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Les forces neuves du Jura

La vigne - n°95 - janvier 1999 - page 0

Jusqu'à présent, le dynamisme du Jura reposait sur celui de Henri Maire, le plus célèbre de ses vignerons et négociants. Le personnage ayant été poussé vers la sortie, d'autres ont pris la relève, avec succès.

L'idée était bonne. Elle a rencontré un succès considérable. Les 7 et 8 février 1998, 30 000 personnes s'étaient rendues à Arbois pour assister à la seconde percée du vin jaune. Des barriques ouvertes ces jours-là s'écoulait le millésime 91. Après six ans d'élevage sous voile, durée inscrite dans les décrets d'appellation, il était autorisé à la vente. Les visiteurs ont pu le goûter ainsi que les autres vins du Jura. Il leur suffisait de descendre dans les caves de la ville, ouvertes pour l'occasion. Avant d'y entrer, il leur fallait acheter un verre. Les organisateurs en avaient préparé 22 000. Ils les ont tous vendus. Pour la première percée du vin jaune, en février 1997 à Poligny, ils avaient prévu 15 000 verres et, déjà, les avaient tous vendus.La fête, dont l'initiateur est Bernard Badoz, un vigneron négociant de Poligny, sera reconduite en février 1999. Elle aura lieu à Voiteur et à Château-Châlon. L'engouement qu'elle suscite réveille l'économie viticole. En 1998, pour la première fois depuis des lustres, il est question de rupture de stock. Les producteurs de vin jaune commencent à rationner leurs clients. Ils n'y étaient pas habitués. Leur vin, malgré son prestige, ne jouissait que d'un succès d'estime. Il est en passe de connaître un franc succès commercial qui rejaillit sur d'autres productions jurassiennes.La forte demande en vin de paille a conduit des opérateurs à refuser des ventes. L'été dernier, une campagne de promotion du macvin, un jus de raisin muté au marc du Jura, fut plus fructueuse que prévu. ' Il n'y en avait plus à vendre ', rappelle Nicolas Vizier, directeur du Comité interprofessionnel. La fin de l'année fut consacrée à l'invité de caractère : le crémant. Une centaine de restaurateurs franc-comtois avaient accepté d'en offrir une coupe à leurs clients chaque samedi soir du mois de décembre. L'opération était annoncée dans les journaux locaux aux frais de l'interprofession. Comme le vin jaune et le macvin, l'effervescent est en vogue. Le principal producteur, la Compagnie des grands vins du Jura, annonce en avoir vendu 300 000 bouteilles l'an dernier et prévoit d'en vendre 400 000 cette année.Emportées par ces vents favorables, les inquiétudes nées du départ progressif et mouvementé de Henri Maire se sont dissipées. Le personnage le plus illustre du vignoble a quitté la direction de la société qui porte son nom en 1997. Cette maison est le premier propriétaire et le premier négociant du Jura. Pendant longtemps, elle fut l'une des seules à porter la réputation des vins de la région hors de ses frontières. Or, elle avait progressivement abaissé les prix qu'elle proposait à ses fournisseurs de raisins. Ceux-ci se sont tournés vers d'autres acheteurs. Le changement de politique tarifaire avait soulevé bien des rumeurs autour de la maison Henri Maire et des objectifs de sa nouvelle direction. Celle-ci infirme vigoureusement vouloir se désengager du vignoble. ' Nous avons écrit une lettre aux cinq cents viticulteurs de la région pour leur dire que nous étions acheteurs de toutes les vendanges du nord au sud du vignoble ', affirme Pierre Ménez, le PDG de la maison Henri Maire.Les seules véritables difficultés que connurent les Jurassiens l'an dernier furent provoquées par le climat. Tout au long de la campagne, il fut favorable à l'oïdium. Il apparut sur feuilles dès la fin mai, soit dans les jours qui précédèrent la floraison. Un mois plus tard, sur les parcelles dépourvues de protection, plus de la moitié des grappes étaient attaquées. Mi-juillet, le Comité technique viticole constatait que les vignes sans aucune baie oïdiée devenaient rares. Depuis 1990, la maladie ne s'était pas manifestée avec une telle virulence.En plus de l'oïdium, Arbois a vu arriver une nuée de grêle le dernier jour de mai, qui fut aussi le dimanche de la Pentecôte. Elle s'est abattue sur le nord de la commune, endommageant sévèrement les vignes. Quelques propriétés ont subi de graves pertes. Elles ont bénéficié d'une dérogation pour acheter du raisin. Elles devraient aussi obtenir des dégrèvements d'impôts. Mais la grêle n'a pas entraîné de perte sensible de récolte à l'échelle de l'appellation Arbois.La fin de la saison ne fut pas plus clémente. Les pluies ont gêné les dernières vendanges. Elles ont favorisé l'apparition de la pourriture grise. Le pinot noir en fut le plus affecté. Quelques parcelles de savagnin, le cépage blanc local, furent également attaquées. Malgré cela, le millésime 98 est d'une très belle tenue.

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