Un appareil importé d'Australie permet d'utiliser les désherbants foliaires au tiers de leur dose homologuée. Cette performance tient à l'emploi de bouillies très concentrées.
On a du mal à y croire. Mais Jean-Louis Drahonnet et ses associés du Comptoir du Nouveau Monde (1) soutiennent mordicus que c'est vrai : le Roundup bioforce (360 g/l de glyphosate) est efficace sur les annuelles à 1 l/ha et à 2 l, au maximum, contre les vivaces. Or, les doses recommandées par Monsanto sont nettement supérieures : 3 à 4,5 l/ha contre les premières et 4,5 à 7 l pour se débarrasser des secondes. Cette firme les a établies sur la base d'une consommation d'eau de 200 l/ha, ce qui revient à employer des bouillies renfermant au plus 3,5 % de désherbant. Celles que disperse la rampe Unadvina sont deux à trois fois plus concentrées. ' Là est l'astuce du système ', explique Jean-Louis Drahonnet.La rampe qu'importe le Comptoir auprès de la société australienne Enviromist industries ne consomme que 10 à 15 l de bouillie par ha. A ces niveaux-là, on n'utilise pas de buse à pression mais des buses centrifuges. Ici, elles sont animées, tout comme la pompe, par un moteur électrique de 12 V. Leur rotation provoque l'éclatement du liquide. Une couronne dentée calibre les gouttes en un fin brouillard qui reste enfermé sous une cloche faite de fils souples et densément pressés les uns contre les autres. L'herbicide n'atteint pas les vignes. ' Nous avons fait des essais par 70 km/h de vent sans avoir de problèmes de sélectivité ', affirme Jean-Louis Drahonnet.Notre interlocuteur a également testé d'autres produits. Là où il faut habituellement 4,5 l/ha d'Ouragan, il suffirait, selon lui, de 1,5 l/ha. Et là où une rampe classique réclame 15 l d'aminotriazole, ' son australienne ' se contenterait de 2 à 3 l tout en donnant des résultats identiques. En fait, tous les herbicides foliaires pourraient être utilisés à dose réduite. La documentation fournie par les importateurs annonce une économie en produits de 60 à 80 %.Le Comptoir prépare, pour cette saison, une série d'essais avec des organismes publics et des firmes phytosanitaires pour être en mesure de fournir des données de source indépendante. A ceux qui ne veulent pas en attendre l'issue, il conseille de questionner le régisseur du domaine de Bouqueville, à Juillac-le-Coq (Charente). Il est le premier acquéreur de la rampe et le seul à l'avoir achetée dès l'an dernier.' C'est vrai, les chiffres annoncés sont incroyables mais ça marche, assure Francis Frégeau. A 2 l de Roundup par ha, on détruit le liseron. Sur les annuelles très sensibles comme les amarantes, il suffit de 0,7 l. ' Francis Frégeau a également testé des mélanges d'aminotriazole et d'Azural qui lui ont donné satisfaction à raison de 2 l de chacun de ces produits. Il a fait ses traitements à 10 km/h, vérifiant ainsi l'exactitude d'un autre chiffre alléchant annoncé par le Comptoir. Cette année, il envisage de pousser un peu plus l'accélérateur de son Quad pour avancer jusqu'à 12 km/h. A la vitesse précédente, 25 minutes lui ont suffi pour désherber, sous le rang (les rangs sont travaillés), chaque hectare de ses vignes qui sont en majorité plantées à 2,40 m et 2,60 m. Frais d'herbicide et de main-d'oeuvre additionnés, il ne lui en a coûté que 370 F/ha après trois passages.En contrepartie de ces économies, le système coûte cher : 23 600 F HT pour deux cloches de désherbage sous le rang de 400, 600 ou 900 mm de diamètre. Pour désherber en plein, il faut ajouter 10 000 à 20 000 F HT selon que l'on veut une rampe de 1 m ou de 2 m de large et traînée. De tels investissements ne peuvent être amortis que sur de grandes surfaces.(1) Comptoir du Nouveau Monde, Le Foucaudat, 16130 Juillac- le-Coq.