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Un marché en chute libre

La vigne - n°87 - avril 1998 - page 0

Depuis plusieurs mois, les autorités thaïlandaises diffusent à la télévision un spot de publicité incitant la population à se passer des produits de luxe étrangers. On y voit des gouttes de sang sortir d'une bouteille de vin. Les importations de vins étrangers, notamment français, ont été touchées de plein fouet par la crise économique qui frappe le pays depuis juillet 1997. Le marché thaïlandais était pourtant prometteur : de 1994 à 1996, les importations de vins avaient quadruplé, atteignant 8,6 Ml. Selon les premières estimations, 1997 devrait subir une chute de 18 % en volume et de 40 % en valeur. ' Les années précédentes, le commerce s'était développé avec l'apparition de linéaires de vin dans les supermarchés. Aujourd'hui, nous devons nous rabattre sur notre marché d'origine, l'hôtellerie, qui tourne grâce au tourisme ', explique Eric Cornetet, conseiller en vin chez l'importateur IT Cellar. Les vins atteignent, désormais, des tarifs prohibitifs, d'autant plus que la monnaie thaïlandaise, le baht, a perdu plus de 50 % de sa valeur en un an. En outre, les droits d'accises sont passés de 40 à 55 % en moins d'un an, portant le cumul des taxes à plus de 300 %! Selon les spécialistes, les prix n'ont pas fini de grimper, car les vins en vente aujourd'hui ont été importés avant la crise économique.Les vins français, plus chers que leurs concurrents, sont les plus touchés. De 41 % de parts de marché en 1996, ils en détenaient à peine 35 % en 1997. Les vins californiens passaient dans le même temps de 24 à 32 %. Les australiens (9 %), les chiliens (7 %) et les italiens (5 %) se partageaient le reste du marché. ' Avec la crise, les consommateurs thaïlandais choisissent des gammes inférieures et les vins français ont une mauvaise image sur le segment des vins de pays ou de cépage. La meilleure stratégie serait d'améliorer la promotion de ces vins car aujourd'hui, les AOC sont quasiment hors marché ', analyse Jean-Alexandre Egéa, attaché commercial de l'ambassade de France à Bangkok. Eric Cornetet estime, lui, que ' le système français des appellations est trop compliqué pour les consommateurs moyens qui veulent simplement boire du vin '.Les Thaïlandais qui ne sont que de récents amateurs de vin, ont une nette préférence pour le vin rouge, comme leurs voisins asiatiques. Mais avec la crise, les ventes de blancs et de rouges pourraient s'équilibrer. ' Les producteurs de bordeaux sont ceux qui vont souffrir le plus car le surstockage de leurs vins est important ', estime Eric Cornetet. La baisse des importations de vins en Thaïlande devrait donc se poursuivre en 1998, la reprise économique n'étant pas à l'horizon. Selon Jean-Alexandre Egéa, le secteur devrait se réorganiser et voir certains importateurs mettre la clé sous la porte. A craindre également, un développement de la contrebande via les pays voisins de la Thaïlande (Cambodge, Birmanie...)

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