Cotisations sociales : vos revenus éraflés , tel était le titre - prémonitoire - du dossier du premier numéro de La Vigne, en février 1990. Huit ans plus tard, on peut dresser un bilan global de la réforme. Nous le faisons dans ce numéro et c'est une première dans la filière. Sans surprise, on constate - mais beaucoup s'en étaient déjà aperçus en recevant leur avis de paiement - que notre secteur a encaissé de fortes hausses, notamment pour les exploitants au réel. Sur le principe (passage d'une assiette cadastrale à une base de calcul assise sur les revenus), ce n'est que justice. Cependant, malgré les aménagements obtenus depuis huit ans, à force de luttes syndicales pour atténuer les hausses, le problème de fond demeure : l'assiette des cotisations englobe la rémunération du capital et le bénéfice réinvesti dans l'exploitation. C'est économiquement préjudiciable et socialement injuste. Le sujet est primordial pour la viticulture : il n'y a pas une réunion syndicale de terrain où il ne soit abordé. Les cotisations sont l'un des principaux postes de dépenses de l'exploitant... Cette affaire montre encore une fois que notre filière a un statut particulier au sein du monde agricole, en globalité bien moins touché par la réforme. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle n'a pas trouvé beaucoup d'appuis au sein du syndicalisme général pour défendre ce dossier. La FNSEA? La viticulture ne l'a intégrée que récemment et le thème n'y est pas une priorité. Les politiques? Quand on entend le député socialiste de Côte-d'Or, François Patriat, probable rapporteur de la loi d'orientation agricole, s'interroger publiquement sur le véritable pouvoir d'un député : ' Je me demande parfois à quoi ça sert? ', on peut avec lui se poser des questions. Casser des grilles de préfecture ou des halls de gare? On peut douter de l'impact de la démarche au regard des bons résultats économiques de notre secteur. Le financement de la Sécurité sociale est un problème national. C'est peut-être dans une remise à plat générale du système qu'on trouvera des signes d'espoir pour notre filière. Pour cela, il faut ce qu'on appelle ' du courage politique '.