour de chaque allée. Le conseil général de Loire-Atlantique est aujourd'hui propriétaire des lieux. Chaque été, il y accueille pendant un mois une dizaine de jeunes architectes en fin d'études. Ils mettent ce temps à profit pour effectuer les relevés des bâtiments régionaux les plus remarquables.Après deux ans de travail sur le thème des domaines viticoles, ces étudiants en fin de cursus présentent leurs travaux au public dans la villa Lemot. Treize propriétés de la région ont été particulièrement étudiées. La plupart, édifiées ou restaurées dans la première moitié du XIXe siècle, sont toujours en activité. Elles sont présentées par une trentaine de relevés (dessins rehaussés à l'aquarelle), plusieurs plans et quelques maquettes.' J'ai été impressionné par le coup d'oeil des étudiants et la minutie de leur travail : ils ont attiré l'attention sur des détails que l'on n'avait jamais vus, déclare Jean Ernest Sauvion, propriétaire du château du Cleray, à Vallet. Par exemple, ils ont repéré sur la façade de toutes petites imperfections de symétrie, de quelques centimètres seulement! 'L'exposition montre non seulement les bâtiments consacrés au vin (pressoir et cellier) mais également les logis et annexes. On devine à travers les documents, le souci des ' viticulteurs architectes ' du siècle dernier : le choix fréquent du style italien rustique, pour restaurer ou reconstruire leurs propriétés, répondait au désir de concilier fonctionnalité et harmonie de l'ensemble.Mais si la réussite esthétique est toujours là, les bâtiments sont souvent mal adaptés aux contraintes modernes. Pour Yves Samson, au château de La Mazure, ' le réaménagement était possible car les bâtiments étaient assez grands mais il a fallu enterrer des cuves : le plafond était trop bas, les chais étaient conçus pour ne loger que des barriques... '. L'entretien de ces propriétés représente une charge lourde. ' Le tuffeau, la pierre locale, est fragile. J'ai dû refaire une partie de la corniche : plus de 30 000 F pour seulement trois mètres ', soupire un propriétaire. D'autres domaines ont échappé au pire : ' Mon père trouvait les bâtiments inadaptés. Il voulait les raser mais je n'ai pas pu m'y résoudre. J'en ai construit de nouveaux pour loger les vins '. Cet autre propriétaire a su tirer parti des lieux : ' Dans les anciens chais, il aurait été impossible de manipuler les palettes avec un chariot élévateur... Mais les caves traditionnelles permettent d'élever dans de bonnes conditions les cuvées en barriques et de garder de vieux millésimes en bouteilles, ce qui répond à un marché en développement pour le Muscadet. 'En marge de l'aspect architectural, complétée par des photographies, une reproduction du cadastre napoléonien des treize domaines met en évidence leurs différences de taille et d'organisation. On découvre aussi que la vigne était moins présente qu'aujourd'hui. Enfin, un montage vidéo de films amateurs anciens évoque les travaux viticoles d'autrefois.Cependant, l'exposition se veut ouverte sur le vignoble d'aujourd'hui. Odile Verlynde, responsable de la villa Lemot, explique : ' Nous avons édité un petit plan-guide. Il incite le public à découvrir sur place non seulement les domaines présentés dans l'exposition mais aussi les autres '.Domaine départemental de La Garenne Lemot, 44190 Gétigné. Tél. : 02.40.03.99.22. Exposition jusqu'au 17 mai 1998. Entrée libre du lundi au vendredi de 14 h à 18 h 30. Samedis, dimanches et jours fériés de 10 h à 12 h 30 et de 14 h à 18 h 30. Fermé le 1er mai.

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